On retrouve chez lui l'esthétique et les qualités de son grand frère SevenFifty. à commencer par un comportement sans faille, distillant de surcroît un réel plaisir de pilotage sans avoir recours à la puissance maxi. En revanche, l'organisation de son cockpit n'est pas des plus rationnelles, et l'on peut regretter l'absence d'une table de pique-nique et d'une banquette supplémentaire.
Texte et photos Philippe Leblond
Précisons tout de suite que, par rapport à notre bateau d'essai, le SixOne vient de recevoir quelques modifications pour l'année 2010. Deux changements qui vont dans le bon sens. Commençons par la console. L'ancienne, dont la largeur pénalisait les passavants, est aujourd'hui remplacée par un modèle plus étroit et au design réactualisé. De quoi faciliter la circulation vers le solarium. Autre astuce bienvenue, les compléments de bain de soleil de la poupe qui viennent prendre appui sur les plats-bords en polyester et donnent au pseudo solarium, jusque-là limité à la surface du coffre qu'il recouvrait, des dimensions plus convenables. On peut toutefois trouver à redire sur l'aménagement de la poupe. Il est dommage, sur un bateau estampillé "familial", de ne pas avoir opté pour un cockpit trois-zones, avec une banquette arrière en supplément du siège de pilotage. Car, sur le SixOne, le grand coffre de poupe qui sert d'assise aux pilote et copilote possède une emprise au sol importante, sans pour autant offrir de places assises supplémentaires en navigation (sauf pour de la pêche à la traîne). Opportunément, ce gros coffre-siège est décalé sur tribord pour laisser un passage latéral vers les petites plates-formes de bain moulées avec le pont, mais dépourvues d'échelle de bain. Autre critique, cette fois, au sujet de la position de conduite : le dossier basculant, sur arceau inox, n'est pas assez près du dos lorsqu'on pilote assis, et lorsqu'on est debout, il est trop proche de la console, de sorte qu'on ne peut pas l'utiliser à la manière d'un leaning-post. Sa seule utilité est, semble-t-il, d'offrir un repose-tête en position bain de soleil. L'avant du pont est en grande partie occupé par le solarium et les coffres qui lui servent de socle. En l'absence de siège sur l'avant de la console, il reste un large passage pour circuler, même lorsque tous les coussins sont à poste. Le complément central du solarium pourrait facilement servir de table pour le pique-nique en l'équipant d'un pied colonne… Pour ce qui est du rangement, la fragmentation du matelas de bain de soleil s’avère commode pour accéder aux trois coffres et au puits à chaîne indépendant. Au passage, on apprécie l’absence de cloison entre le coffre latéral bâbord et le coffre avant, qui permet ainsi de loger les objets longs (skis, cannes, gaffe…). La capacité de stockage est l’un des points forts de ce BWA, puisqu’on peut aussi compter avec le coffre sec de la console et la soute arrière dont le lourd capot est assisté par des vérins. Bien vu : les joints de caoutchouc gris qui habillent les rebords des capots afin d’éviter les bruits parasites en navigation.
Au rayon accastillage, hormis l’absence d’échelle de bain en standard, il faut souligner la présence des trois taquets inox, bien placés sur les plats-bords de poupe et la delphinière de proue en polyester. Cette dernière est à citer en exemple avec son taquet dans l’axe du davier et ses deux chaumards latéraux pour éviter le ragage des amarres.
Debout à la barre du SixOne, tandis que nous sortons du port, j’apprécie le tableau de bord spacieux, et la liberté qu’il laisse pour agencer à sa guise d’éventuels instruments optionnels (GPS, sondeur, et autres VHF). Une fois dégagé de la zone de limitation de vitesse, j’accélère franchement. Le déjaugeage est expédié comme une lettre à la poste, dans un cabré assez prononcé, tout en sachant que nous sommes encore 35 chevaux sous la puissance maxi (150 ch). D’ailleurs, à la lumière de cet essai (37,5 nds à fond, auxquels on peut ajouter 3 ou 4 nœuds "mangés" par l’antifouling), on peut dire que cette puissance est un bon choix. Seuls les utilisateurs sportifs, ou ceux qui seraient amenés à naviguer avec de lourds chargements opteront pour une puissance supérieure. Le DF115 lui convient parfaitement, tant pour tenir une moyenne élevée (26,3 nds à 4 500 tr/min) que pour se promener en douceur, à 3 500 tr/min (17,5 nds), avec de surcroît un niveau sonore très discret, et une consommation très basse (environ 6 l/h à ce rythme). Vive à barrer, réactive aux réglages du trim, la carène du BWA est plaisante à mener, et même lorsqu’on tente de lui arracher les ultimes dixièmes de nœuds, elle reste saine et assez stable (léger roulis), bien qu’aérienne. Même refrain en virage, où le pilote peut remettre les gaz sans état d’âme, même avec la barre très braquée. Une légère glisse évite les reprises de carres violentes dans le clapot, mais la quille reste précise et incisive. Difficile de se prononcer sur la qualité du passage en mer formée, mais la douceur des évolutions dans un clapot de 40 cm est plutôt de bon augure….