S'il fréquentait les arènes d'athlétisme, le nouveau 30 GT serait décathlonien. Naviguer à vive allure et en souplesse, il sait faire. Accueillir une famille au grand complet avec le confort voulu, il sait faire aussi. Respecter les fondamentaux de l'accastillage et assurer des déplacements aisés et sûrs à son bord, il sait encore faire. Et en plus, il présente bien !
Texte et photos Philippe Leblond
Avec le lancement de ce 30 pieds, le chantier Italboats frappe un grand coup. Le 30 GT, nous allons le voir plus loin à ses commandes, n'usurpe pas son sigle "grand tourisme". Il représente une synthèse réussie de la performance et du confort, même avec un seul moteur, à l'image de notre bateau d'essai. Grâce à sa carène au V prononcé, le confort en navigation promet d'être à la hauteur de celui qu'il dispense au mouillage. Et dans ce domaine, le plan de pont du Stingher, que nous allons détailler, combine harmonieusement le confort, le farniente et la liberté de mouvements.
*Au ponton*
Déjà, le premier contact (visuel) joue en sa faveur. Le contraste marqué entre le gris foncé des flotteurs en Orca à motif "fibres de carbone" et la sellerie orangée a le mérite d'accrocher le regard. Ce dernier s'attarde d'ailleurs avec plaisir sur le design dynamique de la console et de l'arceau polyester qui sert de support au cabriolet, en accord avec l'identité sportive du bateau. La présence du teck synthétique (sans entretien) apporte une touche "cosy" annonciatrice d'un aménagement confortable. Et, de ce point de vue, on n'est pas déçu. Le grand solarium de la proue (190 x 162 cm) se convertit facilement en un carré pour cinq à six convives avec l'apport d'une grande table (la rallonge de bain de soleil) et du petit siège moulé à l'avant de la console. Et la poupe n'est pas en reste, qui offre un coin "apéro" pour trois ou quatre personnes, grâce à la tablette se déployant au dos du leaning-post, lequel abrite un petit évier, un réchaud, ou une planche à découper, et un frigo (options). L'accès à ce dernier n'est pas des plus commodes à cause de la table, mais il sera bientôt encastré sur l'avant du leaning-post. Pour plus de confort à bord, le chantier italien propose également un WC en option, dont l'emplacement est prévu dans la console dotée d'une ample ouverture frontale. Au rang des options utiles, n'oublions pas la douchette et son réservoir d'eau douce de 80 litres.
Malgré la présence de sept vraies places assises, d'un poste de pilotage biplace et de volumineux rangements (soute arrière avec double plancher pour isoler les affaires du fond de coque, console, trois coffres à la proue sous le solarium, coffre qui intègre le guindeau électrique pour mouiller l'ancre située dans l'écubier d'étrave), le 30 GT préserve la facilité des déplacements à bord, avec notamment deux très larges passavants (36 cm), de part et d'autre de la console et du leaning-post. Précisons que tous les coffres sont équipés de vérins et de joints de caoutchouc et peuvent être sécurisés à l'aide de cadenas. Si l'accès à la plate-forme de bain (échelle intégrée, douchette à portée de main) est un peu moins aisé, on appréciera cette plage arrière spacieuse, d'autant qu'un petit volet sur charnières vient fermer le bac moteur. Les amateurs de ski et de wakeboard aimeront aussi cet espace pour se préparer confortablement avant les sessions ou lors de leur retour à bord. Terminons cette visite par le poste de pilotage qui mérite aussi une bonne note. La console avec son cale-pied moulé, le leaning-post avec ses deux sièges ergonomiques, avec assises relevables pour piloter soit debout en appui fessier, soit assis, offrent dans les deux cas une position efficace, que se soit pour le pilote ou le copilote, qui pourra se tenir à une main courante bien placée. Et le tableau de bord spacieux, et doté d'une boîte à gants fermant à clé, laisse tout loisir d'intégrer une centrale de navigation à grand écran. Seul petit bémol, le compas placé au centre, et non pas dans l'axe du regard du pilote…
*En mer*
Parmi ses nombreuses qualités, le nouveau Verado 350 ch présente l'avantage d'afficher le cheval fiscal le moins cher du marché (bloc de petite cylindrée dopé par un compresseur), derrière celui de son grand frère, le Verado 400 R plus récemment homologué CE. Voilà qui ne laissera sans doute pas insensible le propriétaire d'un semi-rigide de plus de 7 mètres, donc taxable, comme le 30 GT. Pour le reste, cet essai nous a montré que ce moteur convenait bien au Stingher malgré une embase inadéquate, le moteur ayant été livré avec une embase longue au lieu d'une extra longue. Malgré ce handicap, nous avons atteint 45,5 nœuds au régime maxi de 6 100 tr/min. Pas mal sachant qu'on peut ajouter 150 chevaux en recourant à la bimitorisation ! Avec cette belle V-max, les allures de croisière ne sont pas mal non plus : 23 nœuds (4 000 tr/min) en économique et 31 nœuds (4 500 tr/min) quand le temps presse. Par contre, la carène en V profond du 30 GT nécessite une certaine de puissance, comme le démontrent sa vitesse minimale d'hydroplanage élevée (18,7 nœuds) et le régime qui va avec (3 900 tr/min). En l'absence de mesures de consommation, difficile d'évaluer les rendements, mais à 23 nœuds, la consommation devrait être très raisonnable (aux alentours de 30 l/h). En dépit d'un cabrage très contenu, le déjaugeage nécessite 5", mais les 20 nœuds sont franchis moins d'une seconde plus tard. Ces chronos relativement modestes se conçoivent du fait de l'embase trop courte, du temps de déclanchement du compresseur, l'angle de quille prononcé et du réservoir presque plein lors de notre essai en rade d'Hyères.
Pour ce qui est du comportement du Stingher, si ce n'est cette sensation d'un certain manque de punch au démarrage, c'est le sans faute. Rapide, maniable, confortable et sain dans ses réactions, ce grand semi-rigide ravira son pilote. Il prendra également soin de ses passagers, passant en souplesse dans un sillage de 70 cm, attaqués à plusieurs reprises à haute vitesse et sous tous les angles. Sensible au trim, mais sans perdre son bel équilibre, il sait aussi virer dans un rayon réduit, avec constance et précision. De surcroît, lors des virages attaqués, il a la délicatesse de glisser légèrement de la poupe évitant une "prise de carre" violente. Bref, ce test en monomoteur s'est avéré concluant.