Si Yoann Houssais, champion de pêche au leurre apprécie de posséder un semi-rigide marin et fonctionnel pour partir taquiner le bar, il aime aussi jouer de la manette des gaz avec un moteur qui répond. D'où la présence de l'Optimax 150 Pro XS sur le tableau arrière de son Sea Rib's, dont les qualités dynamiques sont transcendées par ce 2 temps rageur.
Texte et photos Philippe Leblond
Aux commandes son propre semi-rigide de pêche, Yoann Houssais, l'un des meilleurs pêcheurs de bar au leurre de l'Hexagone, ne peut s'empêcher d'avoir la "banane". Nous sautons d'une crête à l'autre, aux alentours de 40 nœuds, tandis que le 150 Optimax donne le rythme, avec ses remises de gaz rageuses à la sonorité "racing". Dans un clapot de 80 cm, pourtant bien cassant, le Sea Rib's 620 Open survole les débats de sa carène étroite mais au V évolutif, destiné à garantir une bonne stabilité latérale à l'arrêt. Ce comportement qui fait penser à celui des semi-rigides anglais se retrouve aussi en virage, avec une gîte intérieure marquée et constante, un grip franc et de solides relances en sortie. Son ascendance portugaise est effectivement trompeuse, d'autant qu'il fait partie de la gamme "pêche-plongée" du chantier, avec un cockpit dont le caractère spartiate ne prédispose pas au farniente dans les paisibles criques ensoleillées de l'Algarve…
Ce semi-rigide d'un peu moins de cinq mètres affiche, assurément, de belles dispositions pour les navigations rapides en mer formée. Comme ses semblables nés en Grande-Bretagne, lorsqu'il sort l'hélice, son assiette reste quasi plate (sans jeu de mots). C'est dû bien sûr, à une répartition des poids bien gérée, mais aussi à un maître couple (surface frontale) nettement inférieur à celui des semi-rigides latins qui présentent une largeur et un diamètre de flotteur bien supérieurs, engendrant une portance qui, face au vent, fait parfois se dresser l'étrave vers le ciel, obligeant le pilote à rendre la main. Ce qui n'est pas le cas aux commandes du Sea Rib's. Sous l'effet de la vitesse, sa coque compresse une quantité d'air limité, juste ce qu'il faut pour réduire sa surface de contact avec le plan d'eau et signer une belle pointe de vitesse. En l'occurrence, plus de 43 nœuds, une belle valeur, mais assez logique au vu du rapport poids/puissance aiguisé de l'ensemble (moins de 4 kilos par cheval !). Et bien sûr, il y a le brio du 2 temps, signé Optimax, avec son râle caractéristique qui donne la sensation d'endosser la combinaison du pilote d'Offshore.
Véritable boule de nerfs, comme le montre son chrono de déjaugeage "canon" (2"6), le 150 Pro XS, bien aidé par les qualités de glisse du 620 Open, ne se montre pas gourmand pour autant. Il atteint même des rendements de haute volée : supérieurs à 1 mille par litre jusqu'à 26 nœuds et, plus étonnant encore, de 0,80 mille au régime maxi ! Des ratios que pas mal de 4 temps pourraient lui envier… Ce qui lui vaut l'autonomie respectable de 160 milles à 20 nœuds (notre habituelle réserve de 10% déduite), sans passer par la case carburant. Les pêcheurs, qui en général sont habitués aux longues navigations, apprécieront… Le poste de pilotage comporte une large et haute console qui abrite bien pilote et copilote. Un bon point pour les sorties hivernales au long cours. Les deux jockeys, positionnés à bonne distance, dispensent une ergonomie efficace, gage de confort et de sécurité pour les sorties dans les conditions musclées. Ample, le tableau de bord peut accueillir, côte à côte, les deux combinés Humminbird Onix 10 SI, dont les écrans de 10 pouces sont aisément lisibles, que ce soit en mode traceur ou sondeur, ainsi qu'une VHF fixe et une sono Navicom. Volant et levier de gaz tombent bien sous les mains du pilote et le copilote dispose d'une poignée offrant une bonne prise. Manque par contre un compas dans l'axe de vision du barreur…
Virtuose du moulinet, Yoann a bien sûr opté pour un équipement ciblé pêche. Par exemple, l'option "vivier" (celui du 620 Open fait 200 litres !), à remplissage et vidange manuelle. Bien qu'il ne soit pas animé par une pompe électrique, il est d'un usage pratique, le remplissage en eau de mer se faisant par gravité, à l'arrêt, et la vidange par dépression, en marche avant. On trouve aussi des supports de cannes orientables Amiaud, en nombre (53 € pièce), fixés au dos des jockeys et sur la console (un modèle extra large, référence 860), une paire de sièges jockey avec dossier et coffre, ainsi qu'un gros réservoir d'essence de 150 litres (il existe aussi en 100 litres).
Les utilisateurs actifs que sont les plongeurs ou les pêcheurs apprécieront la philosophie du chantier portugais laissant une entière latitude à l'acquéreur son choisir son accastillage ainsi que son emplacement, que ce soit dans le cockpit ou sur les flotteurs. Il pourra ainsi préserver l'espace libre nécessaire à son activité dominante, que ce soit en avant ou en arrière de la console pour l'action de pêche ou enfiler les combinaisons de plongée. Le plancher en contreplaqué marine, stratifié sur ses deux faces, vient fermer une robuste coque en polyester monolithique avec ses renforts. Deux gros nables à la base du tableau arrière assurent l'assèchement rapide du pont, et empêchent les retours d'eau lorsqu'on relève leurs manchons en caoutchouc.
Conclusion :
Simple mais bien construit, correctement fini, aménageable en fonction de son activité de prédilection, ce Sea Rib's de la série Open possède en outre un comportement marin sain et efficace. Le choix d'une mécanique extravertie, telle que l'Optimax 150 Pro XS, ajoute une dimension sportive avec des sensations rendant le pilotage attractif. Ajoutez à cela, une certaine compacité et légèreté qui en font un bateau facile à transporter (flotteurs gonflés) et à mettre à l'eau.