Destiné à établir un pont entre sa majesté le Tempest 44 et le Tempest 1000 WA (ex-plus grand modèle), le Tempest 40 constitue un bon moyen terme entre ses deux aînés. Moins imposant que le 44, mais nettement plus spacieux que le 1000 WA, il remplit parfaitement son office de semi-rigide de grand tourisme « option croisière ».
Texte et photos Philippe Leblond
La demande se faisant de plus en plus pressante, le chantier italien se devait de combler le large fossé existant, tant en termes de dimensions que de prix, entre le Tempest 44 (13,10 m et 343 700 €), modèle amiral de la gamme semi-rigides de Capelli et le Tempest 1000 WA (9,60 m et 171 390 €). Plutôt un gouffre ! Le T40, présenté au Salon de Cannes 2016 arrive donc à point nommé pour « couper la poire en deux ».
Difficile lorsqu’on regarde les deux plus grands Tempest (T44 et T40) de ne pas noter une ressemblance flagrante dans le dessin et la conception. Néanmoins, bien qu’étant un vrai 40 pieds, le dernier-né est tout de même beaucoup moins spacieux que son grand frère. Un mètre de moins en longueur, mais surtout un demi mètre de moins en largeur. Il en résulte une surface de pont moindre et la suppression de la seconde cabine. Par contre, pour dépasser les 40 nœuds à plein régime, le T40 se contente de deux hors-bord, là où il en faut trois au T44.
*Au ponton*
Les dimensions moins spectaculaires du T40 se trahissent surtout dans la partie arrière, où le T44 impressionne par l’ampleur de son carré à deux tables. Celui du T40, bien que très confortable, se contente d’une seule table mais, grâce à sa banquette en U, peut tout de même accueillir environ huit convives autour d’un pique-nique. Cette configuration ne prive pas les amateurs de bronzette d’un spacieux solarium, permanent et en prise directe avec la belle plate-forme de bain (plus généreuse que sur le T44). Sous ce solarium, une immense cale de rangement, compartimentée. Son volume permettrait d’y loger aisément une seconde couchette double, mais le chantier ne l’a pas prévu. Ce qui cantonne le T40 à la croisière en amoureux, pas en famille. Face au carré, la kitchenette abrite un réchaud simple feu à gaz, un évier, et un frigo (65 litres). Pas de planche à découper ou plan de travail… Les déplacements à bord, sont aisés, grâce notamment aux espaces libres autour du poste de pilotage et aux larges passavants sécurisés par la main courante de pare-brise. L’accès à la plate-forme de bain se fait via trois marches et les plats-bords, en passant à l’extérieur de l’arche polyester. Ou en piétinant la banquette et le matelas de bain de soleil… Mais, avec ce solarium permanent, situé bien au-dessus du cockpit, il n’était pas possible de ménager un passage intérieur, via le dossier de la banquette…
Le poste de pilotage est digne d’éloges. Par l’ergonomie de conduite qu’il offre, que ce soit en position debout en appui lombaire sur la demi-assise relevable du leaning-post, ou, pour les longs trajets par mer calme, assis avec l’apport d’un cale-pied en teck. Le tableau de bord, malgré la présence de la porte de cabine coulissante préserve un espace suffisant pour l’instrumentation moteur et l’intégration d’une centrale de navigation à grand écran. Sous la barre et le boîtier des commandes électriques, à bonne hauteur, on trouve un petit vide-poches ouvert, très pratique. Pour la poignée inox destinée au copilote, c’est moins bien (trop loin, trop basse). Les passavants conduisent au solarium avant qui occupe l’intégralité du pont, en arrière de la volumineuse delphinière supportant l’ancre et son guideau, avec commandes locales. Concernant les taquets, en bonne place que ce soit à la proue ou la poupe, il n’y a rien de trop concernant leur dimension. Pour « améliorer l’ordinaire » Capelli Ribs Division a prévu quelques options : mât de ski, propulseur d’étrave, Flexiteck (ou vrai teck) dans le cockpit, sur les plats-bords et la plate-forme, chauffe-eau, cabriolet pour cockpit, cabriolet pour solarium arrière, assistance de direction, direction Optimus (joystick)…
Passons dans la cabine ! La porte en plexi fumé, quelques marches et on se trouve sur le plancher gris façon bois cérusé, qui revêt également les placards à l’entrée et la cloison de la salle d’eau. Les autres surfaces son habillées d’un vaigrage en skaï clair. La déco du T44 était déjà sobre, celle du T40 l’est davantage encore… Compte tenu du tarif réclamé, on aurait pu s’attendre à un intérieur un peu plus raffiné, même si la finition n’est pas en cause. De la même manière, sur un semi-rigide de ce standing, on peut regretter de voir figurer la douche du cabinet de toilette parmi les options, d’autant que le T40 dispose d’un réservoir d’eau douce de belle capacité (140 litres). Il est vrai que la présence de cette douche (on se sert du robinet à flexible du lavabo) est associée à celle d’un chauffe-eau (2 046 €)... On aurait aussi préféré des WC coffrés, par souci d’élégance. Reste que cette cabine, qui affiche 1,75 m à l’entrée (1,72 m dans la salle d’eau), présente une couchette double de grande dimension, convertible en un petit carré, opportun lorsqu’un grain vient à rafraîchir le pont. Ces installations permettent d’envisager des croisières au-delà du simple week-end.
*En mer*
Le clapot anarchique de 60 à 70 cm qui parcourt la Baie de Cannes et Mandelieu, ne perturbe en rien le confort prodigué aux passagers par la longue carène du Tempest 40. Que ce soit à 3 500 tr/min et 23 nœuds, au régime de croisière économique, ou à 4 500 tr/min et 31 nœuds, en croisière rapide, la tenue à la mer de ce semi-rigide XXL transforme le plan d’eau en long fleuve tranquille. A vitesse moyenne, avec l’étrave fine et bien défendue qui coupe la vague en souplesse et le doux ronron des V8, nul besoin de hausser la voix pour échanger ses impressions, bien à l’abri du haut pare-brise. A ces allures, le rendement des deux gros Yamaha est tout à fait « dans les clous » avec, respectivement, 0,32 mille par litre et 0,27 mille par litre. Bien sûr, lorsqu’on veut profiter du régime maxi, l’énorme cylindrée des colosses japonais fait exploser la consommation ! Avec 185 milles et 158 milles, l’autonomie est acceptable, mais pas remarquable pour un bateau voué aux longues traversées… Bien sûr, ce semi-rigide typé Méditerranée, pourra sans mal rejoindre la Corse au départ du continent (ou inversement), mais ne sera pas capable de faire l’aller-retour avec le même plein. Il n’en demeure pas moins que le T40 et ses 700 chevaux sont de vrais « bouffeurs de milles », ce que l’on exige bien sûr de ce genre de GT de la mer. Lorsqu’on a voulu évaluer l’équilibre de cette longue coque, il nous a fallu croiser les profonds sillages de grosses vedettes. On a pu constater que, même en quittant la surface de l’eau, la carène conserve une assiette impeccable. Idem, en recherche de vitesse maxi, trimée à bloc, aucune amorce de roulis ne se déclenche. Il est vrai que la sensibilité au réglage du trim d’une carène de 12 mètres est bien moindre que celle d’un bateau de longueur modeste. Autre point positif concernant le pilotage du T40, sa facilité à déjauger. Le couple « camionesque » des V8 délivre une poussée impressionnante et permet au Capelli de planer en moins de quatre secondes et de passer la marque des 20 nœuds en moins de cinq, ce qui pour une unité déplaçant six tonnes au bas mot en ordre de marche, se passe de commentaires superflus. Et le tableau est brillamment complété par l’évolutivité du T40, avec un comportement en virage surprenant pour un semi-rigide de ce gabarit. Gîtant franchement vers l’intérieur, le T40 s’inscrit avec naturel dans les courbes les plus serrées, se montrant capable de virer dans un espace restreint et de se relancer avec énergie, la motricité des hélices demeurant intacte. Une vraie « moto » ! Sans vent, ce long Tempest se montre plutôt manœuvrant au port, en jouant des deux inverseurs, mais le propulseur d’étrave optionnel (8 184 €) ne sera peut-être pas inutile par vent fort latéral. A moins d’opter pour le joystick…