Convivial au mouillage, convaincant en pilotage, le modèle amiral de la marque italienne peut se mesurer sans complexe aux références de la catégorie. Boosté par les gros V8 Yamaha, il n'est pas avare de sensations et signe un superbe chrono de 53 nœuds ! Vous avez dit familial ?
Texte et photos Jacques Anglès
Lancé à l'automne dernier en version "open", le Tempest 1000 CC est depuis peu décliné en version croisière, dite 1000 WA. Cette dernière, qui dispose d'une belle cabine double avec kitchenette et cabinet de toilette indépendant élargit l'horizon, au prix toutefois d'une prise de poids non négligeable (900 kg). Cela se traduira logiquement par des performances moins ébouriffantes que le 1000 CC de cet essai, mais on ne peut pas tout avoir ! Cette version vise plutôt les balades au soleil avec un cockpit "quatre zones" (pont avant, cabine, pilotage, carré arrière) qui peut accueillir jusqu'à huit passagers sans que l'on s'y sente à l'étroit. à cet égard, on distribue tout de suite un bon point au carré arrière circulaire, particulièrement accueillant, où l'on peut se tenir à huit autour de la table ronde amovible, suffisante pour un apéritif ou un pique-nique mais trop petite pour des repas avec assiettes. Dommage que le constructeur n'ait pas songé ici à utiliser comme table (plus grande) l'allonge qui permet de transformer ce même carré en bain de soleil… Bien aussi les dossiers inclinés formant chaises longues et l'accès à la plate-forme de bain, commandé par un portillon de sécurité. En revanche, les deux V8 ne laissent qu'une surface minimale à cette plate-forme. La partie centrale du pont est, elle aussi, bien exploitée : le poste de pilotage est protégé par la console extra-large, sous laquelle la cabine, avec deux hublots dont un ouvrant, abrite un lit pour siestes à l'ombre, un réfrigérateur et un WC marin. Dissimulée sous le volumineux leaning-post, une mini-cuisine (en option) avec réchaud, évier et planche à découper, vient compléter cet équipement de confort très complet. Petit inconvénient : pour utiliser la cuisine, il faut basculer l'assise de pilotage vers l'avant, ce qui barre l'accès à la cabine et au passavant tribord. On met ici le doigt sur un des rares points faibles de ce modèle, la circulation sur le pont, un peu compliquée, il faut l’avouer. Cette critique s'applique notamment aux passavants, étroits et surélevés (heureusement on peut se tenir aux mains courantes encadrant la console). L'avant, programme méditerranéen oblige, fait le choix d'un sundeck surélevé, en apparence très vaste, mais en fait limité par le balcon qui l'encadre. La sécurité y gagne, mais le confort du farniente en pâtit, puisque l'on ne peut pas utiliser les flotteurs comme repose-tête. En revanche, l'installation du mouillage reçoit notre totale approbation : guindeau électrique (en standard) sous capot de protection, ancre sur delphinière avec chemin de chaîne et davier basculant à double rouleau. Plus simple et plus pratique que les systèmes à écubier traversant l'étrave. Voilà pour le tour du propriétaire.
Au plan technique, la réalisation illustre le savoir-faire du chantier, conjuguant robustesse structurelle et finition soignée, avec quelques notes de teck massif. Notre exemplaire d'essai bénéficiait en outre du pont en Flexiteek, un synthétique imitant le teck à s'y méprendre, et aussi facile à entretenir que le polyester. Le flotteur est en tissu Orca de 1 670 décitex. Montrant une coupe en long "à l'italienne", il s'affine légèrement sur l'avant, et est protégé par un double liston Enfin l'accastillage robuste (mains-courantes, taquets, davier) d'amarrage, reflète lui aussi l'expérience de la marque, avec un bémol pour la position "extérieure" des taquets d'amarrage, moins pratique qu'à plat pont. Côté carène, rien d'extrême – ce n'est pas l'habitude de la maison ! – mais plutôt une recherche d'équilibre entre performances et confort à base de solutions éprouvées : dessin en V profond sans excès, longues virures pour le guidage et l'accroche en courbes, petit bouchain inversé sous le flotteur pour faciliter le déjaugeage. Résultat : un comportement franc, en virage comme en ligne droite, et des performances d'exception, pour peu que l'on s'applique au réglage du trim, avec un chrono de 53 nœuds qui s'inscrit dans le Top Ten des essais de l'année. Même si les 300 Yam y sont pour quelque chose, ce "familial" affiche une fougue de pur-sang... sans les incartades. Sa facilité de prise en main est en effet un de ses meilleurs atouts, en le rendant accessible à tout pilote ayant un minimum d'expérience. Facile, oui, mais pas terne ! Les sensations sont là, avec trois qualités à placer en exergue : la maniabilité, la réactivité au trim et l'équilibre (latéral et longitudinal). Un bémol toutefois : la position de conduite debout. On peut mener cette carène tambour battant et s'offrir quelques sauts de vagues sans se faire peur, mais elle n'a toutefois pas le tranchant d'une coque de course, ce que trahissent quelques coups de raquette et résonances de caisse. Par mer agitée, mieux vaut réduire un peu pour préserver le confort : à 30 nœuds, ça passe en douceur ! En résumé, le bilan "pilotage" tient en trois mots : plaisir, performances, sécurité. à condition de ne pas oublier qu'à 50 nœuds ou plus, le pilote n'a droit à aucune seconde d'inattention. Pensez-y au moment de choisir vos moteurs : à côté des 2 x 300 ch de notre essai, le package 2 x 250 ch est à regarder de près. Outre les 10 000 euros d'économie à l'achat, il allège le tableau arrière de 175 kg et devrait délivrer une V-Max de 45-48 nœuds. N'est-ce pas suffisant ? .
CONCLUSION
Capelli ne se repose jamais sur ses lauriers et progresse d'année en année, avec des modèles toujours plus nombreux et toujours plus aboutis, à l'image de ce Tempest 1000 CC. Le nouvel amiral de la marque enfonce le clou sur tous les tableaux : confort, équipement, agrément de pilotage et performances. Sans échapper à quelques critiques, il propose sans doute l'offre la plus attractive de sa catégorie en termes de rapport qualité/prix. Que lui manque-t-il ? Peut-être une légère touche de fantaisie.