Essai Sterna PF 580

Un pêcheur qui présente bien

La qualité des semi-rigides construits en Chine connaît ces derniers temps une évolution positive. Le Profish en apporte la preuve, avec une esthétique conventionnelle mais soignée. L'Evinrude 90 E-tec suffit à le rendre vivant à piloter et performant. Et l'ensemble s'affiche à un prix attractif.

Texte et photos Philippe Leblond


 9 999 € sans moteur (tarif 2013)
 5.8 m
 12
 34,4 nds avec Evinrude E-Tec 90 ch 2T
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Paru dans le Pneumag n° 97 Septembre/Octobre 2013



La liste des options se limite à un accastillage de base, qu'on pourrait presque qualifier d'indispensable (mouillage, sécu, réservoir fixe, batterie, direction hydraulique – vraiment appréciable à partir de 90 ch – feux de navigation…). On note tout de même la présence d'une échelle de bain, d'un siège devant la console et d'un roll-bar inox. Un "bagage" plutôt minimaliste bien en phase avec la dénomination "Profish", soit celle d'un semi-rigide avant tout destiné à la pêche. Ne cherchez pas de solarium, ou de banquette pleine largeur, ni même de douchette… le Profish est un semi-rigide pour plaisancier plus actif que contemplatif.
Dès lors, on appréciera son pont quasiment de plain-pied (c'est tout juste si le coffre à mouillage forme une petite marche) et le large passage laissé à bâbord de la console, cette dernière étant décalée, de même que le leaning-post, au dos duquel sont fixés deux porte-cannes. Il est vrai aussi que ce "mobilier"s de pont est assez compact, le leaning-post étant un petit biplace, et le siège placé devant la console pouvant accueillir au mieux deux enfants. L'antidérapant pointe de diamant moulé dans le pont est efficace, et les vide-vite sont dotés de puisards et de manchons de vidange relevables sur le tableau arrière. Deux supports polyester qui forment un relief à l'arrière du plancher servent de base au roll-bar, sur lequel sont fixés les feux de navigation et l'éventuelle antenne d'un combiné GPS-sondeur. Le nez du bateau est armé d'une petite delphinière, supportant deux taquets et un davier pour faciliter les manœuvres de mouillage.
S'il manque un peu d'allonge en vitesse de pointe (on aurait bien aimé deux ou trois nœuds supplémentaires !), le Sterna prouve qu'avec seulement 90 chevaux il sait se montrer vivant à piloter. Ses chronos d'accélération sont d'ailleurs excellents, grâce notamment à une bosse de déjaugeage peu marquée, et à la nervosité de deux-temps de l'Evinrude E-Tec. Ce trois-cylindres américain, à la sonorité sportive, est à l'évidence un bon choix sur un semi-rigide léger comme le Profish. Prompt à le faire déjauger, il atteint rapidement son régime maxi et délivre de belles reprises en sortie de virages. Il est aussi capable de faire hydroplaner le Sterna à seulement 2 000 tr/min (11,8 nœuds), ce qui laisse au pilote une liberté appréciable pour adopter le régime de croisière de son choix. Soulignons au passage l'excellente vitesse de croisière de 22,8 nœuds à 3 500 tr/min, une allure à la fois contenue au plan de la sonorité et économique en carburant (aux alentours de 10 litres/heure). Si avec cette puissance, le réservoir fixe de 60 litres (une option à 650 €) assure une autonomie convenable (au moins 100 nautiques), il sera vraiment juste avec la puissance maxi autorisée (135 ch).
En l'absence de houle dans la baie de Saint-Vaast-la-Hougue (Cotentin), la brise de noroît ne dépassant pas cinq nœuds, il nous a été difficile de valider complètement l'équilibre de cette carène. Ayant sauté le sillage modeste d'un bateau de pêche, nous en avons une petite idée, plutôt favorable d'ailleurs. Le V de la quille amortit bien le passage dans le petit clapot, ce qui devrait plaire à la petite famille à l'occasion des sorties en équipage (tant mieux car il n'y a pas de banquette parmi les options), et le comportement général est sain, même lorsqu'on trime généreusement, à la recherche du régime maximal (pas de roulis). En virage, l'absence de gîte intérieure surprend un instant, mais on se rassure lorsqu'on force un peu sur les gaz et que le bateau se stabilise sur sa quille, évitant la contregîte. Il faut bien sûr se tenir dans les virages les plus serrés, mais le Profish a le bon goût de glisser un peu, ce qui atténue l'effet de la force centrifuge. La barre reste douce et précise et les remises de gaz en sortie sont énergiques. Voilà qui plaide en faveur du choix d'une puissance modérée (nous dirons entre 90 et 115 ch), afin de conserver à cet ensemble un tarif d'entrée de gamme qui fait aussi son attrait (21 950 € avec options et Evinrude E-tec 90, 23 850 € si l'on y ajoute la remorque Mécanorem.



photo Sterna PF 580


photo Sterna PF 580


photo Sterna PF 580


La finition du Profish est assez soignée, notamment l'assemblage des flotteurs sans défaut apparent. Le pont de plain-pied, doté d'un antidérapant efficace (pointe de diamant moulée), assure des déplacements aisés, un large passavant ayant été laissé à bâbord grâce à la console excentrée. Le tableau de bord sans être spacieux dispose de la place nécessaire pour agencer correctement les instruments, à l'abri du pare-brise. Le dos du leaning-post a été mis à profit pour fixer trois supports de cannes.




Hormis un passage à plat dans les virages, pas vraiment naturel, le comportement du Profish est plaisant et sûr. L'Evinrude 90 E-Tec lui va comme un gant, formant avec lui un ensemble léger, économe en conso et facile à sortir de l'eau sur sa remorque. Les vitesses de croisière sont tout à fait satisfaisantes, malgré une vitesse maxi plutôt modeste.




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