Essai Capelli Bow Rider 65

Emprunt réussi

Ce sympathique mutant s’est approprié un concept qu’on n’imaginait pas un jour gagner l’univers du semi-rigide. Loin d’être un « emprunt toxique », le plan de pont du BR 65 est une interprétation pertinente à la culture américaine du bowrider. Avec ce cockpit ceint par un long pare-brise, Capelli vise, entre autres, la clientèle scandinave.

Texte et photos Philippe Leblond


 60 610 € avec Yamaha 150 ch 4T
 6.5 m
 10
 39,1 nds
Banniere_axa

Yamsep24-540x145-gammete
Orca-logo_rvb

Essai paru le 25/07/2019

Fiche technique

Longueur 6,5 m
Largeur 2,52 m
Diam. maxi des flotteurs 52 cm
Nbre de compartiments 0
Puissance maxi 200 ch (147,2 kW)
Puissance conseillée par Pneumag 150-175 ch
Poids sans moteur 1000 kg
Rapport poids/puissance 8,1 kg/ch (avec le moteur de l’essai)
Nombre de personnes 10
Couchage 0
Charge utile 0 kg
Matériau flotteurs CR/CSM Orca 1 670 décitex
Capacité carburant 220 l
Catégorie CE C
Constructeur Cantieri Capelli (Italie)
Importateur Yamaha Motor France (95 – Saint-Ouen l’Aumône)
Droits annuels sur la coque exonéré
Droits annuels sur le(s) moteur(s) exonéré



Un semi-rigide avec cette architecture, ce n’est pas une première, mais cela demeure encore rare… C’est Kardis, constructeur de semi-rigides italien aujourd’hui disparu, qui a ouvert la voie avec le lancement, il y a neuf ans, de son K6 Bahia (6,77 m, voir notre essai sur ce site), à notre connaissance le premier bateau de concept « bowrider » dans l’univers du pneumatique. Il y a deux ans, Marlin Boat, a renchéri avec le 24 SR EFB (7,25 m) à moteur in-board. Avec ce nouveau BR 65, Capelli nous offre à son tour un modèle adoptant cette architecture très populaire en Amérique du Nord, comme le montre le nombre incroyable de day-boats rigides qui sont proposés chaque année par les chantiers outre-Atlantique. La spécificité du concept bowrider tient dans un avant non ponté, garni d’une banquette, généralement en forme de V, mise en communication directe avec le cockpit via un portillon et le centre du pare-brise, grâce à une section ouvrante. Voyons de plus près l’interprétation que Capelli en fait…



Au ponton



Doté d’une autonomie longue distance (voir les lignes qui suivent) et d’un cockpit bien abrité par de hauts francs bords surmontés d’un pare-brise qui enveloppe le cockpit loin vers arrière, le BR 65 est conçu pour naviguer loin et par des conditions météo pouvant être fraîches. D’où l’intérêt porté par les plaisanciers qui évoluent dans les zones septentrionales pour ce genre de profil. Les tubes gonflables apportent à ce concept de bowrider une stabilité au mouillage supérieure (et une homologation en passagers aussi), ce qui est bienvenu car l’aménagement intérieur de ce semi-rigide innovant garantit des heures agréables à l’escale. Regardons plus en détail ce pont « deux-zones », avec un cockpit principal qui est à la fois tourné vers l’avant avec le poste de pilotage, mais aussi vers l’arrière (sièges convertibles) pour une activité qui va souvent de pair avec le concept « bowrider » : la glisse tractée. Ski, wakeboard, surf, bouée, c’est certain, sont au programme de ce nouveau Tempest qui présente aussi l’avantage d’être transportable par la route flotteurs gonflés.



 



Attaquons la visite : première bonne surprise, la plate-forme de bain est spacieuse et d’une seule pièce, offrant de pouvoir circuler aisément tout autour du moteur. La place est suffisante pour aider les adeptes du ski ou du wake à s’équiper, d’autant que la banquette arrière possède un dossier réversible qui permet de s’asseoir tourné vers l’arrière que ce soit pour chausser ou observer les évolutions des pratiquants, sans avoir à se dévisser la tête. L’échelle est encastrée dans la plate-forme afin d’éviter quelque déconvenue aux pieds nus. Quant à la douchette d’eau douce elle est à portée de main. Bien placés, sur l’extrémité des hiloires, les taquets sont de belle dimension, permettant de tourner des amarres de fort diamètre (par exemple celles de la station carburant). Le passage latéral bâbord facilite l’accès au cockpit : pas besoin d’enjamber le dossier. Bien vu : le cabriolet reste à poste et lorsqu’il n’est pas utilisé, trouve sa place dans un rangement dédié, sous l’assise de la banquette. Cela rogne un peu le volume de la cale arrière, mais celle-ci peut encore accueillir quelques affaires. Pour ce qui est de stocker les affaires de l’équipage, il y a aussi les coffres des demi-consoles et le celui, beaucoup plus grand, situé sous la sellerie de la banquette avant.



Un mot sur les sièges pilote et copilote : le premier peut pivoter sur lui-même, dans un élan de convivialité, pour former un carré autour de la table optionnelle à l’heure du pique-nique. Le second, grâce à son dossier basculant vers l’avant, peut également se mêler aux agapes. D’ailleurs, son socle renferme un petit réfrigérateur, histoire de boire frais. Devant ce siège, la console bâbord propose une boîte à gants, un support de cannette, et une main courante. A tribord, le poste de pilotage dispose d’un tableau de bord assez restreint du fait du passage central nécessaire à accéder dans le cockpit avant. Ce dernier peut indifféremment servir de banquette (six places) ou de solarium (deux places avec dossier remontant sur l’avant des consoles, sachant qu’un complément (optionnel encore) permet de composer un solarium intégral. Le coffre à mouillage est en accès libre (pas de coussin qui gêne) mais son ouverture est étroite, qui oblige à choisir une ancre de dimension modeste. Comme les plats bords, la delphinière est revêtue de teck synthétique, bon antidérapant et sans entretien. Ultime avantage : les packages de 130 à 200 ch, d’un tarif compris entre 58 340 et 62 730 €, sont à des prix compétitifs, nonobstant une remarque : la dotation d’origine n’est pas très généreuse… Par ailleurs, il devrait être possible de choisir parmi un certain nombre de coloris. Une bonne chose car, pour un bowrider, la livrée de notre bateau d’essai manquait de peps !



En mer



Dans sa catégorie, le BR 65 ne fait pas partie des poids légers (une tonne sans moteur), et cela explique sans doute le fait que nous n’ayons pas atteint la barre symbolique des 40 nœuds qui sied bien aux semi-rigides typés sport, à l’image de ce Tempest. Cette marque ne devrait pas poser de difficulté si l’on opte pour le package avec 175 ou 200 chevaux, puisque le chantier italien propose ces niveaux de puissance pour une différence de prix presque anecdotique. Mais, les chiffres ne sont pas tout… Et, tel quel, notre bateau d’essai est diablement plaisant à piloter. Vif au démarrage, doté de reprises consistantes en sortie de virage, sensible aux réglages du trim, il s’avère vivant et homogène dans son comportement, avec l’atout supplémentaire d’assurer un confort appréciable dans le clapot (20 à 70 cm dans la baie de Cavalaire où se trouve le centre d’essais Capelli tenu par Rio & Fils, le revendeur local). A bord d’un bowrider, bateau prioritairement étudié pour les navigations en eaux protégées ou intérieures, le pilotage se fait surtout en position assise et de ce point de vue, l’ergonomie du Tempest est réussie. Le siège baquet est bien dessiné et la visibilité au travers du pare-brise excellente. Il est possible aussi, grâce à la demi-assise relevable, de piloter debout, mais les grands gabarits devront se courber pour actionner les commandes. Dans ce cas, s’appuyer jambes semi-fléchies sur le bourrelet de l’assise en position relevée est un bon moyen terme. La carène aiguisée du BR 65 (le bateau est assez étroit dans sa partie avant) passe bien. Seul bémol, si elle soulage bien en réception de saut dans la légère houle du large, elle a tendance à se freiner un peu en raison des flotteurs proéminents autour de l’étrave. Un mal pour un bien : la déflexion des embruns est efficace. Ce « bowrider », bien aidé par ses flotteurs, démontre donc les belles aptitudes marines que l’on attribue aux semi-rigides. Autre qualité, le comportement en virage est aussi un point fort du BR 65, avec un engagement naturel dans les courbes, qu’elles soient larges ou serrées, prises avec un peu de trim en positif ou négatif, bien aidé par une prise de gîte intérieure marquée. La précision des trajectoires et la motricité en relance sont au rendez-vous pour le plus grand plaisir du pilote. On se prend à rêver de le prendre en main avec le « Yam » F200F (le quatre cylindres, plus léger que le V6).



Mais, revenons aux performances. Mesurée par nos soins à 39,1 nœuds, super trimé, la vitesse n’est pas décevante, mais on aurait pu espérer un peu mieux compte tenu du look sportif. Les accélérations, avec deux personnes à bord et le plein de carburant, sont satisfaisantes, mais il faudra passer à 175 ch pour conserver cette vivacité si l’on navigue en équipage nombreux. Dans le cas présent, les 130 chevaux du package d’entrée devraient suffire pour qui se soucie peu des sensations sportives. A 3 500 tr/min, à près de 20 nœuds, le BR 65 se montre très économique en parcourant plus d’un mille par litre consommé (1,03), un ratio qui reste appréciable avec 1 000 tr/min de plus à 27 nœuds (0,92 m/l). Dans ces deux cas, grâce aussi à la capacité importante du réservoir, l’autonomie est respectivement de 205 et 183 nautiques, ce qui est assez remarquable pour un bateau de jour, et permet d’espacer les visites à la station de carburant.



 



photo Capelli Bow Rider 65


photo Capelli Bow Rider 65


photo Capelli Bow Rider 65


photo Capelli Bow Rider 65


photo Capelli Bow Rider 65


photo Capelli Bow Rider 65


photo Capelli Bow Rider 65


photo Capelli Bow Rider 65





Qualité de réalisation      

Comportement        

Performances      

Equipement      

Adéquation programme        

Rapport qualite/prix      

Le pilotage récréatif avec 150 ch
La navigation confortable dans le clapot
La facilité de déplacement à bord
L’agencement convivial du cockpit
L’originalité de ce semi-rigide
L’absence d’un blocage du pare-brise en position ouverte
Les commandes un peu basses pour piloter debout
L’ouverture étroite du puits à chaîne
Ni poignée, ni vérin, pour l’ouverture de la cale arrière
De nombreux équipements en option

Face a la concurrence…

Modéle 660 IN Cayman 21 Sport Medline 660
Marque Lomac (Italie) Ranieri (Italie) Zodiac (France)
Imporlation Stélie Nautic + revendeurs Ranieri France (Monaco) Réseau de concessionnaires
Longueur 6,52 x 2,50 m 6,45 x 2,55 m 6,60 x 2,54 m
Nb de personnes 18 14 14
Matériau flotteur CR/CSM CR/CSM CR/CSM
Prix 37 800 € (sans moteur) 27 110 € (sans moteur) 31 354 € (sans moteur)
PERFORMANCES
Vitesse maxi 39,1 nds à 6 100 tr/min
Vitesse de croisière rapide 27,1 nds à 4 500 tr/min
Vitesse de croisière economique 19,2 nds à 3 500 tr/min
Temps de jaugeage 4,6 secondes
Accélération de 0 a 20 nds 5,6 secondes
Vitesse minimale d’hydroplanage 13,9 nds à 2 900 tr/min
Consommation en usage courant (estimation) 14 l/h
Autonomie en usage courant (estimation) 14 h 05 min
Hélice de l'essai Reliance 14’’1/4 x 17’’ inox 3 pales