Avec ce semi-rigide bicabine de croisière, le chantier de Crémone franchit encore une étape dans la démesure. Au rayon du confort bien sûr, avec deux cabines totalement indépendantes, ainsi qu’au niveau des performances, avec le concours de quatre V8 Yamaha XTO dont la puissance cumulée atteint 1 700 chevaux… Chaud devant !
Texte : Philippe Leblond – Photos Philippe Leblond et DR
Longueur | 14,8 m |
Largeur | 4,3 m |
Diam. maxi des flotteurs | 65 cm |
Nbre de compartiments | 0 |
Puissance maxi | 4 x 425 ch (1 251 kW) |
Puissance conseillée par Pneumag | 3 x 425 ch |
Poids sans moteur | 9000 kg |
Rapport poids/puissance | 6,3 kg/ch (avec les moteurs de l’essai) |
Nombre de personnes | 18 |
Couchage | 2+3 |
Charge utile | 0 kg |
Matériau flotteurs | CR/CSM Orca 1 670 décitex |
Capacité carburant | 2000 l |
Catégorie CE | B |
Constructeur | Cantieri Capelli (Italie) |
Importateur | Yamaha Motor France (95 – Saint-Ouen l’Aumône) |
Droits annuels sur la coque | 573 € |
Droits annuels sur le(s) moteur(s) | 3224 € |
La série Tempest n’en finit pas de s’élargir et ses semi-rigides de grandir : 38, 40, 44 et maintenant… 50 pieds ! Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le nouveau vaisseau-amiral a su mettre les petits plats dans les grands. Il sait aussi faire preuve d’originalité, avec un plan de pont présentant – et c’est à notre connaissance une première dans le semi-rigide – deux vraies cabines totalement séparées l’une de l’autre. Et la seconde cabine ne provient pas, comme cela s’est déjà vu, de la transformation de la soute arrière en une couchette de type « cercueil »… Non, il s’agit là d’une vraie cabine, presque un petit studio (il ne manque plus que le cabinet de toilette) ! Une garantie d’intimité lorsqu’on part plusieurs jours en croisière en famille ou avec un couple d’amis. Voilà pour une première particularité, la seconde provenant de sa motorisation quadrimoteur. Si l’on met de côté quelques unités ultra confidentielles présentant une monte moteur comparable, il s’agit avec le Tempest 50 d’un véritable coup de maître, ce dernier apprivoisant les tout nouveaux Yamaha XTO, des V8 délivrant la coquette puissance unitaire de 425 chevaux ! Voyons plus en détail de quoi il en retourne…
Au ponton
Il n’y a pas à dire, amarré « cul à quai » dans le cadre du Cannes Yachting Festival, où il exécute sa première mondiale, le T50 et sa brochette de V8 aimantent les regards, suscitant deux types de réactions. Les badauds peu soucieux de la performance, lancent tous, ou presque, la même exclamation : « Qu’est-ce que ça doit consommer ! » ; tandis que les amateurs de belles mécaniques s’interrogent davantage sur les sensations que doivent procurer ces 1 700 chevaux, pour l’instant assoupis. Notre visite commence via une jolie passerelle en carbone, option facturée 6 100 €. Si l’on apprécie aussitôt les deux passages, de part et d’autre du grand solarium de la poupe, on aura noté l’exigüité des plates-formes de bain, motorisation quadruple oblige. Ces plages de bain devraient être un peu plus spacieuses sur la version trimoteur (toujours trois XTO 425 ch), seule alternative proposée par le binôme Capelli/Yamaha. Il est vrai que ce colossal semi-rigide pèse son poids, et que son existence est intimement liée à l’arrivée du XTO, le plus puissant des hors-bord, si l’on excepte les très « exotiques » Seven Marine US (527, 577 et 627 ch), aujourd’hui propriété de Volvo Penta. Mais revenons à notre visite pour saluer la circulation aisée que propose le pont du T50, en dépit des équipements de confort généreusement distribués. Un petit pavois, surmonté d’un long balcon, mène jusqu’aux apparaux de mouillage, sécurisant les déplacements à bord, surtout pour de jeunes enfants. Le guindeau électrique dissimulé dans la delphinière recouverte de teck, flanquée de chaumards et de taquets, est livré de série. Le très spacieux matelas de bain de soleil (247 x 228 cm) comporte une découpe pour mettre au jour le capot de pont de la cabine avant. S’il affiche complet, vous pouvez toujours disposer d’une place sur le solarium de poupe (178 x 230 cm), bref les adorateurs de l’astre d’or n’ont pas été oubliés ! Ceux qui apprécient un apéritif avec vue mer, ou un bon pique-nique, trouveront un allié de choix en la personne du vaste carré dont les banquettes peuvent asseoir une dizaine de convives autour de la grande table en teck (cette dernière reste à poste). Pas de cuisine sur le pont, si l’on excepte deux frigos logés de part et d’autre du triple siège de pilotage. Pour profiter d’un bloc équipé (évier, plaque chauffante à induction, frigo/congélateur), il faudra descendre dans la cabine arrière… Cette dernière comporte une porte coulissante de chaque bord, mais les escaliers sont assez raides. Ce qui s’explique par sa hauteur sous barrots remarquable : 2,09 m ! Cette cabine devrait être considérée, selon nous, comme la cabine principale. Elle offre un volume et un éclairage en lumière naturelle peu communs, et sa spacieuse couchette (168 x 191 cm) se transforme aisément en un carré pour cinq (voire six) personnes, fort appréciable lorsque la météo se dégrade. La couchette peut également, servir de couchage pour trois enfants, les parents choisissant alors la cabine avant. On notera la présence d’équipets latéraux mais aussi l’absence d’une penderie. De son côté, la cabine avant n’est pas mal non plus. Si la cabine arrière dispose de la cuisine, celle de la proue renferme la salle d’eau d’un volume agréable (1,86 m sous barrots), mais avec douche ouverte. La hauteur dans la cabine aussi est étonnante (2,03 m), la couchette n’étant pas en reste au plan du confort : 220 x 162 cm ! Elle est également convertible en carré pour trois personnes (cinq en se serrant). La lumière arrive aussi en abondance par le capot de pont et les bandeaux vitrés latéraux. La décoration, à base de lamellé de bois clair et de tissu bleu gris, est agréable avec des finitions propres, mais sans luxe ajouté au regard des autres grands modèles Tempest.
Terminons avec le poste de pilotage, dont le siège à trois places comporte des assises individuelles relevables, pour piloter confortablement debout en appui lombaire. En présence de la porte de cabine, le tableau de bord est compact mais il est bien agencé, permettant d’intégrer un combiné grand écran et un afficheur Helm Master Yamaha. Le joystick de manœuvre et les autres commandes tombent bien sous la main, tandis qu’un cale-pieds peut aider le pilote à peaufiner sa position de conduite.
En mer
Malgré sa longueur exceptionnelle, le plus grand des Capelli quitte son emplacement confiné sans faire de difficulté, le barreur profitant à la fois du Helm Master System, avec sa commande à joystick gérant les multiples mouvements imprimés aux quatre moteurs, ainsi que du propulseur d’étrave (standard). Sorti du port, il faudra naviguer un moment, en slalomant entre les yachts et autres grandes vedettes, à la recherche d’un plan d’eau un tantinet dégagé afin de pouvoir solliciter toute la cavalerie Yamaha sans risquer l’abordage.
Attention, décollage imminent ! On ne croit pas si bien dire, tant la poussée des gros V8 est impressionnante. D’autant plus opressante lorsqu’on regarde le sillage et, au premier plan, ces quatre XTO au faciès d’alien qui n’ont qu’une envie, dévorer les milles (ouf !) en atomisant l’élément liquide de leurs hélices de 23 pouces. En une poignée de secondes, le sillage n’est plus qu’un gros panache d’eau pulvérisée, un bain moussant qui s’étire sur plusieurs centaines de mètres avant que la mer ne retrouve son bleu profond. Agréable surprise : la sonorité des nouveaux V8 XTO est bien plus communicative que celle des V8 F350 : grave et ronde au démarrage, rageuse à mi-régime, avant de s’éclaircir la voix à l’approche de la zone rouge, avec un effet choral inhérent à ce « quartet ». Malgré ses 13 tonnes en ordre de marche, le Capelli bondit hors de l’eau en à peine cinq secondes, et passe les 20 nœuds dans le même temps. Nous en profitons pour sonder le potentiel vitesse de cet attelage hors du commun. Tandis que les quatre V8 chantent bien haut, on en termine avec la montée des trims : 50, 51, 53… 53,5 nœuds. « C’est notre dernier mot Jean-Pierre ! » plaisantons-nous, alors que le flux d’air très dense est efficacement défléchi par le pare-brise haut et enveloppant. Du coup, l’impression de vitesse n’est pas en rapport de la performance. Et l’impeccable stabilité de cap du T50 attenue encore les sensations. Il suffit de croiser ou de dépasser un autre bateau pour comprendre que le T50 n’amuse pas le terrain. Un coup d’œil à la conso cumulée des quatre V8 aussi : 547 litres/heure… Nous réduisons les gaz progressivement pour afficher une première vitesse de croisière, rapide celle-ci : 38,5 nœuds à 4 500 tr/min. La conso est presque divisée par deux, assortie d’un rendement de 0,13 mille parcouru par litre consommé. Encore 1 000 tours de moins et nous obtenons l’allure de croisière économique : 27,5 nœuds pour 173 l/h et un rendement de 0,16 m/l. Il serait possible de réduire encore un peu l’allure puisque le T50 est capable d’hydroplaner à 20 nœuds et 2 900 tr/min, mais l’on s’écarterait de la philosophie de cette grande GT des mers qui est de permettre à un équipage nombreux de « raccourcir » les distances pour mieux profiter du temps au mouillage (bronzage, baignade ?) ou à l’escale (restaurant ?).
Pour autant, le temps passé à naviguer à bord d’une telle machine est loin d’être une punition ! Ce tandem superlatif affiche un confort remarquable dans 80 cm à 1 mètre de mer, croise les sillages des grosses unités en souplesse et se pilote du bout des doigts. Avec l’assistance de direction (intégrée) et les commandes électroniques, la prise en main est d’une facilité déconcertante. Reste à bien évaluer les vitesses et les rayons de giration, même si le Tempest 50 s’avère capable de virer court avec précision et en sécurité, car il ne s’agit plus d’un semi-rigide ordinaire et il convient de prendre en considération l’énergie cinétique considérable emmagasinée par un « missile mer-mer » de cette envergure.
Qualité de réalisation
Comportement
Performances
Equipement
Adéquation programme
Rapport qualite/prix
Modéle | Phantom 500 | Prince 50 | Strider 15 |
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Marque | SeaWater (Italie) | Nuova Jolly (Italie) | Sacs (Italie) |
Imporlation | Med Yachts (83 – Les Marines de Cogolin) | Réseau de revendeurs | Réseau de revendeurs |
Longueur | 15,00 x 4,50 m | 14,99 x 4,54 m | 15,03 x 4,50 m |
Nb de personnes | 30 | 20 | 16 |
Matériau flotteur | CR/CSM | CR/CSM | CR/CSM |
Prix | 480 000 € (sans moteur) | 869 000 € avec 3 x 350 ch | 672 000 € avec 3 x 350 ch |
Vitesse maxi | 53,5 nds à 6 000 tr/min |
Vitesse de croisière rapide | 38,5 nds à 4 500 tr/min |
Vitesse de croisière economique | 27,5 nds à 3 500 tr/min |
Temps de jaugeage | 4,9 secondes |
Accélération de 0 a 20 nds | 5,0 secondes |
Vitesse minimale d’hydroplanage | 19,5 nds à 2 900 tr/min |
Consommation en usage courant (estimation) | 164 l/h |
Autonomie en usage courant (estimation) | 11 heures |
Hélice de l'essai | 16’’ ¼ x 23’’ inox 3 pales |