Essai Capelli Tempest 44

Le grand pari de Capelli

Nouveau modèle amiral de la marque italienne, le Tempest 44 propulse le chantier italien dans le club exclusif des "maxi RIBs", pré carré de quelques constructeurs transalpins. Avec plus de 45 nœuds en vitesse de pointe, le dernier Capelli paraît bien lancé !

Texte et photos Jacques Anglès


 332 700 € avec 3 x Yamaha 300 ch 4T OU 314 850 € avec 2 x Yamaha 350 ch 4T (tarif 2013)
 13.1 m
 18
 45,5 nds 
avec 3 x 300 ch Yamaha 4T
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Paru dans le Pneumag n° 94 Mars/Avril 2013



Le chantier italien a créé le buzz sur les salons d'automne en dévoilant son nouveau Tempest 44, un maxi RIB de plus de treize mètres, d'autant plus remarqué qu'il était présenté en deux exemplaires dotés de motorisations impressionnantes (3 x 300 ch et 2 x 350 ch Yamaha). Avec ce modèle, Capelli s'engage sur le terrain de prédilection de quelques spécialistes du haut de gamme tels que Magazzu, Nautica Led, Sacs et quelques autres. Le pari est osé pour un chantier qui a construit le plus gros de son succès sur des semi-rigides familiaux à budget moyen, tout en jetant quelques têtes de pont vers la catégorie des habitables avec le 770 WA et le 1000 WA (voir Pneu Mag n° 76 et 82). Mais Umberto Capelli est un entrepreneur qui n'a pas froid aux yeux, ce qui lui a permis de se hisser en tête de liste des constructeurs de pneumatiques, et ceci en moins de dix ans. Jugez-en : de 2004 à aujourd'hui, le catalogue est passé de quatorze modèles et deux gammes à vingt-huit modèles et quatre gammes, ceci sans compter les annexes !
Nouveau porte-drapeau du chantier, le T44 se distingue par sa ligne basse sur l'eau et sa superstructure profilée et peu proéminente. Le design à angles vifs, Signé Roberto Curto, rappelle le Tempest 1000 WA, en plus élancé. La silhouette est agréable à l'œil, sans toutefois susciter un enthousiasme esthétique irrépressible. Son immense cockpit est l'un de ses points forts, avec une remarquable facilité de circulation d'un bout à l'autre. Lors du Salon de Cannes, j'y ai compté jusqu'à dix personnes sans que l'on s'y sente à l'étroit.
Mais si l'espace ne manque pas, la convivialité des repas est quelque peu oubliée, avec un bon mètre de "vide" entre les deux tables latérales, elles-mêmes trop petites (72 x 72 cm) pour recevoir chacune plus de trois convives. On peut certes embarquer de nombreux amis, mais pour les recevoir à table, c'est autre chose ! En revanche, on appréciera les vastes solariums avant et arrière, parfaits pour le farniente dans les criques, ainsi que les nombreuses places assises en navigation. Idem pour le poste de pilotage, doté de confortables fauteuils bolsters à assise relevable, avec une excellente visibilité de tous côtés, ainsi que le bloc cuisine complètement équipé. Le pont, assez bas, ne laisse rien deviner de l'intérieur, dont le volume généreux (hauteur de 1,96 m à 1,70 m) est hélas peu mis en valeur par une décoration terne (selleries et équipements marron, ébénisterie simpliste). Autour de la partie centrale équipée d'une mini cuisine qui complète la cuisine extérieure, on dispose d'un carré avant convertible en grand lit double, d'une salle d'eau spacieuse avec cabine de douche isolée et d'un grand lit arrière, disposé en alcôve sous le poste de pilotage. Voilà qui permet de programmer de petites croisières à quatre, en tenant compte d'une intimité limitée faute de cabine fermée. Terminons la visite à quai par un très bon point à mettre à l'actif du T44, son équipement standard très complet, incluant guindeau électrique, plancher de cockpit en teck, cuisine extérieure toute équipée, frigo additionnel dans la cabine, installation Hi-fi Fusion à six hauts parleurs, etc. Parmi la brève liste d'options, on retiendra le bimini, le chauffe-eau, l'électronique de navigation et éventuellement le propulseur d'étrave.
Conçu en collaboration avec Yamaha, le T44 est proposé avec deux motorisations : 3 x 300 ch V6 ou 2 x 350 V8. Toutes deux restent en dessous de la puissance maxi autorisée (3 x 350 ch, dont le montage ne semble pas évident, vu la stature du V8 Yamaha). Commençons avec la superbe triplette 3 x 300 ch, (pour le 2 x 350, voir pages suivantes). Entre les deux montages proposés, c'est bien sûr le 3 x 300 ch qui retient d'abord l'attention ! Cap au large donc, pour voir ce que le bougre a dans le ventre, dans un coup de mistral finissant qui a levé une mer dure au large. Bon point d'abord pour l'ergonomie du poste de pilotage, légèrement surélevé, qui offre une visibilité parfaite et un bon confort à la barre, debout comme assis (avec cale-pied en teck pour le pilote mais pas pour le copilote). Les commandes de gaz tombent bien sous la main, le large tableau de bord offre une lisibilité sans reproche et le haut pare-brise assure une protection efficace contre vents et embruns. Le temps de se dégager des abords de Cannes, très encombrés, et je lance la cavalerie ! Manette dans le coin, les 900 chevaux cumulés de la triplette Yamaha font bondir le T44, qui déjauge en moins de cinq secondes, un résultat flatteur pour une unité qui n'est pas un parangon de légèreté, avec près de huit tonnes en charge. La suite est à l'avenant : les 20 nœuds sont atteints en moins de 7 secondes, le cap des 40 nœuds est franchi en 17 secondes, et le GPS poursuit son ascension jusqu'à plus de 45 nœuds, chrono enregistré à 5 900 tours, avec un trim nettement positif.
Si l'on a tout lieu d'être pleinement satisfait de ces performances, le plus remarquable réside dans la superbe stabilité que procure la poussée simultanée des trois moteurs. Le bateau semble sur des rails, que ce soit en ligne droite ou en virages, avec un pilotage incisif et précis malgré la forte démultiplication de la direction (plus de sept tours de volant de butée à butée !). Cet excellent comportement n'est toutefois pas dû exclusivement à la triple motorisation. Il tient aussi aux qualités intrinsèques de la carène en V profond, que l'on peut résumer en trois mots : stabilité, maniabilité, facilité de pilotage. Étonnamment réactif, ce super RIB se mène aussi facilement qu'un sept mètres en faisant oublier son poids et sa dimension, avec une tenue impeccable en virage qui permet de virer sur 30-40 mètres à 5 000 tr/min, sans déraper ni déclencher de ventilation des hélices. Bravo ! Le poids et la taille font néanmoins la différence dans la mer formée : à 30 nœuds dans environ un mètre de creux, le T44 taille sa route sans forcer et en préservant le confort des passagers. Et s'il faut tout de même redescendre à 20 nœuds, ou moins quand la mer se durcit, cela ne pose pas de problème car la carène reste déjaugée à très basse vitesse (12,5 nœuds). Par beau temps, la vitesse de croisière idéale en termes de confort et de rendement se trouve entre 20 et 28 nœuds, pour des régimes de 3 000 à 3 900 tours/min. Les moteurs restent alors très discrets, le confort des passagers est optimal et le rayon d'action dépasse 250 milles, soit bien assez pour la plupart des traversées méditerranéennes. En revanche, le rendement décroît vite au-dessus de 4 000 tr/min et, à haute vitesse, mieux vaut détourner le regard de l'indicateur de consommation, passible du pire malus écologique (292 l/h à pleins gaz !).



photo Capelli Tempest 44


photo Capelli Tempest 44


photo Capelli Tempest 44


photo Capelli Tempest 44


photo Capelli Tempest 44


Test vérité : les deux F350 ne font pas le poids face aux trois F300
Bateau identique, même charge et conditions d'essai très proches pour notre second test avec 2 x 350 ch, la mer s'étant toutefois un peu formée entre les deux test (environ 1m de creux sur la zone de relevé de performances). Remarquons d'abord que le gain de poids est insignifiant (29 kg, soit 0,4% de gain) par rapport à la diminution de puissance (200 ch, soit 22% de moins). Les performances sont donc logiquement en retrait, mais pas tant que cela puisque l'on enregistre tout de même 39 nœuds à plein gaz et des vitesses de croisière de 17 à 28 nœuds, honnêtes au regard du programme. En revanche, les rendements sont décevants, puisque l'on ne gagne rien quelle que soit la vitesse. On savait le gros V8 Yam gourmand, en voilà une confirmation ! Côté pilotage, le comportement du bateau reste agréable et sûr, mais avec moins de fun. Et l'on ne retrouve pas la fabuleuse sensation de stabilité de cap et la maîtrise absolue des trajectoires que procure la triple motorisation. Avec moins de plaisir de pilotage, des performances inférieures, et aucun gain en consommation de carburant, le jugement est sans appel : face aux trois F300, les deux F350 ne font pas le poids. Reste la différence de prix, 5% de moins à l'achat ou environ 150 heures de navigation en plus. Si vous avez les moyens de vous offrir un tel engin, ne lésinez pas pour si peu !




conclusion
Avec le T44, Capelli voit grand et tente de prendre quelques parts d'un marché où le luxe est la règle. Sur ce point, il ne part pas gagnant et les petits luminaires à leds escamotables dans les hiloires ne suffiront pas à donner le change. Il a néanmoins de sérieux atouts : un pont très spacieux, un net avantage de prix conforté par un équipement standard généreux, et une motorisation 3 x 300 ch qui séduit à deux niveaux : le pilotage et le spectacle d'un tableau arrière bien garni. Cela suffira-t-il à le faire entrer dans la cour des grands ? C'est tout le pari d'Umberto Capelli.




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