Sa largeur, exceptionnelle pour sa longueur, lui confère une surface de pont peu commune, entièrement dédiée au confort de l'équipage. Une petite cabine située dans la console autorise même de passer la nuit au mouillage. Cela tombe bien, ses performances et son autonomie le destinent à de lointaines excursions.
Texte et photos Philippe Leblond
Les lecteurs fidèles de Pneu Mag éprouveront sans doute une impression de déjà vu, en observant ce grand BWA qui, à sa sortie sous l'appellation 850 Goldline, se plaçait presque du sommet de la gamme du constructeur de Dresano (Milan). Depuis, la production de BWA s'est signalée par des lancements spectaculaires, avec des unités pouvant approcher les 13 mètres ! Successivement baptisé Platinum, puis Goldline, il porte aujourd'hui la mention Premium, en même temps qu'il a bénéficié de quelques améliorations. Il s'est vu adjoindre des plates-formes de bain sensiblement plus longues, ce qui lui vaut d'avoir gagné un demi mètre, un arceau polyester en lieu et place du roll-bar inox, une banquette latérale arrière tribord dont l'assise est plus large, un petit meuble lavabo à tribord, une porte de cabine en plexiglass et un tableau de bord modernisé, mieux à même d'accueillir les centrales de navigation actuelles, avec leur grand écran. Ah oui, n'oublions pas le réservoir d'essence, qui a gagné 50 litres… Pour le reste, on se trouve en présence du fameux EightFifty, essayé par nos soins dans Pneu Mag n°51 (janvier/février 2006).
Certes, le dessin de la console, outre le fait qu'il reste original, servant de rouf de cabine supportant un large siège au dossier incliné, est un peu daté. Et, toujours d'un point de vue esthétique, l'arche en polyester a le trait un peu épais. Toutefois, les flotteurs à diamètre progressif donnent un bel élan à la carène, et la qualité d'ensemble (gel-coat d'un brillant uniforme, pont avec inserts de vrai teck, tissu Orca assemblé dans la longueur…) fait toujours bel effet. Ce semi-rigide pour la balade en famille ou/et avec des amis, conserve son caractère haut de gamme. Les amis, justement, pourront y embarquer en nombre. Nous ne faisons pas là allusion à l'homologation en passagers, digne d'un boat-people (24 personnes !), mais au fait que l'on dispose d'une dizaine de places assises, et que la liberté de mouvement autorisée par la largeur habitable – dans le passavant bâbord on peut même se croiser à deux ! - permet d'y passer la journée à huit ou dix passagers, sans se marcher sur les pieds. Pour ce qui est de passer la nuit à bord, ce sera possible lors d'une croisière en amoureux, grâce à la couchette double (187 x 183 cm) et au WC (chimique ou marin), si l'option a été retenue. Dans ce contexte de prolonger son séjour dans les mouillages forains, on peut regretter que BWA n'ait pas prévu un supplément de confort : la douche avec eau chaude et le réchaud.
A côté de ses nombreuses places assises, le 29 Premium propose deux grands solariums (trois personnes sur chacun, sans se gêner), un grand coin repas pour huit et un volume de rangement en rapport avec son programme. Les affaires de l'équipage pourront sans mal trouver place dans les coffres (trois à l'avant plus deux à l'arrière), ou au besoin, dans la console/cabine, bien au sec, pour les vêtements ou le matériel fragile. Autre point positif, le confort de pilotage, avec une position confortable, que ce soit debout ou assis, en profitant du repose-pieds inox/teck repliable. Bien vu aussi la main courante pour le copilote, le vide-poches et le rangement pour le petit matériel, sous l'assise du siège du poste de pilotage.
Notre bateau d'essai, mis à disposition par le revendeur Arcachon Marine, accessoirement concessionnaire Honda, était donc équipé de moteurs de cette marque. En l'occurrence, un tandem du plus puissant d'entre eux : le BF250. Avec 500 chevaux au tableau arrière, on pouvait s'attendre à des performances de choix. De ce point de vue, nous n'avons pas été déçus avec une vitesse de pointe dépassant légèrement les 50 nœuds, une marque qui classe résolument le 29 Premium parmi les "limousines nautiques" sportives. La franche poussée des V6 japonais se traduit également par de brillants chronos d'accélération : moins de 5 secondes pour déjauger et à peine plus pour franchir les 20 nœuds. Pas mal, considérant les près de 3 tonnes du canot en ordre de marche ! Dès 3 000 tr/min, les 20 nœuds permettent de planer à l'économie, mais c'est à 3 500 tr/min, avec 25 nœuds à la clé, qu'on obtient le meilleur ratio distance parcourue/essence consommée, avec 0,62 mille par litre. Un excellent chiffre au regard de la puissance installée. Le débit instantané est alors de 40,8 litres pour les deux moteurs, seulement. Une relative sobriété, assortie d'une autonomie de 250 milles (il est vrai que le réservoir est généreusement dimensionné, avec ses 450 litres), soit largement de quoi faire un aller-retour continent-Corse, sans ravitailler, à condition de conserver cette allure, car si la tentation de pousser les régimes à 5000 tr/min vous prenait, vous doubleriez la consommation !
Puissant, rapide, le 29 Premium distille de bonnes sensations à la barre. D'autant que la carène se montre sensible à l'action des trims, ayant une belle propension à s'aérer à l'approche du régime maxi. Mais, alors apparaît un léger roulis qui peut inquiéter les pilotes non aguerris. Autre remarque, en sortant du Bassin, à la recherche d'un peu de relief marin, nous trouvons une houle d'environ un mètre. Le BWA passe sans trop impacter à la réception de petits décollages, mais son nez apparaît léger, même avec les trims en négatif. L'assiette n'est donc pas neutre. Sans doute le poids des deux V6 déplace-t-il le point d'équilibre vers l'arrière. Il nous semble que le 29 Premium serait mieux balancé en monomoteur, avec un Yamaha 350 ch (soit 211 kg en moins sur le tableau arrière) par exemple, ou s'il doit être propulsé par des Honda, par une paire de 4 cylindres, BF150 (142 kg de moins). D'autant que les performances, dans les deux cas seront encore satisfaisantes pour un semi-rigide à vocation familiale, avec sans doute un peu plus de 40 nœuds au régime maxi… Sinon, le comportement est franc, que ce soit en termes de tenue de cap, ou en courbe rapide où le BWA démontre une belle maniabilité, virant court pleins gaz, avec une précision et une docilité qui ne trahissent pas le barreur.
Conclusion :
Bien que remontant à bientôt dix années, la conception du 29 Premium reste d'actualité, son invraisemblable carrure générant un espace de cockpit remarquable. La carte du confort à l'escale est assez bien exploitée, même si l'on peut regretter l'absence d'une douche intérieure et d'un réchaud dans la kitchenette extérieure, afin que la panoplie de semi-rigide pour la petite croisière soit complète. La convivialité au mouillage n'en demeure pas moins appréciable pour les sorties diurnes en famille, ou entres amis, car le BWA sait se montrer accueillant.