Identité résolument sportive pour ce RIB affûté, caractéristique de l’école britannique, qui dépasse allègrement les 50 nœuds et délivre de belles sensations de pilotage. Et les retrouvailles avec l’Optimax 250 XS, moteur expressif s’il en est, rehaussent le plaisir…
Texte et photos Philippe Leblond
Réputé depuis longtemps dans le domaine du motonautisme de compétition la marque anglaise s’est construite une expérience (et un palmarès) non négligeable en course offshore. A l’instar d’autres constructeurs britanniques, Osprey produit des semi-rigides dont l’apparence ne laisse planer aucun doute sur leur programme de prédilection : la navigation sportive ! D’où une carène en V profond, des flotteurs haut placés, un cockpit creusé et étroit, hérissé de sièges jockey… Amateurs de farniente, attachés à l’équipement de confort, du type banquette en U pour carré, solarium, plates-formes de bain, kitchenette, cabriolet, passez votre chemin ! D’ailleurs, Guillaume, le propriétaire de cet Osprey, qu’il nous a offert d’essayer, n’est pas du genre à s’endormir au mouillage. « Je voulais un bateau qui soit un peu familial, qui passe bien dans la mer formée, et surtout véloce. Cet Osprey, c’est mon cinquième semi-rigide et avec lui, j’ai trouvé ce que je cherchais ».
*Au ponton*
Flotteurs anthracite en Orca « carbon », jockeys à dosserets enveloppants, console profilée provenant de chez Technohull (semi-rigides grecs importés par Brugge Marine Center), peintures de guerre (damier course), Optimax 250 XS perché sur lift… Cet Osprey annonce la couleur ! Celle de la sportivité. Mais si Guillaume lui trouve des aptitudes « familiales » cela tient surtout à la présence de la banquette arrière ergonomique à trois places, bien dessinée et moelleuse. Notre homme est même allé jusqu’à faire des trappes de coffres en carbone, maintenues par Velcro « la chasse aux kilos ! »… Il en ressort un rapport poids/puissance assez décoiffant, de 4,4 kg/ch, de quoi rendre le pilotage attractif. Avec les quatre places « baroud » sur les jockey et le siège supplémentaire « balade » moulé sur l’avant de la console, le ViperMax 7.3 permet à huit personnes de naviguer en confort et sécurité. Le pont, revêtu d’un antidérapant efficace, est de plain-pied jusqu’à la baille à mouillage et sa bitte inox, mais l’étroitesse des passavants oblige, pour accéder à l’avant, de passer sur les flotteurs. Pas très commode, mais c’était le prix à payer pour disposer d’un poste de pilotage véritablement biplace. Celui-ci affiche un large tableau de bord, autorisant l’encastrement d’un combiné GPS-sondeur, en plus des nombreux instruments moteur, regroupés face au pilote. On notera la bonne position de conduite, avec un double cale-pied moulé à la base de la console et un profond retrait au niveau des genoux, garanti sans heurts. Pour ce qui est du rangement, aux quatre coffrets situés sous les assises jockey et la cale (surtout technique) dans le socle de banquette, s’ajoute le grand volume de la console, dont la façade avant se relève, libérant un large accès. Pour le bain, on peut compter sur l’échelle avec sa petite plate-forme, simplement boulonnée sur le tableau arrière.
*En mer*
Port de Lorient, face à la Cité de la Voile. Guillaume, l’heureux propriétaire de l’Osprey tourne la clé de contact. Instantanément, le premier râle de l’Optimax 250 XS déchire l’air et nous transporte dans l’univers de la sportivité. Ce V6 deux-temps de 3 litres, ultra couronné dans le domaine de la compétition (particulièrement en offshore), provient des ateliers de Mercury Racing, mais sa diffusion se fait très rare aujourd’hui. Celui de Guillaume est équipé d’une hélice Bravo One au pas particulièrement long, 28 pouces (!), venant s’ajouter à un rapport d’embase des plus longs, lui aussi (1,75 : 1). Deux choix privilégiant délibérément la vitesse de pointe. De surcroît, cette quatre pales inox a bénéficié d’un traitement « lab finished » de la part de Mercury, afin de l’adapter au mieux à l’Osprey de Guillaume, et au montage sur un lift hydroélectrique Bob Machine, avec commande au volant. Quand le lift est en bas, la plaque anti-cavitation est déjà située 17 cm plus haut que la ligne de quille, et lifté au maxi, elle s’élève à 32 cm ! De surcroît, le 250 XS de Guillaume est doté de l’embase Sport Master (fût court de 20’’), profilée d’un « nose cone » offrant un profil hydrodynamique optimal et une prise d’eau de refroidissement placée sous l’obus, autorisant de monter le moteur très haut.
Le décor étant planté, il n’y plus qu’à faire parler les chevaux ! Attention, compte tenu de la configuration typée vitesse, si le V6 de Fond du Lac rugit comme à son habitude, le déjaugeage s’avère laborieux (5’’) et la mise en vitesse aussi (7’’7 pour atteindre les 20 nœuds). Rien de plus normal. Avec ses 28 pouces, la Bravo One est très chargée en eau et il lui faut un peu de temps pour visser efficacement et passer la puissance qui déferle au démarrage, ce qui n’est plus le cas une fois lancée, avec des reprises vigoureuses et instantanées. Alors, on lui donne « un petit coup de pouce », en montant le trim pour la faire travailler plus près de la surface. Dès que l’Osprey s’extirpe de sa gangue liquide, et que l’hélice à vissé, on rebaisse légèrement le trim pour bien exploiter la puissance. Réglage stabilisé pour prendre les tours, puis montée progressive du lift jusqu’à des hauteurs qu’on ne rencontre pas fréquemment dans la plaisance. Le plan d’eau (pas vraiment plan d’ailleurs, ce qui n’a pas aidé pour nos mesures de vitesse maxi) défile maintenant à une vitesse impressionnante au son rageur du 250 XS. Les 50 nœuds sont atteints assez facilement, avec un bateau stable. Par contre, pour aller chercher les six nœuds supplémentaires, il faut se montrer actif sur la barre et les gaz, et trouver le bon réglage combiné du lift et du trim. Voilà qui demande un peu de doigté et d’expérience, pour contrer l’amorce de roulis qui ne demande qu’à s’emplifier… Mais, c’est aussi le charme de ce genre de semi-rigide.
Les mesures de vitesse terminées, nous sortons de la protection de la Pointe de Groix pour goûter au clapot de 80 cm croisant avec une légère houle résiduelle. Sur ce terrain quelque peu anarchique, la carène du ViperMax fait plus que le métier, le lift apportant, dans ces conditions, un peu plus de stabilité longitudinale et de confort dans la vague. Les quelques petits sauts se font bien en ligne et les reprises de contact en souplesse sur le tiers arrière. Au volant, on se régale ! Un peu moins par mer de travers, où il vaut mieux rendre un peu la main pour éviter quelques déséquilibres latéraux. Il suffit de quitter la sphère des 50 nœuds pour retrouver un comportement plus tranquille. En virage, la coque acérée du ViperMax assure un grip indéfectible, aidé par une gîte intérieure très marquée, typique des semi-rigides anglais. La précision des courbes est remarquable. Par contre, lorsqu’on raccourcit franchement le rayon des virages, la motricité est prise en défaut. Pour ce qui est des allures de croisière, elles sont en relation avec le niveau de la V-max : entre 30 et 45 nœuds ! Quant à l’autonomie, elle devrait se situer au-dessus des 150 nautiques avec le réservoir de 220 litres. A cet égard, Osprey propose trois autres capacités : 85, 125, ou 2 x 220 litres. Les deux premières nous semblent clairement insuffisantes en utilisation plaisance avec la puissance maxi, tandis que les 440 litres pourraient intéresser un amateur de raid ou d’expédition.