Vrai semi-rigide par sa constitution, ce Sealver hybride, intégrant un hydrojet Yamaha comme propulseur, n'en possède pas moins le tempérament d'une moto marine. Engin collectif, pour la famille, il permet aussi de profiter du jet à part entière, lorsque celui-ci reprend sa liberté. Super fun !
Texte et photos Philippe Leblond
Ceux qui ont connu le Mother-Craft de Yamaha (au milieu des années 90) ont sans doute une impression de déjà-vu. La différence, c'est que le Wave Boat 575 Rib est un semi-rigide, et que ses performances n'ont rien à voir avec celle de l'éphémère création du motoriste nippon. Reste que le concept est le même, reposant sur l'idée de marier une coque aménagée pour un programme familial et une moto marine, plus axée sur la pratique individuelle, la seconde servant de propulseur à la première. Il faillait y penser ! Présenté l'an dernier au Nautic de Paris, le modèle semi-rigide est venu rejoindre le 525, un modèle rigide, sans flotteur (un second rigide, le 656, est préparation). Sealver, chantier du Bassin d'Arcachon, semble donc bien partit pour exploiter ce filon de l'hybride du deux bateaux en un, puisqu'il a également programmé deux autres semi-rigides de 6,50 et 7,50 m ! Voyons d'un peu plus près le phénomène. Si l'on fait exception de la présence du jet, la partie bateau est comparable à n'importe quel semi-rigide : carène polyester à V évolutif, flotteurs en PVC à quatre compartiments gonflables, armés de saisines et de poignées. Détail plus rare, les flotteurs fermés par des bouchons en polyester creusés de marches pour aider à remonter de la baignade. La proue s'offre un solarium de dimensions décentes, son matelas recouvrant un grand coffre enduit de gel-coat brillant. C'est le seul rangement du bord. Plus en avant, on trouve un opercule circulaire fermant la baille à mouillage pour une petite ancre. Le nez du bateau est surmonté d'un petit taquet coinceur sur lequel frapper la ligne de mouillage. La banquette, à l'ombre du T-top, offre trois places assises. Au plan de la construction, la stratification est confiée à un sous-traitant, Yachting France Production, qui travaille pour le chantier Beacher, bien connu des plaisanciers du Bassin, tandis que les flotteurs sont confectionnés en Chine. Très bientôt, ces derniers seront produits par Discov'Rib à La Rochelle, avec du tissu Orca (650 et 750) ou du PVC (575). Pour ce qui est du T-top (accessoire optionnel), il est fabriqué par Nautiluc (Gujan). C'est à mi-longueur que prend naissance le réceptacle de l'hydrojet. La carène de ce dernier vient se glisser dans ce moule femelle sans fond, le liston emprisonné entre deux rails. Deux sangles à enrouleurs en inox viennent maintenir l'arrière du jet en place. Le Waverunner, fermement maintenu, ne dépasse l'extrémité des flotteurs que de quelques centimètres. Un dispositif simple et rapide à mettre en œuvre qui libère ou capture le jet en quelques secondes. Ainsi, l'envie de chevaucher le Yamaha Waverunner, avec sa selle biplace, en toute liberté est quasiment sans contrainte. Le bateau flotte alors seul, ses occupants libres de prendre un bain de soleil ou de pique-niquer pendant que le pilote enchaîne ses évolutions à distance.Passons à l'essai proprement dit. Dans mon souvenir, si le concept Mother-Craft m'était apparu astucieux, ses prestations dynamiques n'étaient pas enthousiasmantes. En actionnant le démarreur du Waverunner développant la bagatelle de 210 chevaux, je me doutais que l'on changerait de dimension. Effectivement, c'est autre chose ! Même si la mise en vitesse marque un temps d'arrêt (remplissage de la turbine), l'accélération entre 20 et 50 nœuds apparaît nettement plus vive que celle d'un hors-bord de même puissance. Vous avez cligné des yeux sur le chiffre 50 ? Et bien, ce n'est pas de la fiction. Notre GPS a relevé 49 nœuds, pile. Autant dire que sans le T-top, les 50 nœuds sont tout à fait à sa portée. Légèrement couché vers l'avant, les mains cramponnées au guidon, l'impression de vitesse est bien présente, et qu'elle n'est pas notre surprise de constater que le réglage du trim du jet Yamaha possède la même influence que celui d'un hors-bord ! La coque du Sealver s'aère permettant à la turbine d'atteindre le régime de 7 600 tr/min. Le pilotage est ludique, notamment en virages, où l'on retrouve le tempérament particulier de la moto marine, avec un guidon très réactif, un arrière survireur et des relances pleines de punch. Mer plate oblige, nous sommes allés chercher tous les sillages qui se proposaient à nous et, au final, l'amortissement de la carène ne nous a pas déçus, de même que la rigidité de l'assemblage bateau/hydrojet.
AU PONTON
Bien conçue, la partie semi-rigide du Sealver, comporte une banquette triplace et un solarium. Avec la selle biplace du jet, ce sont cinq places assises disponibles, auxquelles peuvent s'ajouter deux autres avec le concours des flotteurs. Seul bémol, un manque relatif de rangement.
EN MER
Avec ce bateau "deux-en-un", tout le monde est content ! Les passagers, qui peuvent partager de bons moments à bord du semi-rigide, au mouillage, et le pilote fou de jet qui peut "s'éclater" à distance. Résultat : zéro frustration. De plus, l'opération qui consiste à réunir ou désolidariser les deux engins est simplissime.
Toutefois, sachez que dans le cas où le jet évolue seul il est soumis à la réglementation des motos marines ne devant pas évoluer à plus de deux milles d'un abri. Lorsque le jet est connecté au bateau, il est considéré comme un moteur et donc, il peut s'éloigner jusqu'à six milles.