Avec moins de sept mètres, ce nouveau Tempest échappe à la taxation, tout en offrant de nombreux atouts par rapport à l'utilisation visée : un grand cockpit privilégiant le confort pour les sorties en famille, un comportement marin convaincant et un prix package hautement compétitif.
Texte Philippe Leblond - Photos Jacques Angles - Philippe Leblond & Yamaha Motor France
Quatre ans après son lancement, le Tempest 690 se voit remplacé par ce 700 Open qui emprunte la carène du 700 Work, possédant un nez plus carré que celui de l'ex-690. Si le bateau affiche toujours la même largeur extérieure, il gagne de précieux centimètres en largeur intérieure dans la partie avant, au profit du bain de soleil, grâce à des flotteurs de diamètre minoré à la proue. La largeur du solarium passe en effet de 137 à 153 cm ! Mais, dans le même temps, en raison d'une nouvelle delphinière, nettement plus volumineuse, il perd un peu en longueur intérieure (- 12 cm). Par ailleurs, l'ancre traversante a été remplacée par la solution plus répandue, à savoir une delphinière avec davier pouvant accueillir un guindeau électrique. Certains utilisateurs s'étaient plaints d'intrusions d'eau dans le bateau ce qui explique ce changement… Pour autant, le 700 Open reste proche de son prédécesseur et sa destination est la même : les plaisanciers amateurs de mouillages ensoleillés et de balades côtière en famille ou entre amis.
Dans cette optique, le 700 Open présente une surface de pont assez rare pour un semi-rigide de moins de 7 m. Celle-ci se traduit par une habitabilité accrue, avec une banquette arrière triplace laissant un passage latéral, deux grands solariums avec rallonges, une tablette de pique-nique en teck pour l'escale, un leaning-post biplace et une console procurant un abri efficace et un siège pour deux sur sa face avant, tout en laissant des passavants efficaces. Malgré un équipement de confort important, la circulation à bord reste aisée, car il ne faut pas oublier les deux plates-formes de bain (douchette à bâbord), les plats-bords latéraux et la large delphinière habillés de Flexiteck (teck synthétique). Autre motif de satisfaction, le volume de rangement avec notamment un énorme coffre à l'avant. La soute arrière n'est pas mal non plus, mais elle est en partie occupée par la batterie, le filtre à essence, les tuyaux des vide-vite de cockpit, le réservoir d'eau de la douche de pont… Il est aussi possible de ranger quelques affaires dans le coffre du leaning-post et le tableau de bord comporte un vide-poches bien pratique, situé sous le volant.
Bien abrité par le haut pare-brise, le tableau de bord est à la fois spacieux et bien conçu. S'il est impossible de piloter assis, la position debout est bien étudiée, avec des commandes bien disposées. Les aides électroniques à la navigation trouvent aussi facilement leur place, comme l'écran LCD du moteur, un éventuel combiné GPS/sondeur et une VHF fixe… Une petite critique pour le compas qui n'est pas dans l'axe du pilote et la façade arrière de la console qui n'offre pas de retrait au niveau des genoux. Un mot pour finir au sujet de l'accastillage. Ce dernier, tout inox, est de qualité et fonctionnel. Les taquets, chaumards, mains courantes sont placés stratégiquement, le roll-bar est facilement rabattable pour le transport, et les capots de coffres sont munis de vérins et de fermoirs réglables.
Après cette présentation statique engageante, voyons si le 700 Open se montre aussi convaincant en navigation… Le jour de notre essai à Cavalaire, le bon coup d'Est de la veille a laissé une profonde houle résiduelle qui va mettre à jour les qualités dynamiques du nouveau Tempest. Profitant de l'abri du Cap Lardier, nous effectuons d'abord les mesures sur un plan d'eau clément. Première (et seule) déception de ce galop d'essai : la vitesse de pointe. Malgré un apport massif de trim positif, nous n'avons pu faire mieux que 41,2 nœuds. Une déception relative - 40 nœuds, c'est déjà beau - mais légitime, car en retrait des perfs constatées dans la catégorie avec une puissance comparable. Une marque qui reste d'ailleurs en net retrait de celle obtenue avec le Tempest 690, il y a quatre ans : 44,9 nœuds avec 25 chevaux de moins (Yamaha F200). Dans le même temps, et fort de la cylindrée phénoménale du nouveau V6 225 ch (4,2 l au lieu de 3,3l), les accélérations sont diaboliques comme en attestent nos chiffres : moins de 3 secondes pour déjauger et moins de 5 pour passer de l'arrêt à 20 nœuds ! Le coupable semble tout désigné : une hélice au pas trop court (15 pouces seulement !) ? Raté. Les techniciens de Yamaha démentent cette hypothèse, révélant avoir essayé une 17-pouces qui n'a pas donné un plus significatif. Ils mettent aussi en avant le rapport de réduction de l'embase sensiblement plus long que celui des autres moteurs de cette classe (1,75 : 1 là où il est souvent de 2, voire plus) sensé compenser le pas court de l'hélice, ainsi que le montage neutre du moteur (plaque anti cavitation alignée sur le fond de coque) peu favorable à la vitesse mais garant d'une excellente motricité. Compte tenu de cette vitesse relativement modeste, les rendements ne sont pas non plus au top. Heureusement le régime de référence pour la croisière (3 500 tr/min) s'avère économique avec 0,87 mille pas litre consommé, de quoi couvrir 170 milles d'une traite. Pour ce qui est du comportement, le Tempest 700 Open, à l'instar de son prédécesseur, fait montre d'une belle homogénéité. Quelques instants à la barre suffisent à se sentir bien en phase avec le caractère vif mais rassurant de ce semi-rigide aux accélérations décoiffantes. L'absence de roulis, même bien trimé à vitesse maxi, va de pair avec une tenue de cap sereine. Cette stabilité latérale, bien que les flotteurs ne touchent pas l'eau à vitesse élevée, donne de bonnes sensations au pilote. C'est aussi le cas en virage, avec une inscription docile, un guidage précis, une gîte intérieure modérée mais progressive et constante, et une sortie de courbe énergique avec la poussée impressionnante du F225. Face à la mer et à la brise qui se levait, nous avons apprécié le caractère marin du Tempest, avec toutefois un nez un peu léger lorsqu'on attaque face à une houle profonde. De fait, attention lors des sauts à ne remettre les gaz que lorsque l'assiette est redevenue presque horizontale, car le couple généreux du F225 a tendance à faire se recabrer le bateau. Par mer d'arrière à vitesse élevée, les réceptions dans le creux de la houle sont sans problème : la large surface avant du Tempest fait qu'il "soulage" bien et n'a pas tendance à enfourner. Autre bon point : l'équilibre latéral par mer et vent de travers, avec une tenue de cap aisée.
CONCLUSION
Les nombreux atouts du Tempest 700 Open se sont révélés avec évidence lors de cet essai. Difficile, toutefois, d'en faire le "Dujardin" des semi-rigides, car il faut reconnaître que son charme latin (silhouette équilibrée, niveau de confort élevé), ses qualités marines et son budget avantageux, sont les gages d'un succès annoncé.