L'aménagement de son cockpit est une franche réussite dans la perspective de sorties en famille. Vrai solarium, places assises, circulation aisée, nombreux rangements, tout concourt à rendre agréables les petites navigations côtières et les escales dans les criques. A condition de lui donner la puissance nécessaire…
Texte Philippe Leblond – Photos Philippe Leblond et DR
C'est le plus petit modèle d'une gamme qui, en l'espace de seulement quatre ans, s'est rapidement développée pour compter pas moins de neuf semi-rigides. Le plus grand d'entre eux, le 28 Sport GT avec ses 8,45 m (voir essai dans Pneu Mag n°107) est aussi le dernier-né de cette fratrie qui a avantageusement rénové l'image de marque du chantier. Avec ses 4,50 m, le cadet de la série Sport offre plus que ce que l'on est en droit d'attendre d'un bateau de cette longueur, notamment sur le plan de l'habitabilité et du confort. D'une part, il dispose de trois vraies places assises (deux sur le siège de pilotage, un sur l'avant de la console), auxquelles on peut aisément ajouter deux "sièges" d'appoint avec le concours du flotteur bâbord, les passagers pouvant se ternir à la main courante de console, et celle-ci étant déportée à tribord, disposer de l'espace voulu pour placer leurs jambes. Par ailleurs, le pont contremoulé d'une seule pièce, servant de support au bain de soleil, à la console et au siège arrière, ménage un volume de rangement que l'on ne trouve que rarement sur un semi-rigide de ce gabarit. Il participe également à la rigidité structurelle de l'ensemble coque/tubes.
Malgré la présence massive d'éléments de confort, les déplacements à bord restent aisés, via le très large passavant bâbord et, du même bord, le petit passage vers l'échelle de bain. On peut regretter que celle-ci ne dispose pas d'une petite plate-forme, moulé avec le tableau arrière ou rapportée sur celui-ci. Pour le rangement, pas de soucis, toutes les affaires d'une petite famille trouveront place à bord dans les coffres. Certes, celui de la banquette arrière biplace est en grande partie occupée par la batterie (dans son bac étanche) et la nourrice de carburant de 25 litres. Mais, il reste le grand coffre avant et un bon volume sous la console, avec deux accès. Au mouillage, les occupants apprécieront le solarium de bonne dimension et la stabilité, le BWA étant bien campé sur ses gros flotteurs (51 cm de diamètre).
Essayé dans le cadre du lancement des Suzuki DF25 et DF30, l'an passé, le Sport 25 doté du tout nouveau 30 ch japonais était en limite de sous motorisation. Deux chiffres le prouvent. Celui de la V-max, dépassant péniblement les 21 nœuds (on peut en ajouter un ou deux en mer, l'eau douce du Lac Majeur étant moins "porteuse") et surtout celui du déjaugeage avec un chrono laborieux de 8"8. A sa décharge, ce petit ensemble lesté de trois occupants subissait un très fort cabrage avant de parvenir à hydroplaner (le poste de pilotage est en position reculée), et l'hélice (12 pouces de pas) était à l'évidence trop longue, puisque avec un régime maxi de 5 500 tr/min nous sommes restés à distance du régime maxi préconisé par Suzuki (6 300 tr/min). En revanche, nous avons pu apprécier la sobriété de ce petit trois cylindres qui distille une sonorité discrète et signe un superbe rendement à la vitesse de croisière de 15,2 nœuds (4 500 tr/min), avec près de trois milles parcourus par litre consommé ! A cette allure, l'autonomie procurée par la nourrice standard, s'élève déjà à 66 nautiques. Et, il est encore possible de l'étendre à 105 milles avec le réservoir optionnel de 40 litres !
Difficile de juger plus avant le confort dont peut faire preuve la carène en V évolutif du Sport 15, les eaux du Lac Majeur étant d'un calme olympien le jour de notre essai. Par contre, ses qualités évolutives sont plaisantes pour le barreur qui se sent tout de suite en confiance, tant dans les virages rapides (malgré la cavitation de l'hélice lorsqu'on ressert le virage) qu'en ligne droite, en utilisant le trim à son maximum. Reste que, malgré les bonnes dispositions du nouveau DF30, cela manque un peu de chevaux, que ce soit dans l'optique de navigations en famille, ou de parties de glisse tractée. Sans pour autant viser la puissance maxi autorisée par le chantier (70 ch), un 40 ou un 50 ch serait le bienvenu.
Au ponton
Le moins qu'on puisse dire c'est que le Sport 15 met les petits plats dans les grands pour recevoir une petite famille et de quoi passer la journée en mer. Un vrai solarium, plusieurs places assises, un grand volume de rangement (avec coffre de mouillage indépendant), une stabilité latérale irréprochable, tant à l'arrêt qu'en navigation… rarement le confort aura été aussi présent à bord d'un semi-rigide de seulement 4,50 m. Bien sûr, tout n'est pas parfait à bord de ce BWA, à l'image de l'absence de taquets pour l'amarrage ou le mouillage ou d'une petite plate-forme de bain, mais l'essentiel est bien là. Un bon point aussi pour la position de conduite, ainsi que pour le tableau de bord qui réserve de la place pour fixer un combiné GPS/sondeur et intègre un petit vide-poches.
En mer
Plutôt "sur lac", en l'occurrence, avec cet essai sur le Lago Maggiore. Si ce plan d'eau calme ne nous a pas permis de cerner ce que pourraient être les qualités de passage de la carène du Sport 15, dans la mer formée, il nous a néanmoins offert de prendre du plaisir aux commandes de ce petit BWA qui obéit au doigt et à l'œil, malgré un déficit de puissance assez flagrant. Le nouveau DF30 de Suzuki n'y est pour rien, car à l'évidence, il faudrait au moins 10 ou 20 chevaux supplémentaires pour que ce petit semi-rigide "tout confort" puisse s'exprimer réellement, tant en performances qu'en comportement. Cependant, pour un équipage de deux, avec un programme "promenade/farniente", le DF30 devrait faire l'affaire…