Ce grand semi-rigide italien ne fait pas dans la dentelle. D'ailleurs, ce n'est pas ce qu'attend de lui sa clientèle qui préférera aux versions « tout confort », la fonctionnalité de son grand cockpit bien dégagé. Ici, pas de farniente, place à l'action, avec deux programmes dominants : plongée et pêche.
Texte et photos : Philippe Leblond
L'agencement minimaliste du cockpit de ce grand 25 pieds ne laisse planer aucun doute sur sa véritable destination, quand bien même notre bateau d'essai n'était pas encore équipé de tous ses accessoires. En effet, sans être pour autant à l'état de prototype, le SevenFifty était en attente de son leaning-post, d'un roll-bar, d'un T-top et de deux échelles perroquet (spéciale plongée). Ainsi équipé, avec son rack en inox capable de recevoir 18 blocs de plongée, il aura tout pour plaire aux adeptes des fonds sous-marins. Le vaste espace en avant de la console de pilotage est d'autant plus grand que celle-ci est très reculée. Toutefois, le chantier BWA est adepte du surmesure et peut, à la demande, la positionner à l'endroit désiré. Cette console boulonnée et « siliconée » sur le plancher comporte deux rangements secs, dont un à mi-hauteur, situé sous le volant et destiné au petit matériel. Son tableau de bord et ses commandes en position élevée en font ce que l'on appelle une « console debout ». Assis, le pilote n'aurait pas de visibilité vers l'avant. Ce dernier bénéficie donc d'un leaning-post, bien plus efficace qu'un siège classique dès lors qu'il s'agit de sortir en mer formée. Une solide main courante en inox ceint la partie haute de la console et permet à deux passagers de se tenir correctement en navigation, aux côtés du pilote. Une petite niche, à tribord, abrite le bouchon du réservoir d'essence, tandis que de chaque côté on remarque de jolis feux de position dans des coquerons d'inox. La barre, en inox recouvert de caoutchouc, est verticale, offrant une bonne position de conduite, de même que l'excellent « boîtier pupitre » Yamaha. Au-dessous et au-dessus du bloc instruments, il y a la place de fixer des aides électroniques à la navigation. Cela tombe bien au vu du programme de ce bateau que l'on verrait bien équipé d'un GPS et d'un sondeur pour mémoriser les spots de pêche ou de plongée. Hormis la console, l'équipement de notre bateau d'essai se limitait à un grand coffre à l'arrière, légèrement en avant du bac moteur (ce dernier peut d'ailleurs servir de bac à poissons), d'un coffre avant (peu profond) et d'une belle baille à mouillage. Le support de davier en polyester est pourvu d'une patte de blocage autorisant à laisser l'ancre à poste, d'un gros taquet et de deux chaumards pour guider les amarres. Bien vu. Près des cônes, à l'arrière, deux puissants taquets-coinceurs assurent l'amarrrage cul-à-quai. En revanche, les cadènes de tableau arrière, situées sous la plate-forme de bain sont placées vraiment bas pour le ski et a fortiori le wake-board. Les flotteurs, de fort diamètre, donnent de la profondeur au cockpit procurant un sentiment de sécurité lorsqu’on navigue au large. Les saisines en corde de polyamide s’interrompent au centre du flotteur pour laisser le passage de mise à l’eau des plongeurs ou des baigneurs. Une bande de renfort, collée sur la face supérieure des flotteurs, évite l’usure provoquée par les nombreuses paires de fesses susceptibles de s’y asseoir. L’antidérapant, qui chez BWA semble toujours passé à la taloche, n’a pas l’efficacité ni le caractère esthétique de la pointe de diamant. Elle a simplement l’avantage d’être moins sensible aux chocs des blocs de plongée. Fort de ses 225 chevaux, le BWA était attendu à plus de 40 nœuds. La performance modeste de 36 nœuds nous a un peu déçus. Elle a cependant une explication. L’hélice de 15 pouces à pales plates retenue pour ce semi-rigide, destiné à naviguer avec un lourd chargement, est une hélice de poussée. Le régime maxi de 6 100 tr/mn, légèrement supérieure à la limite préconisée par le motoriste (6 000 tr/mn), témoigne du choix d’un pas délibérément court. La mission de cette hélice n’est donc pas de donner une vitesse de pointe spectaculaire mais de tenir le régime maxi en charge, et de propulser avec constance un nombreux équipage de plongeurs avec tout son matériel. De fait, le déjaugeage est ultra rapide. En trois secondes, pas plus, et sans aucun cabrage malgré le pilotage situé très en arrière, la carène de l’America plane bien dans ses lignes. Bien sûr, pour un programme différent, par exemple, de la randonnée en équipage réduit, on peut opter pour une hélice au pas plus long (17 pouces) et dépasser les 40 nœuds… Autre caractéristique majeure de ce gros semi-rigide de plongée, sa stabilité, que ce soit à l’arrêt ou en marche. Malgré un V encore marqué au tableau arrière, qui lui procure un certain confort dans la vague, il affiche une tenue de cap irréprochable, même par mer de travers, ou avec un réglage de trim très positif. Son étrave bien défendue soulage bien par mer d’arrière, et la déflexion efficace évite les douches d’embruns aux passagers.
En courbe, il vire avec une gîte modérée et une glisse progressive de la poupe qui évite les coups de raquettes lorsqu'on « envoie » du gaz en sortie de virage. Bref, malgré une puissance redoutable sur son tableau arrière, le BWA dispense un pilotage agréable et sans surprise, ainsi qu'une une prise en main facile..
Conclusion
Certains feront la fine bouche en observant ce long cockpit privé des habituels éléments de confort. Le SevenFifty s’en moque. Il attend, « droit dans ses bottes » une clientèle de spécialistes. Des plongeurs ou des pêcheurs qui lui trouveront toutes les qualités : une structure simple mais bien réalisée, une bonne capacité à la charge et un agencement interne laissant une grande liberté de mouvement. Pour d’autres utilisateurs (famille, camping côtier, farniente…) le fabricant italien propose la version Family, toute équipée, disponible elle aussi avec motorisation hors-bord ou in-board diesel (Mercruiser ou Yanmar).