Son toucher de mer hors du commun, sa facilité à naviguer rapidement sur un plan d'eau qui ne l'est pas confirme sa philosophie proche de celle des semi-rigides britannique, vis-à-vis desquels il se place en concurrent. Reste à savoir, si on doit l'équiper d'un ou deux moteurs…
Texte et photos Philippe Leblond
Au travers de son importation par Mécanique Marine du Golfe, la marque Sea Rib's nous est surtout apparue sous la forme de semi-rigides typés pêche ou plongée. Pourtant, il y a quelques années, le chantier portugais avait exposé Porte de Versailles, un RIB très comparable à ce 760 Lux, qui se signale par une silhouette plus sportive qu'utilitaire. Le moulage polyester, qui enveloppe la banquette arrière avec des hiloires de cockpit, reprenant les lignes profilées de la console de pilotage surmontée de sa bulle en plexi, lui confère une silhouette dynamique. Par ailleurs, le blanc de la coque et des flotteurs, la sellerie bronze des sièges n’est pas l'habillage préféré des baroudeurs épris de pêche ou d'apnée. D'autant que l'implantation élevée des flotteurs fait que ces derniers ne touchent pas l'eau à l'arrêt, avec pour conséquence une stabilité latérale moins importante que celle des modèles de la gamme "courante". Mais, voyons plus en détail les atouts de ce modèle "Lux"…
*Au ponton*
Indiscutablement, ce 760 Lux ne manque ni d'élégance, ni de sportivité. Sa ligne élancée et sa finition soignée en font un semi-rigide qui pourrait aussi séduire les propriétaires de yachts à la recherche d'un tender "classieux" et rapide. Avec quelques réserves toutefois, en ce sens que l'accès à la baignade ne fait pas partie de son argumentaire. Ni plate-forme, ni échelle, ni douchette… Il faudra, pour goûter aux joies de la natation ou de la glisse tractée, faire l'acquisition d'une échelle de flotteur (latérale). Dommage. Car pour le reste, le plan de pont de ce Sea Rib's possède de sérieux atouts à même de séduire une clientèle familiale. A commencer par de généreux espaces de circulation, pour passer sans encombres de la banquette arrière au coffre à mouillage, grâce à des passavants vraiment larges (38 cm chacun) et au solarium dont la partie centrale est amovible. Les dimensions de ce dernier (192 x 157 cm) n'ont rien à envier à celui des semi-rigides italiens, et son socle en fer à cheval ménage un bon volume de rangement qui s'ajoute à ceux de la cale arrière (sous la banquette), de la base des deux jockeys et de la console. Celle-ci étant dépourvue de porte, il conviendra d'en amarrer le contenu. On saluera au passage le soin apporté à quelques détails fonctionnels, tels le positionnement du commutateur de batterie, les crépines de vide-vite en inox, les petits tuyaux d'évacuation, vers le fond de coque, de la goulotte de drainage de la banquette arrière, les charnières plates en inox du capot de coffre du mouillage (pas de risques pour les pieds nus), les fermoirs de coffres inox plats et intégrés dans les réserves du moulage polyester, pour éviter d'écorcher les mollets des équipiers…
Autre point important, sur un bateau qui dépasse les 50 nœuds : l'ergonomie. Et, de ce point de vue, le Sea-Rib's fait encore bien les choses. Les deux jockeys Coastal Pro sur amortisseurs sont bien conçus, et l'on apprécie leur dosseret enveloppant au niveau de épaules. Quant à la banquette arrière, elle est confortable et offre une assise modelée pour trois passagers (non montée sur notre bateau d'essai), à l'image de son dossier qui court jusque sur l'intérieur des hiloires. La position au volant (dont le look est un peu en décalage avec les performances du bateau) est excellente, avec des commandes placées à bonne distance et une position semi fléchie avec une large surface de prise d'appuis pour les pieds, la console étant évidée vers l'arrière. On verra en essai que le pare-brise, bien qu'assez restreint, offre une protection décente aux deux équipiers, le copilote appréciant aussi la poignée inox qui lui fait face.
*En mer*
Sa silhouette sportive et la présence de 400 chevaux sur son tableau arrière promettent une sortie musclée. Une puissance étonnamment haute puisque supérieure de 100 à 150 ch à celle de la plupart des semi-rigides de cette longueur ! Bien que proche, en termes de masse à celle de ses concurrents, le 760 Lux a montré qu'il était tout à fait en mesure d'encaisser cette cavalerie. Par contre, l'importateur s'est montré bien inspiré de monter les Suzuki 4 cylindres, qui figurent parmi les plus légers 200 ch du marché, car le cabrage au déjaugeage est vraiment prononcé. Doté d'un rapport poids/puissance ultra favorable, le Sea Rib's ne va pas tarder à nous montrer sa vélocité. Une fois le Sea Rib's parvenu au planning (les chronos d'accélération sont plus décevants que la sensation de poussée énergique du duo de Suzuki), les chiffres défilent en accéléré sur l'écran de notre GPS. La marque maximale s'affiche à 51,8 nœuds, à 6 000 tr/min, témoignant d'un choix d'hélices adéquat. Sur la houle de 80 cm, déformée par un petit clapot de force 3, le 760 Lux montre son appétence pour la navigation rapide en mer formée, avec quelques petits décollages suivis de réceptions en souplesse, qui ne donnent pas envie au pilote de réduire les gaz, mais plutôt de continuer à exploiter toute la puissance à sa disposition. Quel régal ! Pas de doute, cette carène est douée pour la glisse, donnant une impression de grande facilité et d'absence d'inertie une fois lancée. Idem dans les virages pris sur l'aile, la gîte intérieure étant marquée. Grip, précision des trajectoires, relances en pleine motricité, tout y est : le Sea Rib's est en démonstration !
Revenus à un rythme plus sage, nous nous attardons sur les allures de croisière. Planant à partir de seulement 2 200 tr/min, en dépit de son V profond, ce semi-rigide portugais de naissance, mais de culture anglaise, nous gratifie d'un confort remarquable à un rythme pourtant élevé avec 25,4 nœuds à 3 500 tr/min (0,73 mille par litre) et 37,2 nœuds à 4 500 tr/min (0,41 m/l). Malgré la sobriété des Suzuki quatre cylindres, les rendements seraient sans doute meilleurs à 25 nœuds, sinon à 37, avec un seul moteur de 300 ou 350 ch. A méditer… même si, en bimoteur, le 760 Lux est diablement séduisant.