Conçu prioritairement pour les professionnels, ce modèle fait valoir son tempérament marin et son immense cockpit aménageable à la carte. À ce titre, il intéressera aussi les adeptes des expéditions en mode baroud, avec objectif de plongée, de pêche ou d'exploration.
Texte et photos Jacques Anglès
Quelle que soit la marque, les modèles "pro", au cockpit presque vide, que proposent un certain nombre de grands constructeurs ont deux avantages objectifs : leur légèreté (300 à 400 kilos de moins que leurs homologues "de plaisance" dans la catégorie des 7,50 m) et un pont nu qui peut se prêter à un aménagement personnalisé selon le programme. En utilisation professionnelle, l'aménagement reste souvent minimal (rack à bouteilles et échelle pour les clubs de plongée, ou bacs pour les conchyliculteurs et les pêcheurs, par exemple). En utilisation privée, tout est possible, soit sur mesure soit en piochant dans les catalogues des équipementiers, mais il faudra se garder de trop alourdir le bateau, ce qui annihilerait tout l'intérêt de la formule. Sur le Tempest 750, le "mobilier" de base se limite donc à ce qui est strictement indispensable : un poste de pilotage composé d'une console volumineuse et d'un leaning-post, une baille à mouillage et un coffre avant assez volumineux. Les deux volumes sous la console et le leaning-post peuvent servir de rangements complémentaires (avec des trappes d'accès de dimensions modérées), mais pas les deux petits coffres arrière, largement occupés par les batteries et les circuits techniques. Notre bateau d'essai était en outre doté de trois équipements optionnels : un roll bar, une solide échelle de bain et d'un soft-top (bimini sur châssis inox assurant une bonne protection solaire) dont les montants se sont avérés pratiques pour se tenir en navigation. Mais l'essentiel réside, si l'on peut dire, dans la vacuité du cockpit avant (2,50 x 1,59 m), vaste plancher plat aisément aménageable selon le programme. On apprécie la profondeur de ce cockpit (68 cm), gage de sécurité en mer, et l'on voit que le chantier a pensé aux clubs de plongée en disposant des doubles mains-courantes sur toute la longueur du bateau, l'une au sommet du tube, l'autre sur son côté intérieur. On remarque aussi le fort diamètre (65 cm) du tube, avec pour corollaire une flottabilité permettant d'embarquer jusqu'à vingt-quatre personnes. Côté fabrication, Capelli fait les choses sérieusement, tant pour le flotteur en Orca de 1 670 décitex (type Néoprène-Hypalon) avec renforts plongeurs de chaque côté, que pour la structure polyester, très rigide grâce à l'absence de "trous" dans le plancher qui lui confère une structure de poutre. Il suffit pour s'en convaincre de sauter à pieds joints dans le cockpit. Tout n'est pas parfait pour autant… On apprécierait par exemple (surtout sur un bateau de travail), un double liston de protection du flotteur au lieu du liston simple de série. Le mouillage, exclusivement manuel, est également à revoir : le gros taquet de proue en caoutchouc est insuffisant et l'installation d'un guindeau électrique n'est pas prévue, manque qui doit être corrigé. Enfin, l'eau a tendance à passer par dessus le tableau arrière, très bas, quand on ralentit brusquement ou lorsqu'on manœuvre en marche arrière. Terminons la visite avec une bonne note pour le poste de pilotage, bien abrité (grand pare-brise, console large et haute), avec un volant presque horizontal façon "fishing" américain et un leaning-post confortable. En mer, ce 750 Work est un régal à piloter avec le Yamaha 250 ch, qui correspond à la puissance maximale autorisée. La direction relativement démultipliée (5 tours) est assez douce, mais offre néanmoins assez de précision pour choisir ses trajectoires dans les vagues, avec une carène qui obéit fidèlement à toutes les sollicitations du pilote. Dans la mer formée, le Tempest passe bien et assure une progression rapide, quel que soit l'angle d'attaque des vagues. Mais sa carène large n'ayant tout de même rien à voir avec un offshore, il faut accepter de lever le pied quand les conditions se durcissent, si l'on veut conserver un minimum de confort . On apprécie sa réactivité au trim, permettant d'adapter l'assiette pour en tirer le meilleur dans toutes les conditions. À haute vitesse, il faut traiter ce réglage avec doigté, car trop de trim révèle une tendance à partir en lacets qui annonce une perte de stabilité progressive sans que cela n'aboutisse à un décrochage brutal. En virages, le bateau est franc : il s'incline nettement et montre une accroche très difficile à prendre en défaut, que ce soit en longues courbes ou en virages serrés avec du gaz, où il faut le pousser dans ses retranchements pour provoquer la ventilation de l'hélice. On peut également se féliciter des performances enregistrées au GPS, avec des accélérations fulgurantes et un chrono maxi de 45,7 nœuds, digne d'un engin de sport ! Certes, ces résultats doivent être tempérés en tenant compte d'une configuration d'essai qui n'a pas grand-chose à voir avec l'utilisation programmée de ce modèle (seulement deux personnes à bord et aucune charge hormis le carburant), mais cela ne remet pas en cause ses qualités marines. Mieux vaut au demeurant souligner les bonnes vitesses de croisière et les rendements relevés aux régimes économiques (20 à 26 nœuds pour 20 à 26 l/h entre 3 000 et 3 500 tr/min). Ce qui est sûr, c'est que ce 750 Work accepte sans barguigner la puissance maximale autorisée, qui garantit de bonnes performances même à pleine charge. En résumé, ce modèle fait preuve d'un caractère marin bien trempé, avec en point fort la sécurité de navigation par mer formée. Sachez aussi que le Tempest 750 Work est proposé en package avec un Yamaha 200 ch, sensiblement plus léger que le 250 ch, tant en poids (40 kg de moins) qu'en tarif (5 000 € de moins qu'avec le 250 ch). Cette motorisation devrait donner toute satisfaction si l'on ne charge pas trop le bateau.
Conclusion : Ce modèle s'inscrit dans le haut de gamme de sa catégorie au regard de sa qualité de construction et de sa finition, tout en affichant un tarif concurrentiel par rapport à ses adversaires directs. On aime son look soigné, auquel quelques touches de couleur apporteraient une note de gaieté, ainsi que son cockpit, aussi confortable en mer qu'au mouillage, avec deux vrais solariums. Élégant, bien équipé et sûr, il s'avère un bon choix pour la balade estivale, et qui place le confort avant le plaisir de pilotage.