Costaud, rapide, fonctionnel… Le Sea Rib’s 760 Open nous a convaincus par ses aptitudes dynamiques et son caractère marin. Destiné en priorité à une clientèle exigeante en termes de navigation - majoritairement des pêcheurs ou chasseurs – ce semi-rigide portugais à l’accent british assure et rassure.
Texte et photos Philippe Leblond
Longueur | 7,65 m |
Largeur | 2,95 m |
Diam. maxi des flotteurs | 55 cm |
Nbre de compartiments | 6 |
Puissance maxi | 400 ch (294,4 kW) |
Puissance conseillée par Pneumag | 350 à 400 ch |
Poids sans moteur | 950 kg |
Rapport poids/puissance | 3,1 kg/ch (avec le moteur de l’essai) |
Nombre de personnes | 22 |
Couchage | 0 |
Charge utile | 0 kg |
Matériau flotteurs | CR/CSM Orca 1670 décitex |
Capacité carburant | 300 l |
Catégorie CE | B |
Constructeur | Sea Rib’s (Portugal) |
Importateur | Mécanique Marine du Golfe (56 – Vannes) |
Droits annuels sur la coque | 92 € |
Droits annuels sur le(s) moteur(s) | 225 € |
Le constructeur portugais Sea Rib’s produit une gamme de semi-rigides que l’on pourrait apparenter à ceux que proposent les chantiers anglais. Des semi-rigides plutôt tournés vers l’Atlantique, dotés d’une carène en V profond pour naviguer dans des mers difficiles et d’un cockpit le plus souvent dépourvu d’éléments de confort pour laisser place à des activités nécessitant une certaine liberté de mouvements, à l’image de la pêche sportive ou de la chasse sous-marine. Ainsi en va-t-il de ce 760 Open qui existe, malgré tout, dans une version Lux pour s’adepter à une utilisation plus familiale. Voyons comment se présente notre bateau d’essai, mis à l’eau à Vannes par les bons soins de son importateur, Mécanique Marine du Golfe…
Au ponton
Premier constat lorsqu’on met le pied à bord : l’espace disponible et la profondeur du cockpit, deux atouts primordiaux pour séduire pêcheurs et plongeurs. Revers de la médaille, les flotteurs ne touchent pas l’eau à l’arrêt, mais les bouchains de la coque légèrement inversés vers l’arrière assurent une stabilité convenable. Cette implantation haute des tubes dégage bien la carène pour laisser celle-ci travailler la vague en profondeur et assurer un certain confort en navigation… Mais, revenons sur le pont pour apprécier l’aisance de déplacement autour du poste de pilotage qui, malgré sa large console et ses deux sièges jockey, laisse de généreux passages latéraux, beaucoup d’espace à l’avant, et plus encore à l’arrière pour pêcher à plusieurs sans se marcher sur les pieds.
Rayon confort, la banquette arrière offre trois à quatre places assises auxquelles s’ajoutent les deux sièges des pilote et copilote, soit cinq à six vraies places assises, ce qui permet de naviguer en famille dans de bonnes conditions. Le dossier de la banquette arrière est rabattable, facilitant l’accès à ce que l’on pourrait qualifier de plateformes de bain si elles n’étaient pas si exiguës. Elles sont surtout utilisées pour de l’accastillage : taquets, porte-cannes et échelle perroquet pour la remontée des plongeurs avec palmes. Sous la banquette, la cale technique dotée de trois accès abrite, entre autres, le branchement pour un jet haute pression pour rincer le cockpit de retour de la pêche et la vanne de circuit d’eau du vivier. Ce dernier d’une capacité de 220 litres n’est pas équipé d’une pompe à eau de mer. Il fonctionne par dépression, se remplissant très vite à l’arrêt et se vidant (un peu moins vite) lorsque le bateau est déjaugé.
Le poste de pilotage se distingue par ses deux sièges de type « jockey » avec dosseret de maintien latéral pour le haut du corps. Ces Scotseats sont bien connus des plaisanciers anglais qui apprécient leur confort pour leurs longs raids en mer formée. Deux molettes permettent de régler la hauteur d’assise et l’amortissement afin de s’adapter à la morphologie de l’utilisateur. Ils dispensent un confort appréciable ainsi qu’une certaine sécurité pour les runs sportifs. La position de pilotage est ergonomique avec des commandes (volant et gaz) placées à bonne hauteur. La largeur de la console et la hauteur de son pare-brise protègent bien des éléments, ce qui sera apprécié lors des sorties hivernales. Autre point positif, le tableau de bord. Ample et bien agencé, il garantit une bonne lisibilité des instruments à commencer par les deux grands écrans des combinés Humminbird. Entre eux, le compte-tours du SmartCraft Mercury auquel est adjoint l’Active Trim. A droite, la VHF fixe Navicom et la sono Fusion font face au copilote. Mais, la poignée qui lui est destinée est un peu distante, l’obligeant à se pencher pour se tenir quand l’état de la mer le demande. En l’absence de vide-poches, le propriétaire de ce Sea Rib’s en a fixé un sur le pare-brise.
En avant du poste de pilotage, l’espace est bien dégagé aussi. L’accès aux deux rangements de la console dont les trappes ferment à clé est facile. Le long du flotteur tribord, une règle graduée, collée sur le pan coupé de la coque, permet de mesurer les poissons. Le coffre à mouillage s’avère volumineux et son ouverture généreuse autorise le choix d’une ancre grand modèle. Par contre, le couvercle ne comporte pas de passe-ligne. Une bitte d’amarrage en inox poli précède un taquet axial et un davier fixe vissés sur le socle avant en polyester.
D’une bonne qualité de construction, comme l’atteste sa robustesse structurelle, correctement fini et bien conçu pour les activités marine exigeantes, le 760 Open est un semi-rigide qui s’acquittera de sa tâche en sécurité, tout en offrant du plaisir à son pilote.
En mer
Notre essai s’est déroulé au large du Golfe du Morbihan par un matin frisquet (8°), sous une petite brise (Force 3) qui levait un clapot de 60 à 80 cm. Nous étions en équipage léger (deux à bord avec un tiers de réservoir d’essence), avec l’envie de découvrir si l’alchimie entre la carène au V très marqué du Sea Ribs et le puissant Verado 6 cylindres en ligne, sorti des ateliers « Racing » de Mercury, allait avoir lieu. Avec ses 400 chevaux, dopés par un compresseur et entrainant une hélice à quatre pales Bravo One au pas de 23 pouces, Lab Finish de surcroît (comprenez travaillée en atelier pour un bateau et un usage déterminés), le Mercury se devait de signer de belles performances. De ce point de vue, nous sommes un peu restés sur notre faim… Dans l’absolu, 48,6 nœuds au régime maxi est un chiffre synonyme de vélocité, mais l’on pouvait légitimement s’attendre à franchir les 50 nœuds, en comparaison de ce que nous avions obtenu dans des conditions similaires avec lle même bateau, propulsé par un Suzuki DF300 (47 nds), ou par deux Suzuki DF200 quatre cylindres (51,8 nds). Donc, petite déception, d’autant que la version Open du 760 est plus légère que la Lux, et que nous avons bénéficié cette fois d’un rapport poids/puissance exceptionnel (3,1 kilos par cheval !).
Pourtant, le régime maxi obtenu était dans les clous : 6 500 tr/min, soit bien dans la fourchette motoriste (6 400 – 7 000 tr/min)… Le montage moteur nous a semblé cohérent, lui aussi, pour un bon compromis accélération/vitesse de pointe, même si là encore, la technologie Verado (délai d’entrée en action du compresseur) n’a pas permis de signer des chronos remarquables, que ce soit pour déjauger en 4’’8 ou franchir la marque des 20 nœuds en 5’’2. Le cabrage prononcé avant le déjaugeage et la reprise d’assiette en bascule n’ont pas aidé, mais c’est un peu le propre des carènes en V très profond, comme celle du Sea Rib’s. Par contre, lorsque le compresseur entre dans la danse, la poussée est impressionnante. Et la vigueur du 400R ne faiblit pas, jusqu’à la « zone rouge ». Précisons que l’accélération génère de l’effet de couple, faisant s’incliner légèrement le bateau sur bâbord. Comme souvent, un peu de trim en positif permet de lui redonner une assiette latérale horizontale. Malgré cela, le 760 Open et son Verado 400R peuvent être mis entre toutes les mains. Toujours au rayon des performances, un mot sur la consommation et les rendements moteur. Nous avons relevé 65,5 litres/heure à 4 500 tr/min pour une vitesse de 35,9 nœuds. Cette allure de croisière rapide engendre un ratio distance parcourue/consommation de 0,55 mille par litre. Compte tenu de la vitesse, ce chiffre est satisfaisant, mais pour réaliser une économie de carburant, il sera préférable de se contenter de 3 500 tr/min (31,2 litres/heure) pour une vitesse de 22,2 nœuds assortie d’un rendement de 0,71 mille au litre. Un ratio vraiment satisfaisant eu égard à la puissance installée. Et qui débouche sur une autonomie de près de 200 milles.
Comme la plupart des semi-rigides de ce gabarit dotés d’une carène en V profond, ce Sea Rib’s nécessite une puissance élevée pour performer. A aucun moment, on a trouvé ce Verado 400R trop puissant pour un tel bateau. Pour vraiment bien marcher, avec un équipage relativement étoffé (ce que permet son cockpit spacieux et son homologation), soit cinq personnes et leur équipement, un 300 ou 350 chevaux nous semble le minimum syndical. C’est l’assurance de pousser des pointes à au moins 40 nœuds en charge et surtout de tenir des moyennes élevées aux régimes intermédiaires, avec une conso et un niveau sonore contenus. Le 400R d’ailleurs, comme la majorité des Verado à compresseur, se montre plutôt discret en matière de décibels. Ce qui tombe bien car le 760 Open est taillé pour les longues navigations où, malgré un clapot agressif, sa carène passera confortablement. Quelle que soit la vitesse, tenue de cap et stabilité sont imperturbables. Un vrai rail ce semi-rigide ! A l’aise dans toutes les figures du pilotage - à l’attaque face à la vague, à plein régime par mer de travers, dans les virages larges ou serrés pris pleins gaz – ce Sea Rib’s est à gratifier d’un sans-faute. Et le plaisir de pilotage est au diapason.
Qualité de réalisation
Comportement
Performances
Equipement
Adéquation programme
Rapport qualite/prix
Modéle | Patrol 760 | HP 7.8 | X750 |
---|---|---|---|
Marque | Highfield (Australie) | Tornado (Danemark) | XS Ribs (Grande-Bretagne) |
Imporlation | Highfield France (29 – Gouesnou) | JSD Sports (83 – Solliès-Pont) | CN Diffusion (29 – Concarneau) |
Longueur | 7,60 x 2,90 m | 7,85 x 2,70 m | 7,50 x 2,90 m |
Nb de personnes | 12 | 16 | 12 |
Matériau flotteur | CR/CSM | CR/CSM | CR/CSM |
Prix | 57 404 € (sans moteur) | 31 900 € (sans moteur) | 55 000 € (sans moteur) |
Vitesse maxi | 48,6 nds à 6 500 tr/min |
Vitesse de croisière rapide | 35,9 nds à 4 500 tr/min |
Vitesse de croisière economique | 22,2 nds à 3 500 tr/min |
Temps de jaugeage | 4,8 secondes |
Accélération de 0 a 20 nds | 5,2 secondes |
Vitesse minimale d’hydroplanage | 12,5 nds à 2 500 tr/min |
Consommation en usage courant (estimation) | 38 l/h |
Autonomie en usage courant (estimation) | 7 heures |
Hélice de l'essai | Bravo One Lab Finish 23’’ inox 4 pales |