Essai Highfield Patrol 860

L’outil qui va bien

Ce Patrol 860 est un peu spécial étant donné l’identité de son utilisateur : Stéphane Mifsud. Ce champion d’apnée l’utilise essentiellement pour les sorties de son club de plongée et, à ce titre, le plan de pont a été réalisé sur mesure. Pour le reste, le plus grand des Patrol fait apprécier son caractère marin et ses performances.

Texte et photos Philippe Leblond


 57 645 € sans moteur
 8.6 m
 20
 44,8 nds avec Suzuki 325 ch 4T
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Essai paru le 30/01/2020

Fiche technique

Longueur 8,6 m
Largeur 3,1 m
Diam. maxi des flotteurs 58 cm
Nbre de compartiments 6
Puissance maxi 2 x 250 ch (368 kW)
Puissance conseillée par Pneumag 300 à 2 x 200 ch
Poids sans moteur 1392 kg
Rapport poids/puissance 5,3 kg/ch (avec le moteur de l’essai)
Nombre de personnes 20
Couchage 0
Charge utile 0 kg
Matériau flotteurs CR/CSM Orca 1 670 décitex
Capacité carburant 430 l
Catégorie CE C
Constructeur Highfield (Australie/France)
Importateur Groupe YB Nautisme (29 – Gouesnou)
Droits annuels sur la coque 131€
Droits annuels sur le(s) moteur(s) 532€



Voir un Highfield avec un moteur d’une autre marque que Honda est chose rare, étant donné le partenariat commercial qui unit depuis longtemps les deux marques. La raison est que, le (toujours) recordman du monde d’apnée statique, Stéphane Mifsud est, pour sa part, soutenu de longue date aussi, par Suzuki Marine France. D’où la présence de l’impressionnant DF325, surpuissant V6 doté d’une double hélice contre rotative, apparue il y a trois ans avec son grand frère, le DF350. Pour ce qui est de ce Patrol 860, baptisé 11.35 Transporter (en référence à 11’35’’, record de Stéphane), il présente un agencement de cockpit sur-mesure, différant légèrement de celui du modèle standard, afin de servir de « plate-forme » à l’école de plongée du champion varois, basée à Gaport, port à sec de Hyères. Détaillons un peu la « bête » avant d’en prendre les commandes…



 



Au ponton



Les plongeurs ont en commun avec les pêcheurs d’appréhender les semi-rigides comme des « châssis » dont le plan de pont s’aménage sur mesure, en fonction de leurs besoins. Cette customisation tant appréciée prend ici la forme d’un bateau de servitude, destiné à embarquer une palanquée d’apnéistes pour des virées, le plus souvent, autour des Iles d’Or. Des navigations pas forcément longues, mais par tous les temps et lourdement chargé. Le 860 est le plus grand des Patrol et, à ce titre, il offre un espace habitable et une capacité d’emport remarquables. Il est possible d’y embarquer 20 personnes et le matériel qui va avec, grâce à une charge utile de 1 593 kg (ce qui représente 80 kg par individu, en moyenne, chargement compris). Pour une équipe du Top 14 c’est un peu juste, mais dans le cas d’un équipage mixte, c’est suffisant.



 



Précisons aussi que, à la différence d’autres modèles de la gamme Highfield disponibles avec des tubes en PVC ou en Néoprène/Hypalon, le Patrol 860 n’est proposé qu’avec ce second tissu enduit, en l’occurrence de l’Orca 1 670 décitex de chez Pennel & Flipo, peau particulièrement résistante. Highfield laisse le choix entre trois coloris : gris clair, gris foncé ou noir. Il est aussi possible de choisir entre orange, rouge ou gris pour la sellerie. Pour ce qui est du gros œuvre, entièrement en aluminium (idem pour les accessoires de pont), le Patrol est doté d’une robuste constitution. La coque est constituée de feuilles de 5 mm (alu 5083) parcourues de renforts de 6 à 10 mm. L’accastillage est lui aussi dimensionné pour un usage professionnel, à l’image du roll-bar et de l’échelle de plongée, dotés de tubes de forte section, ou de la main courante de console qui offre une prise à même de sécuriser les déplacements à bord. Celle du leaning-post peut aussi permettre à des passagers assis sur les flotteurs de se tenir en navigation. A cet effet, il y a aussi la double saisine des flotteurs en cordelette tressée. Les tubes bénéficient d’ailleurs de patches de renfort afin d’éviter l’usure dans la zone d’assise. Par contre, en présence d’une seule échelle, on déplore l’absence de « passages plongeurs » sur les flotteurs, les saisines courant de manière ininterrompue sur ces derniers. Autre absence à déplorer, celle de taquets d’amarrage, à l’arrière. A l’avant, la bitte d’amarrage est très basse et ne pourra empêcher les amarres de raguer sur les boudins, avec inévitablement des risque d’usure à terme. Bien que la banquette arrière, pleine largeur soit de la partie (quatre passagers peuvent y prendre place), le poste de pilotage a été implanté en position reculée afin de laisser la place pour un long râtelier à bouteilles dans la partie avant. Ce dernier sert également de main courante pour les occupants lorsque la mer est agitée. L’antidérapant en pointe de diamant est certes efficace, mais le chantier propose en option un revêtement en mousse EVA, de type Cer Deck, avec son effet « lames de teck ». Ce type d’antidérapant est plus esthétique et plus confortable aux pieds, mais aussi plus fragile lorsqu’on embarque du matériel de plongée. Signalons aussi la présence d’une protection de quille (Keel Guard) en standard.



 



Pour ce qui est du rangement à bord, comme tous les semi-rigides de type baroudeur, le Patrol 860 n’est pas des mieux dotés, espace libre sur le pont oblige… Il offre quand même une cale sous la banquette arrière, un volume appréciable dans la console et un coffre de bonne dimension à l’avant, sans oublier une généreuse baille à mouillage. Mais on apprécie aussi, malgré la présence d’un réservoir de 430 litres placé sous le plancher, le creux de cockpit important avec des flotteurs de gros diamètre qui forment un bon garde-au-corps en mer formée. Un bon point surtout lorsqu’on embarque de jeunes enfants. Pour ce qui est du pilotage, l’ergonomie offerte par la console formant d’un retrait au niveau des genoux et d’un cale-pieds pour piloter assis, le leaning-post avec ses assises à deux positions (assis/debout) et les commandes placées à bonne hauteur, fait que le barreur et son copilote peuvent envisager de longues navigations avec un certain confort, bien abrités qu’ils sont par le haut pare-brise. Quant au tableau de bord, il s’avère plutôt spacieux, mais pas au point de pouvoir intégrer un combiné GPS/sondeur à grand écran. Par contre, deux écrans moyens, ça tient. Un port USB serait aussi le bienvenu, de même qu’une boîte à gants ou un vide-poches…  



 



En mer



De Gaport, où le bateau de Stéphane Mifsud est gardienné, la descente du Gapeau qui se jette dans la baie d’Hyères prend quelques minutes… Cela laisse le temps au gros Suzuki 325 chevaux de monter en température. Une fois passé le balisage des 300 mètres, il n’y plus qu’à voir ce que le V6 nippon propose sur cette imposante coque de 8,60 m et environ 2 200 kg en ordre de marche avec deux personnes à bord et les deux tiers du plein de carburant. La double hélice contre rotative mord immédiatement dans l’élément liquide et passe à la mer le couple copieux du plus gros hors-bord six cylindres du marché (4 390 cm3). Le déjaugeage est exécuté en 4’’1 seulement, malgré un cabrage sensible, et 6 dixièmes de secondes plus tard la marque des 20 nœuds tombe à son tour. Ca pousse ! Il est vrai, avec une hélice typée poussée, compte tenu du programme de ce semi-rigide destiné à naviguer à pleine charge. Toutefois, il convient de rappeler que le Patrol 860 est conçu pour recevoir jusqu’à 500 chevaux… Cette accélération, tout à fait convaincante, pourrait donc être encore nettement plus musclée ! La vitesse maxi est rapidement atteinte : 44,8 nœuds à notre GPS, trimé comme il faut. L’état de la mer (vent de force 3 et clapot de 60 à 70 cm) n’est pas des plus propices à claquer une perf’, mais le chiffre est très honorable. Cela laisse présager une super V-max avec la motorisation maxi, sans doute assez proche de 60 nœuds. Au rayon consommation, la fonction débitmètre n’étant pas effective, nous n’avons pu obtenir de relevés.      



 



Si les 24° d’angle de V au tableau arrière sont depuis longtemps le « nombre d’or » des offshores, notamment américains (Cigarette, Apache, Fountain, Formula…), garant d’un passage efficace en mer formée, ils réclament généralement un certain effort de la propulsion pour parvenir à l’hydroplanage, à la différence d’une carène à l’angle de V plus ouvert (par exemple moins de 20°) qui nécessite moins de puissance pour déjauger. Le Patrol 860 nous réserve dans ce domaine une bonne surprise parvenant à planer dès 14 nœuds et 2 400 tr/min. Ce qui laisse au pilote une large plage de régime (de 3 000 à 5 000 tr/min) pour adapter sa vitesse de croisière aux conditions de navigation. Bien protégé par la haute console, celui-ci peut envisager les sorties d’hiver sereinement et l’équipage ne devrait pas être trop exposé aux embruns, la carène naviguant haut sur l’eau dès le mi-régime. Par contre, le bateau mouille un peu lorsqu’on prend des virages en mode sportif, la gîte intérieure étant prononcée. Dans cet exercice aussi le Patrol 860 se montre à son avantage, avec une accroche régulière de son bouchain, sans à-coups, et une belle précision de trajectoire grâce à son étrave qui, trim rentré, reste suffisamment immergée pour conserver son pouvoir de guidage. 



 



Avec le Suzuki DF325, l’autonomie devrait approcher les 300 nautiques, une valeur assez exceptionnelle qui sert bien les intérêts d’un utilisateur comme Stéphane Mifsud pour qui les sorties se succèdent à un rythme intense, et avec des équipages nombreux à même de faire grimper la consommation. Néanmoins, nous serions tentés de voir ce Patrol en bimoteur, par exemple 2 x 200 ch…



photo Highfield Patrol 860


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Qualité de réalisation      

Comportement        

Performances        

Equipement    

Adéquation programme        

Rapport qualite/prix      

La tenue à la mer
La maniabilité malgré la longueur
Les performances avec « seulement » 325 ch
L’espace libre dans le cockpit
L’équipement chantier (standard et optionnel) pas très riche
L’absence de taquets
La certification en catégorie C
Le tarif plutôt élevé

Face a la concurrence…

Modéle 28 Open MP 8.5 Patrol 8.60
Marque BWA (Italie) Tornado (Danemark) 3D Tender (Chine)
Imporlation Réseau de revendeurs JSD Sports (83 – Hyères) 3D Tender (29 – Brest)
Longueur 8,58 x 3,15 m 8,55 x 2,80 m 8,60 x 2,92 m
Nb de personnes 22 18 14
Matériau flotteur CR/CSM CR/CSM PVC
Prix 47 400 € (sans moteur) 26 890 € (sans moteur) 26 900 € (sans moteur)
PERFORMANCES
Vitesse maxi 44,8 nds à 5 800 tr/min
Vitesse de croisière rapide 33,6 nds à 4 500 tr/min
Vitesse de croisière economique 24,6 nds à 3 500 tr/min
Temps de jaugeage 4,1 secondes
Accélération de 0 a 20 nds 4,7 secondes
Vitesse minimale d’hydroplanage 14,0 nds à 2 400 tr/min
Consommation en usage courant (estimation) 31 l/h
Autonomie en usage courant (estimation) 12 h 25 min
Hélice de l'essai double hélice inox contre rotative à 3 pales