Par sa qualité de fabrication et sa finition raffinée, le HP Reef 5.2 démontre avec brio que la classe n'est pas l'apanage des grandes unités. Offrant de belles sensations au pilote et du confort aux passagers, le benjamin de la gamme HP Reef a tout pour plaire.
Texte et photos Jacques Anglès
Dans une taille où la concurrence fait rage, le HP Reef 5.2 se distingue par un niveau de finition au-dessus des standards habituels de la catégorie. Chic mais sans ostentation, il s'habille de blanc pour le polyester comme pour le flotteur, contrastant avec le gris clair des selleries et du double liston de protection périphérique. Cela resterait classique si quelques touches de couleur ne venaient faire la différence : un filet orange surlignant le liston, en réponse au passepoil de même couleur qui orne les coussins de pont. L'ensemble délivre une impression séduisante, qui se confirme quand on y regarde de plus près. Le tube de fort diamètre, légèrement affiné vers la proue, montre une réalisation impeccable, tant par la coupe à l'italienne que par la précision des collages, sans que l'on puisse deviner le compartimentage interne. Un coup d'œil au collage du massif de proue en polyester, sur lequel viennent se fixer le davier et le taquet de mouillage, suffit à lui seul à illustrer la qualité du travail. Notez que le flotteur est en tissu Orca de 1 670 décitex (Pennel & Flipo), gage de robustesse et de durabilité. La partie polyester, coque et pont, est tout aussi soignée : le gel-coat est ultra-brillant, la rigidité inspire toute confiance et le design très travaillé reflète le professionnalisme du chantier, à l'exemple des petites marches avec antidérapant facilitant l'accès aux plates-formes arrière, des réserves en creux pour les fermoirs de coffres, ou des gouttières de drainage autour des capots, eux-mêmes renforcés par une structure en sandwich. D'autres détails font la différence, tels que le coffre avant contremoulé (très propre mais cela réduit le volume disponible) de même que le rangement sous le volant, lui aussi contremoulé et isolé des câbles électriques. On apprécie également la soute arrière avec plancher sec et pompe de cale installée dans un puisard profond. En revanche le bac supérieur amovible, difficile à manier quand on veut accéder à la soute elle-même, est une fausse bonne idée. Enfin l'accastillage et la sellerie sont tous deux de bonne facture, et fourmillent de détails bien conçus, à l'exemple de l'assise du barreur relevable, pratique et confortable pour le pilotage debout et des coussins latéraux qui agrandissent généreusement le solarium arrière. Seul bémol, le pare-brise semble fragile, faute d'ancrage sur un arceau inox…
Terminons par l'agencement bien proportionné du pont qui délivre un excellent compromis entre facilité de circulation, places assises et zones de farniente. Avec quatre vraies places assises dans le sens de la marche (plus deux ou trois sur le pont avant), deux bains de soleil et une table de pique-nique (en option) dans la zone avant, le HP Reef 5.2 est idéal pour quatre à six personnes. Mais ne rêvez pas de la capacité maximale autorisée (10 passagers), à n'utiliser que pour de brefs trajets. À cette réserve près (qui peut d'ailleurs s'appliquer à presque tous les "pneus" de plaisance), la visite de propriétaire mérite une très bonne note.
En mer, la carène large et stable confirme les bonnes impressions ci-dessus. Au mouillage, le flotteur posé sur l'eau assure une parfaite stabilité et en pilotage, le bateau s'avère vivant et sûr avec le Suzuki 80 ch de cet essai. Cette puissance est amplement suffisante pour la balade et le ski nautique ou le wake-board en amateur, tout en procurant un pilotage assez dynamique. Le Suzuki DF90 (même bloc et même poids que le 80 ch) offre toutefois une alternative intéressante, notamment si l'on navigue avec un équipage nombreux. En revanche, la puissance conseillée par le constructeur (60 ch) semble trop juste pour exploiter le potentiel de la carène. Quant à la puissance maxi autorisée (115 ch), elle apparaît peu conforme au programme de ce modèle et assurément réservée à des pilotes très expérimentés. Le Suzuki DF80 assure un déjaugeage nerveux (moins de 3 secondes), bien en ligne, avec un léger cabré suivi d'une reprise d'assiette rapide. La stabilité en ligne droite est sans reproche, tant en longitudinal qu'en latéral, avec une bonne réponse au trim ; on gagne jusqu'à 300 tours à plein gaz, sans forcer sur ce réglage sous peine de provoquer l'instabilité latérale.
Sur le plan d'eau assez désordonné de la Petite Passe de Porquerolles, le HP Reef 5.2 montre un comportement franc dans toutes les situations. Par mer de face, les allégements à haute vitesse sur les crêtes n'entament en rien la sécurité, pas plus que la navigation par mer arrière "manette dans le coin" (pas de freinage ni tendance à enfourner dans les creux) ou par mer de travers, situation où la carène extra large et le flotteur assez bas induisent tout de même quelques coups de raquette.
La largeur et le flotteur bas influencent le comportement en virages, en maintenant le bateau presque à plat quel que soit le rayon de giration. Cela ne l'empêche pas de faire preuve d'une bonne tenue en termes de précision des trajectoires et d'accroche, en notant toutefois une tendance à ventiler en virages serrés. Un petit regret également pour la direction à câble très directe (3 tours ¾ de butée à butée) et vraiment ferme, ce qui ne favorise pas le pilotage par des enfants ou des femmes. Une démultiplication un peu plus généreuse procurerait plus de confort sans compromettre la précision. Enfin, les sensations et les performances délivrées par le 80 ch sont satisfaisantes, avec de belles accélérations, un chrono maxi de plus de 33 nœuds, et de bonnes vitesses de croisière. Pour un supplément de fun, n'hésitez pas à opter pour le 90 ch !
Conclusion : Ce modèle s'inscrit dans le haut de gamme de sa catégorie au regard de sa qualité de construction et de sa finition, tout en affichant un tarif concurrentiel par rapport à ses concurrents directs. On aime son look soigné, auquel quelques touches de couleur apportent une note de gaieté, ainsi que son cockpit, aussi confortable en mer qu'au mouillage, avec deux vrais solariums. Élégant, bien équipé et sûr, il s'avère un bon choix pour la balade estivale, et qui place le confort avant le plaisir de pilotage.