Design et finition haut de gamme pour ce (très) grand semi-rigide, qui justifie au plus haut degré l'appellation Goldline de la gamme. Le programme : balade entre amis et farniente dans les criques, dans une atmosphère raffinée. Ce luxueux modèle témoigne des ambitions nouvelles de BWA.
Texte et photos Jacques Anglès
Ne vous y trompez pas : malgré son nom de marque et ses modèles aux appellations anglo-saxonnes (Goldline EightFifty, SixOne America et autres Professionnal Open), BWA est bien un chantier italien, installé près de Milan. Point commun de tous les BWA : des coques robustes et des flotteurs en Néoprène/Hypalon Orca, bref une construction sérieuse qui permet à la marque d'afficher des clients tels que la Marine Nationale, la Protection Civile et de nombreux professionnels, notamment des plongeurs. Son catalogue totalise près de 40 modèles, avec deux gammes principales plaisance, sur sept carènes de base : la gamme Professional Open, des coques nues personnalisables à la carte grâce à un généreux choix d'accessoires, et la luxueuse série Goldine, dont le 850 de notre essai est le modèle amiral.Ce grand semi-rigide séduit au premier regard par sa présentation : le flotteur blanc est rehaussé par d'élégantes touches de couleurs allouées aux renforts et accessoires (gris et bordeaux souligné de discrets filets « or »), la sellerie blanche et bordeaux est impeccable et le teck apporte une ultime touche de classe à une finition soignée en tout point. Le design est lui aussi très travaillé, sans aucun angle vif, avec un gel-coat impeccable. Ajoutons que la taille de l'engin en impose, avec une longueur effective de 8,59 m (plus que les 8,50 m annoncés, ce qui est assez rare pour être souligné) et une largeur confortable de 3,50 m. La carène très longue (elle se prolonge presque jusqu'à l'extrémité arrière des flotteurs) et la proue carrée ajoutent de l'espace au cockpit, où la circulation est facile d'un bout à l'autre. Pour ce faire, la console de pilotage est légèrement décalée sur tribord, ce qui élargit le passavant bâbord. Cette disposition laisse tout de même un passage à tribord, plus étroit mais néanmoins fort pratique pour le pilote si celui-ci a besoin de gagner rapidement l'avant (par exemple lors les manœuvres de port). De même, les deux banquettes arrière (six places confortables, huit en se serrant) n'occupent pas toute la largeur, ce qui ménage à bâbord un passage commode vers l'échelle de bain. La partie avant est clairement destinée au farniente, avec un immense bain de soleil de plus de 2 m de long. Une rallonge permet en outre de faire la jonction avec la grande « chaise longue » qui s'appuie sur l'avant de la console de pilotage. Agréable au mouillage, ce « transat » bénéficie d’un astucieux appuie-tête articulé qui permet en un clin d’œil de le transformer en banquette biplace, avec deux poignées latérales pour se tenir en navigation. Autre avantage, le dessin allongé de la console trahit la présence d’une « cabine » assez grande pour y installer une couchette double (en option). L’intelligence du design se confirme sur l’ensemble du bateau, à l’exemple du « carré » arrière avec ses deux banquettes disposées en vis-à-vis, convertible à volonté en solarium ou en coin repas pour six ou huit convives.
Même soin pour la réalisation du flotteur à sept compartiments, en Néoprène-Hypalon Orca (Pennel Industries) assemblé à la main. Les collages sont nets, le pourtour (extrémités comprises) est protégé par un double liston en caoutchouc épais, et des socles en polyester recouverts de teck procurent, à l’avant et à l’arrière, des marchepieds pratiques pour embarquer ou débarquer. Seul regret, on préférerait du cordage souple plutôt que des sangles rigides qui courent sur le dessus du flotteur.
La carène en V profond se caractérise par une longueur au-dessus de la moyenne, deux virures à mi-hauteur et un large méplat sous la flottaison destinée à accélérer le déjaugeage. L’étrave est pincée et assez remontante, avec un davier d’ancre traversant associé à un guindeau électrique (en option). à l’arrêt, les flotteurs sont nettement au-dessus de l’eau et n’assurent donc pas la même stabilité latérale que s’ils étaient à son contact.Pour cet essai notre 850 Goldline est doté d’un Mercury 250 ch Verado, ce qui correspond à la puissance minimale conseillée par le constructeur. On note au passage que le tableau arrière, très large, est renforcé d’origine pour une bimotorisation, les préconisations du chantier allant de 2 x 150 ch à 2 x 225 ch, puissance maximale autorisée.
On retrouve avec plaisir la discrétion du Verado, pratiquement inaudible au ralenti. Quelques manœuvres avant-arrière entre les pontons permettent de constater que ce gros semi-rigide est facile à placer, sans déraper de l’étrave (il faudra tout de même être plus attentif que sur un 5 m par vent de travers, vu l’encombrement et le poids de l’engin).
Nous laissons au six-cylindres le temps de monter en température en sortant du port, restant au ralenti jusqu'à la limite des 300 m, et hop c'est parti ! On commence par un bon point avec un chrono de déjaugeage de 5 secondes pile. Un excellent résultat compte tenu du poids et de la puissance minimale installée, qui s'explique par une belle attitude de la carène, qui déjauge bien à plat, sans la résistance que provoque souvent le cabrage. Ensuite la montée en régime est assez rapide, le Verado confirmant ici ses excellentes qualités (voir notre essai dans Pneumag n° 44). Moteur légèrement trimé, nous atteignons 38,4 nœuds au GPS avec un régime de 5 400 tr/mn, un peu en dessous du maxi préconisé par le motoriste ce qui est l'indice d'une hélice un peu « longue » (une hélice un pas plus courte aurait peut-être permis d'atteindre la barre valorisante des 40 nœuds). à cette vitesse, la carène efface un bon clapot de force 4 dans un confort parfait et la stabilité est impeccable, quel que soit l'angle d'attaque des vagues. Ce bateau délivre une sensation de sécurité absolue, que ce soit en ligne droite ou en courbe où la précision de conduite est sans reproche, avec une gîte assez prononcée et une accroche jamais prise en défaut. Capable d'une vitesse de croisière de 25 à 30 nœuds, cette motorisation est suffisante pour un programme de balade familiale (avec un excellent rendement) et l'on pourra confier le volant sans crainte à un néophyte. Les amateurs de pilotage sportif préféreront une puissante supérieure (justifiée en bi motorisation) pour mieux faire valoir les qualités de cette carène et flirter avec les 50 nœuds. Seul bémol constaté lors de notre essai : par vent de travers, les embruns humidifient quelque peu les places arrière. C'est peu au regard d'un bilan très positif..
Conclusion
Qualité, sécurité et séduction sont au rendez-vous sur ce semi-rigide haut de gamme, avec un budget qui n’est certes pas à la portée de toutes les bourses. Intelligemment conçu, son grand cockpit permet d’embarquer huit à dix passagers sans se bousculer pour des balades à la journée, ou de s’adonner à la croisière-raid à quatre ou cinq personnes si on l’équipe du taud de camping optionnel. Il faut aussi prendre en compte l’encombrement : avec 1,7 à 2 tonnes et l’obligation de dégonfler les flotteurs pour respecter le gabarit routier, on est à la limite du bateau transportable.