Essai BWA HP REEF 8,2

Conquête spatiale

En dotant son grand Reef d'un nez carré, le chantier italien a clairement privilégié l'espace intérieur. Ce pont de "porte-avions" permet au solarium avant de proposer une surface record et aux espaces de circulation de prendre leurs aises. Original par son dessin, ce lourd semi-rigide, à l'équipement généreux, nécessite une puissance élevée. Au point que le Suzuki 250 s'avère un peu juste…

Texte et photos Philippe Leblond


 63 202 € sans moteur (tarif 2016)
 8.15 m
 20
 39,0 nds avec Suzuki 250 ch 4T
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Paru dans le Pneumag n° 87 Janvier/Février 2012



Malgré ses 3,6 litres de cylindrée, le V6 Suzuki peine quelque peu à dynamiser le HP Reef 80 qui pousse l'aiguille de la balance jusqu'à 1,3 tonne, sans moteur et sans chargement. Ainsi, nous n'avons pas pu accrocher les 40 nœuds à plein régime, malgré quelques tentatives bien corsées en trim positif. A la décharge du binôme italo-japonais, le vent soufflait fort sur le nord de la Sardaigne. Autre facteur en défaveur des performances, la température ambiante frôlant les 40 degrés ! On sait, en effet, que l'air chaud n'est pas propice aux performances mécaniques… Toutefois, le manque relatif de punch constaté au démarrage et lors des remises de gaz en sortie de virage, nous donne à penser que 300 chevaux sont requis pour bien exploiter le plus grand des HP Reef (les autres modèles de cette série sont les 5, 6 et 7 mètres). Peut-être même qu'une double motorisation pourrait être la bienvenue sur ce large tableau arrière… Honda Italie aurait obtenu 43 nds avec deux Honda de 150 ch, signant à 3 500 tr/min, soit à 20,6 nds, un rendement de 0,69 mille par litre, synonyme d'une belle autonomie (280 milles) en allure économique de croisière. En dépit de cette puissance-plancher de 250 chevaux, un peu frustrante au plan du plaisir de pilotage, le Reef 80 s'est montré a son avantage en termes de comportement : passage confortable dans le gros clapot serré de 80 cm, assiette super stable tant en longitudinal qu'en latéral, tenue de cap imperturbable, même trimé à bloc, et quelle que soit la direction du vent, précision et grip en virage large ou serré… Voilà un bateau à mettre entre toutes les mains ! Notons néanmoins un manque de punch en sortie de virage, il est vrai dû en partie à l'amorce de ventilation de l'hélice (virage serré), et une propension de la carène à coller à l'eau qui gomme les sensations de vitesse. Par ailleurs, le Suzuki, qui se montre d'une belle discrétion sonore en manœuvres au port et jusqu'à 4 000 tr/min, s'avère peu mélodieux au-dessus de ce régime.
Autre remarque à l'issue de cet essai : l'espace entre le volant et le leaning-post est vraiment compté, et un pilote de forte corpulence sera réellement gêné pour barrer convenablement. En revanche, le haut pare-brise offre une bonne protection et le tableau de bord s'avère particulièrement spacieux, au point qu'on peut facilement intégrer des combinés aux écrans XXL, sans gêner la lecture des instruments moteur. L'absence d'un vide-poches (on ne peut rien poser sur le tableau de bord ni sous l'assise de pilotage !) pour le petit matériel (téléphone, VHF, clés de voiture…) n'en reste pas moins regrettable. La console, dont le volume trahit sa capacité à recevoir un WC marin (1,54 m sous barrots !) s'ouvre latéralement, sa face avant étant prise dans le pontage qui intègre une immense cale et le coffre à mouillage, et sert ainsi de base à un solarium dont les dimensions font déjà référence. Malgré l'emprise au sol de cette console généreuse, ainsi que du leaning-post capable d'abriter un réfrigérateur, les espaces de circulation sont d'une largeur peu commune. Le dos du leaning-post est doté d'une tablette rabattable pour le pique-nique, mais celle-ci est d'une surface mesurée si l'on considère le nombre de passagers sensés "séjourner" à bord. La banquette arrière renferme, elle aussi, une grande soute traversée par les conduits des deux gros vide-vite du cockpit. Le coupe-batterie et la poire d'amorçage sont à portée de main… Cette banquette est fixée sur rails, et son dossier se rabat vers l'arrière pour augmenter la surface de bain de soleil qui se prolonge aussi sur les flotteurs avec deux appuis-tête amovibles, mais qui ont tendance à s'envoler lorsque le bateau marche à pleine vitesse (fixation par Velcro à revoir)… Tous les coffres possèdent un couvercle équipé de vérins et de charnières "flush" ne présentant aucun danger pour les pieds nus.
Dessiné par Christian Grande, le Reef 80 possède la même identité esthétique que ses petits frères, avec une console et un leaning-post aux formes originales, le détail le plus marquant étant le mode de fixation du pare-brise qui semble "flotter" au-dessus de la console. Notre bateau d'essai était la version standard, mais il existe aussi le modèle luxe baptisé "Exclusive", riche d'un équipement étoffé et surtout d'un gel-coat bleu, teinté de violet, que l'on retrouve sur les flotteurs marié à un ocre jaune. Certains préfèreront le classicisme de la version de base, avec gel-coat blanc et tubes blancs et gris. Cette dernière n'en n'est pas moins assez bien équipée en matière d'accastillage avec de beaux taquets, un davier traité en chaumard, un guide de mouillage intégrant une ferrure pour protéger des frottements de la chaîne d'ancre, une échelle télescopique... Evidemment avec un tarif supérieur de près de 10 000 euros, l'Exclusive surenchérit avec ses coloris flashant, le "pare-buffle" inox à l'étrave, le guindeau électrique, l'éclairage de cockpit et de tableau arrière (sous-marin), ainsi que les feux de navigation à leds, le volant cuir, le compas rétro éclairé, la douchette, le roll-bar inox/polyester avec bimini… Les coûteux équipements que sont le WC marin et le frigo demeurent néanmoins des options…



photo BWA HP REEF 8,2


photo BWA HP REEF 8,2


photo BWA HP REEF 8,2


photo BWA HP REEF 8,2





CONCLUSION
Bien construit, soigneusement fini, ce grand semi-rigide de la nouvelle gamme luxe de BWA fait valoir son esthétique à forte personnalité, mais surtout une surface de pont majorée qui lui confère le statut de "roi du mouillage", où sa carrure et sa stabilité à l'arrêt font merveille. En navigation, son poids important lui octroie un bon confort dans la mer formée, mais induit aussi le choix d'un hors-bord de forte puissance pour signer des performances en rapport avec son standing.




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