Ce nouveau modèle marque une inflexion stylistique du chantier milanais, en proposant un cockpit exclusivement dédié au farniente et à la balade au soleil. On aime son solarium géant, sa cabine-toilette fermée et son look de cabriolet de luxe, tout en regrettant quelques erreurs de design.
Texte et photos Jacques Anglès
Jusqu'en 2007, BWA se distinguait par la conception classique de ses modèles, alliée à une présentation recherchée, qu'illustrait la gamme America Platinum. Premier modèle de la nouvelle gamme Evolution, le 23 pieds choisit une approche plus typée, plus fun et plus chic, à la manière des cabriolets automobiles. Place au farniente et aux plaisirs du luxe : le solarium prend ses aises en occupant toute la partie avant, le teck du pont apporte la touche de classe traditionnelle, et les selleries couleur "camel" adhèrent à l'ultime tendance de la mode nautique. Traité avec goût, le 23 Evolution gagne en style ce qu'il perd en polyvalence d'utilisation. Refusant de "ratisser large", il a le mérite d'afficher le programme sans ambiguïté : balade rapide et séjours au soleil dans les criques, de préférence en petit comité. à quatre, c'est parfait, à six, on aura déjà l'impression d'être en léger surnombre, avec un nombre limité de places assises. En revanche, on apprécie le vaste sundeck occupant toute la partie avant, et les dames se féliciteront de la cabine sous la console, assez spacieuse pour se changer à l'abri des regards et dotée d'un WC (chimique en standard, marin en option), avec un accès pratique par une large porte latérale. De plus, le sundeck avant procure, en dessous, des coffres très volumineux où l'on range sans difficulté tout le matériel de bord. On mettra aussi au crédit de ce modèle la facilité de circulation et l'accès pratique aux plates-formes de bain, grâce à de larges marches antidérapantes. Sous ce plumage flatteur, le 23 Evolution dissimule pourtant quelques petits "ratages" de conception, à l'exemple de la banquette arrière trop étroite, de la dureté des assises (leaning-post et banquette arrière), de la surface toute symbolique de la table de pique-nique ou de l'absence d'évacuation d'eau dans les coffres avant, avec risque d'humidité persistante. Rien à redire question fabrication, tant pour le flotteur, soigneusement réalisé en CR/CSM Orca de Pennel-Flipo (1 670 dtx) que pour la partie polyester (gel-coat impeccable), l'accastillage inox ou la finition. Voyez par exemple le pont en teck : au lieu d'être simplement collé en surépaisseur comme c'est souvent le cas, il est encastré à fleur de pont dans des réserves du moule. Voilà un détail qui donne le ton, le reste étant à l'avenant. On peut sauter sur le plancher sans observer de flexion suspecte, et les fixations des capots ou de l'accastillage inspirent confiance. Cette sensation de robustesse est d'ailleurs confortée par un poids au-dessus de la moyenne. Quant à la carène, issue du 650 America, elle présente un V profond constant, souligné par deux longues virures de fond, avec un contre-bouchain accentué sous le flotteur. Pour cet essai, notre 23 Evolution, préparé par l'importateur Diagonale Alpha, est doté d'un Suzuki 225 ch, soit la puissance maximale autorisée, alors que le constructeur préconise plutôt 150 à 175 chevaux. Nous allons voir que cette coque franche supporte sans problème cette grosse puissance. Contact ! Le six cylindres Suzuki s'ébroue discrètement. Avec 3,6 l de cylindrée, c'est le plus gros cube de sa catégorie et l'un des moins lourds. Intéressant ! Les manœuvres de port sont faciles : bien immergée au ralenti, l'étrave dérape peu, et le bateau réagit bien, en avant comme en arrière. De plus la stabilité est parfaite, avec l'arrière des flotteurs touchant juste l'eau. Dommage que l'assise de pilotage manque de confort : dure et étroite en position banquette, trop haute en position relevée. Jusque-là, le 23 Evolution a un caractère tranquille, mais le ton change quand on pousse sur la manette des gaz. Le déjaugeage est à la fois rapide (3,3 sec.) et progressif, sans aucun cabré : la carène décolle sur toute sa longueur, conservant par la suite une assiette très horizontale ; que favorise le poids et la position avancée de la console. Dès que l'on atteint 18-20 nœuds, le flotteur est largement dégagé au-dessus de l'eau, ce qui préserve des coups de raquette dans le clapot, et la stabilité de route est excellente à toutes les vitesses, de même que la stabilité latérale. En virages, je n'hésite pas à pousser cette carène dans ses retranchements... pour noter qu'elle reste accrochée aux trajectoires les plus serrées, virant à 25-30 nœuds sur 20 m, sans déraper ni ventiler. Soulignons aussi le confort dans les vagues, où l'étrave haute se montre très efficace. Seul bémol, la coque diffuse beaucoup d'embruns latéralement, que les vents de travers rabattent sur le cockpit. à ces réserves près, le 23 Evolution est un bateau sûr et facile à prendre en main, même avec la puissance maximale autorisée. à cet égard, le Suzuki 225 ch lui convient fort bien, délivrant un chrono flatteur de 45 nœuds en toute sécurité, et, plus intéressant en usage "normal", une vitesse de croisière économique de 22 à 25 nœuds entre 3 100 et 3 300 tr/mn. Et à ceux qui préfèrent un pilotage encore plus cool, on peut conseiller un 175 ch (plus léger et plus économique), qui devrait assurer une vitesse de croisière presque équivalente..
CONCLUSION
Avec sa gamme Evolution, BWA enrichit encore un catalogue déjà fort de plusieurs dizaines de modèles qui s'adressent aussi bien aux plaisanciers qu'à la clientèle institutionnelle (sécurité, armée...). Bien construit et dotée d'une bonne carène, le 23 Evolution emporte l'adhésion sans échapper à quelques critiques, notamment sur le confort des places assises, à améliorer compte tenu du caractère luxueux de ce modèle.