Dédié en priorité à la chasse sous-marine, ce modèle sportif remet à l'honneur les fondamentaux du semi-rigide : simplicité, robustesse, légèreté. S'imposant en mer par ses performances et son comportement très sûr, il a de quoi séduire non seulement les chasseurs sous-marins mais aussi les pêcheurs et baroudeurs de tout poil pour qui l'agrément d'un cockpit ne se mesure pas au nombre de banquettes capitonnées.
Texte et photos Jacques Anglès
Quoique puissent laisser penser son nom de marque à consonance britannique et les dénominations tout aussi anglo-saxonnes de ses modèles (Goldline, EightFifty, SixOne ou encore Five-Ten pour le modèle essayé ici), BWA est bien un chantier italien, installé tout près de Milan. Son catalogue décline deux gammes principales en plaisance, sur la base de sept carènes : la Goldine, à cockpits très aménagés et finition luxueuse, et la gamme Professionnel Open, constituée de coques nues personnalisables, à la carte, grâce à un généreux choix d'accessoires. Avec les annexes, les engins militaires et une gamme de «Speciali» destinés à des usages ciblés, la production totalise près de 40 modèles de 2,10 m à 9 m de long. Parmi ses références, BWA compte des clients tels que la Marine, la protection Civile, les marins pompiers et de nombreux autres professionnels. Ses atouts reposent sur trois constantes : des flotteurs soigneusement réalisés en néoprène-Hypalon label Orca, des carènes rapides et robustes et une grande variété d'adaptations, à l'exemple des motorisations in-board sur les gros modèles ou des timoneries abritées à l'usage des pros.Le 510 Apnea appartient quant à lui à la série des « Spéciali ». Comme son nom l'indique, il s'adresse sans ambages aux chasseurs sous-marins, apnéistes par excellence. Il s'agit en fait d'un développement du 510 Open avec un cockpit simple, doté des éléments nécessaires et suffisants pour la pratique de la chasse sous-marine : une baille à mouillage de bonne dimension, un long coffre latéral pour ranger les arbalètes, les flèches de rechange et le matériel de plongée, une console de pilotage abritant un réservoir fixe et une banquette biplace formant coffre. Tout cela laisse beaucoup d'espace libre, en adéquation avec le programme. Mais comme rien n'est parfait, il faut aussi signaler l'orifice de remplissage d'essence, vraiment pas pratique, et le montage de la batterie près du tableau arrière, un endroit trop humide (mieux vaudrait la placer dans un coffre fermé, par exemple sous la banquette). Côté flotteur, c’est également du sérieux, avec une réalisation en Néoprène/Hypalon Orca (de Pennel-Flipo) et des raccords doublés par des bandes de renforts, mais seulement quatre compartiments alors que cinq compartiments constituent la norme habituelle des plus de 5 m. Tout le pourtour est protégé par un large liston qui englobe les extrémités arrière des boudins, et la partie supérieure est elle aussi pourvue d’une large bande anti-usure. Et pour que le tableau soit complet, notez les mains-courantes solides et souples (comme on les aime à Pneu Mag), disposées sur toute la longueur du flotteur, ainsi que les larges renforts «plongeur» de chaque côté. Aucun élément superflu ne vient alourdir cet ensemble. Par exemple, il n’y a pas d’échelle de bain, mais c’est voulu : pour un chasseur sous-marin, il sera plus rapide et plus pratique de remonter par le côté d’un coup de palme, en s’appuyant sur les deux grosses poignées de caoutchouc bien placées. Grâce à cet équipement minimaliste, le 510 Apnea reste léger et bénéficie donc d’un rapport poids/puissance très intéressant. Bref le premier bilan avant l’épreuve de l’eau est positif : le 510 Apnea est bien adapté à son objectif, mais son côté baroudeur n’attirera pas les amateurs de semi-rigides «tout confort pour balades en famille».
Reste à savoir ce dont ce BWA est capable en mer, donc : contact ! Le Yamaha 60 ch 4T installé au tableau arrière se fait d’abord remarquer par sa discrétion ; c’est tout juste si on l’entend au ralenti. L’appareillage entre les pontons serrés du port de Carqueiranne permet d’apprécier la facilité de manœuvre au ralenti, très agréable même si ce n’est pas l’essentiel sur un semi-rigide de cette taille.
Sorti du port au ralenti, respect de la vitesse limite dans la bande des 300 mètres et hop, c’est parti, avec un déjaugeage éclair et une accélération rapide.
Stabilisation du compte-tours à 4500 tr/mn, un ajustage de trim et je lâche le volant. Pas de problème, le bateau va tout droit. à ce régime, le GPS affiche 25 nœuds, une vitesse de croisière rapide qui offre un excellent rendement (voir notre tableau). La carène est bien déjaugée, avec les boudins dégagés de l'eau, ce qui évite les «coups de raquette» dans le clapot que l'on ressent sur les unités à flotteurs bas. En contrepartie, il faut être plus attentif à la répartition des poids en latéral. Pas de doute, cette coque est rapide, très rapide même compte tenu du bon clapot qui agite le plan d'eau, la vitesse de pointe étant une des meilleures enregistrées par Pneu-Mag dans cette catégorie. Plus important encore, le bateau reste stable à haute vitesse, que ce soit par mer de face, de travers ou arrière et, bon point supplémentaire, nous n'avons à aucun moment reçu d'embruns dans le cockpit. On apprécie aussi la bonne rigidité structurelle, sans résonances parasites de la coque. En longues courbes, le 510 Apnea montre une bonne accroche, mais il apprécie moins les virages très serrés où, bien que la carène ne décroche pas, l'hélice ventile assez facilement, perdant sa motricité. Un montage de moteur un cran plus bas pourrait peut-être pallier cet inconvénient, au demeurant peu gênant en utilisation normale. à cette réserve près, le 510 Apnea confirme haut la main, par sa tenue de mer et ses performances, la bonne réputation des carènes BWA. .
Conclusion
Les chasseurs sous-marins apprécieront les qualités marines de ce baroudeur au caractère bien trempé, qui leur permettra de gagner rapidement, et en sécurité, leurs coins de chasse favoris, avec le matériel bien calé dans un coffre prévu à cet effet. Ils apprécieront aussi sa stabilité à l’arrêt, agréable quand il s’agit de s’équiper dans la houle. Facile à entretenir, simple en tout point, et très performant, ce modèle peut aussi séduire ceux pour qui un semi-rigide doit privilégier la légèreté et la tenue de mer. Une sorte de retour aux fondamentaux...