Cette fusée aquatique britannique ne s'adresse pas aux flâneurs. Son domaine c'est le "run" sportif, pour les mordus de la V-max. En conséquence de quoi, son pilote a opté pour une mécanique d'exception : l'Optimax 300 XS. Accrochez-vous, ça va ventiler copieux !
Texte et photos Philippe Leblond
Assis à califourchon sur son siège jockey, Jean-Charles, le jeune propriétaire du ViperMax en salive déjà. L'heure de l'essai a sonné. D'un geste solennel, il actionne le bouton de démarrage abrité sous son petit capuchon rouge de sécurité. Le V6 de la gamme Racing de Mercury s'ébroue puis lâche son râle caractéristique. Docile, l'Osprey quitte son catway, direction la Baie de Quiberon. Le temps d'échanger avec Jean-Charles sur les particularités de son protégé. Ce bateau porte la patte de Rohan Le Trevedic, ex-commercial de Jouvence Marine qui n'a jamais caché son faible pour les semi-rigides survitaminés. Voilà qui explique le choix de ce hors-bord ultime (meilleur rapport poids/puissance au monde avec 0,76 kg/ch).
La mécanique est chaude, on va pouvoir lâcher les chevaux ! Comme attendu avec ce genre de montage mécanique orienté compétition (hélice à pas long de 23" et powerlift à 12 cm d'élévation), le déjaugeage n'est pas le point fort, et le 0 à 20 nœuds prend plus de temps qu'avec des moteurs standard de puissance bien plus modeste. Par contre, lorsque l'hélice mort vraiment (aux alentours des 15-25 nœuds) l'accélération se met à décoiffer sérieusement. La montée en régime est alors rageuse, et l'Optimax monte le son. Notre essai se déroulant par des conditions des plus clémentes nous allons pouvoir aller chercher la V-max en exploitant au mieux le réglage combiné du lift et du trim. Le régime s'établit maintenant autour de 6 000 tr/min. Notre GPS "plafonne" à 58-59 nœuds. Un petit coup de lift supplémentaire et le bateau semble encore "monter" au-dessus de l'eau, comme porté par un coussin d'air. Notre régime maxi tutoie maintenant les 6 200 tr/min. Coup d'œil au GPS : 60,9 nœuds ! Ce sera notre "dernier mot", car à cette vitesse-là (le bateau est donné à maxi 53 noeuds par Osprey avec un montage "normal"), ce type de coque légère et fortement motorisée (moins de 5kg/ch) n'est pas facile à contrôler quand le roulis cherche à s'installer. La hantise du tête-à-queue traverse immanquablement l'esprit… Jean-Charles me confie avoir atteint 62,1 nœuds, seul à bord. Bravo !
Aux commandes, le plaisir est intense et l'on ne peut qu'apprécier ces semi-rigides anglais qui rendent le pilotage ludique, réclamant une certaine finesse de réglage. Bien sûr, l'absence de vagues ne nous a pas permis de faire voler cette carène sportive de crête en crête, mais nous nous contenterons de savourer son "toucher de mer" précis et incisif. Les virages rappellent le "grand huit" d'un Luna Park, avec une gîte intérieure très prononcée, où l'arête de la quille coupe l'eau avec la précision d'un scalpel et procure un grip impressionnant, le bateau (lift neutre, trim en bas) ressortant comme un projectile des virages à rayon large ou moyen. Dans les virages serrés, l'absorption de puissance est telle que la vitesse retombe, et l'Osprey ressort plus laborieusement. En virage à droite, attention tout de même car l'effet de couple du 300 ch se fait sentir, et l'inscription est moins franche.
Modèle de la gamme ViperMax (de 5,50 à 7,50 m), le 7.0 est l'un des produits phares d'Osprey. Sur notre bateau d'essai, le flotteur est de diamètre constant, mais il est possible de commander des tubes à diamètre progressif (plus fins vers le nez). Le tissu, qui vient de chez Pennel & Flipo (Orca 1 670 décitex), est assemblé autour d'une coque en V profond, sans redans. Pas de fioritures à bord du ViperMax qui adopte délibérément une configuration "baroudeur" avec quatre places sur sièges jockey (choisis chez un chantier concurrent : Solent) pour les sorties musclées, et deux places assises en avant de la console à utiliser en balade. Ces éléments sont rapportés sur un plancher revêtu d'un antidérapant gris (à la silice), très efficace. La surprise vient de la présence d'un petit solarium dans la pointe avant, dont le matelas dissimule deux coffres, dont un pour le mouillage. Concernant ce dernier point, Osprey a fait l'impasse sur le davier ou le guide si utiles pour maintenir la ligne d'ancre en place… Rappelons néanmoins que les Osprey sont des semi-rigides faits sur mesure, ayant l'ambition de s'adapter aux desiderata du client.
AU PONTON
Le cockpit d'un Osprey peut être aménagé à la demande (et pas obligatoirement avec les accessoires du chantier). Sur un tel bateau, dont la largeur intérieure n'est pas des plus généreuses, les sièges jockey sont un bon choix. Leur assise basculante ouvre sur un rangement. Inimaginable il y a encore quelques années sur ce type de semi-rigide, le bain de soleil gagne du terrain.
EN MER
Grâce à un bon réglage combiné de son powerlift et de son trim, le ViperMax est capable de dépasser les 60 noeuds ! Et en virage, la précision et le grip de sa carène délivrent des sensations grisantes. Carène longue et étroite en V profond, silhouette très sportive : pas de doute on a bien affaire à un RIB anglais !