Essai Capelli Stradivari 43

La mer a son virtuose

Son nom fait référence au célèbre luthier de Crémone, d’où sont aussi natifs les bateaux Capelli. Pour faire honneur à cette prestigieuse filiation, le Stradivari 43 se pare de nombreux atouts qui signent son exclusivité. Elégant, il l’est, luxueux et confortable aussi, fonctionnel, tout autant… A l’évidence, ce « stradivarius de la mer » a plus d’une corde à son archet !

Texte Philippe Leblond – Photos Philippe Leblond et DR


 608 890 € avec 2 x Yamaha 425 ch 4T
 13.0 m
 18
 44,4 nds
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Essai paru le 25/11/2021

Fiche technique

Longueur 13,0 m
Largeur 3,6 m
Diam. maxi des flotteurs 66 cm
Nbre de compartiments 8
Puissance maxi 2 x 450 ch (662,4 kW)
Puissance conseillée par Pneumag 2 x 425 ch
Poids sans moteur 5500 kg
Rapport poids/puissance 7,5 kg/ch (avec le moteur de l’essai)
Nombre de personnes 18
Couchage 2x2
Charge utile 0 kg
Matériau flotteurs CR/CSM Orca 1 670 décitex
Capacité carburant 700 l
Catégorie CE B
Constructeur Capelli (Italie)
Importateur Yamaha Motor France (95 – Saint-Ouen l’Aumône)
Droits annuels sur la coque 573 €
Droits annuels sur le(s) moteur(s) 1 612 €



Lorsqu’il parle de « son » Stradivari, Umberto Capelli, patron du chantier naval qui porte son nom, a des étoiles plein les yeux. L’émotion est aussi à fleur de peau pour ce natif de Crémone, une cité marquée par l’histoire d’Antonio Stradivari, l’incomparable luthier italien qui a, entre autres instruments de musique, façonné les plus sublimes violons. Et ce semi-rigide, aux courbes sensuelles, qu’Umberto a voulu aussi élégant que possible pour rendre hommage au patrimoine culturel et artisanal de sa ville, il l’a mis en scène au cœur de Crémone, au pied de la cathédrale. Scénographie nocturne pour la toute première présentation publique de ce semi-rigide pas comme les autres, avec rampes de projecteurs et notes délicates d’une virtuose du violon, Lena Yokoyama. Et le patron du chantier lombard d’insister sur le caractère exclusif de cette production faite en partenariat avec la ville : « Tu sais, ce semi-rigide est construit en infusion, à Crémone même, et pour la décoration on a utilisé le même bois que pour la confection des violons : l’érable flammé. Ce bateau représente 1 000 heures de travail, alors, nous n’en ferons sans doute pas dix par an… »



 



Au ponton…



C’est au cours du Cannes Yachting Festival que nous avons découvert et pu essayer cette nouvelle « star » du nautisme. Amarré au chevet des grands modèles Tempest, ses frères de chantier, il capte le regard, ne serait-ce que par sa tonalité chromatique et la qualité perçue de ses finitions qui montent encore d’un cran. Et même si le Stradivari 43 reprend la carène du T44, il se distingue par des formes plus élaborées, notamment avec ces courbes délicates que décrit le demi-pavois bordant le flotteur et courtant de l’étrave jusqu’à la poupe, où bien le design tout en légèreté du hard top dont la structure portante est en fibre de carbone…



 



L’embarquement se fait via de longues plateformes de bain communiquant entre elles et revêtues de teck véritable, comme l’ensemble du pont, et armées de deux grands taquets inox rétractables siglés « Capelli ». Entre elles se tiennent fièrement deux exemplaires du plus puissant hors-bord de Yamaha : le XTO de 425 chevaux. Pour ne pas desservir l’harmonie générale, les deux V8 japonais sont peints en kaki pour se marier avec le gel-coat du bateau. L’extrémité arrière des hiloires de cockpit tiennent à disposition de l’équipage la prise de quai, les nables de remplissage des réservoirs d’eau et de carburant ainsi que de vidange des eaux usées, sans oublier la douche extérieure qui consiste en un mât de carbone articulé. On y trouve aussi, sur chaque bord, un orifice pour la fixation des perches, elles aussi en carbone, qui permettent de tendre un grand taud de soleil pour ombrager toute la partie arrière du cockpit. Ce dernier est facilement accessible grâce à deux passages, de part et d’autre du solarium, qui se poursuivent jusqu’à la proue où il se réunissent pour former le pont avant. Pont qui peut être recouvert d’une extension d’une extension de bain de soleil pour le porter à des dimensions rarement vues : 360 x 185 cm. Avec le solarium arrière (175 x 205 cm), ce sont près de 10 mètres carrés dédiés au farniente !



 



Autre délice du mouillage, le grand carré, lieu convivial s’il en est. Autour de la table qui sort (électriquement) du plancher, et donc réglable en hauteur, huit convives peuvent s’installer confortablement pour une collation ou un apéritif. La kitchenette, décrite ci-après, est à portée de main pour faciliter le service. Et, si l’on n’est pas plus de quatre et que l’on a envie de prolonger le séjour à bord et y passer la nuit, le Stradivari dispose de deux confortables cabines doubles. La cabine principale, qui dispose de la hauteur sous barrots et de grands hublots, se situe à l’avant, mais celle qui occupe le centre du bateau n’est pas mal non plus, avec sa grande couchette double, sa tête de lit capitonnée, ses rangements et ses éclairages de lecture flexibles. Un raffinement à l’image de celui de la cabine propriétaire. Label « croisière » oblige, le Stradivari offre aussi une salle d’eau digne de ce nom (hauteur 1,85 m) avec cabine de douche, WC électrique coffré et lavabo à vasque transparente, le tout réchauffé par la présence du bois verni satiné… Le linge de toilette est comme il se doit signé « Stradivari ». Un sigle que l’on retrouve souvent à bord, comme sur l’escalier de la cabine ou brodé sur les dossiers des sièges de pilotage.



 



En parlant de poste de pilotage, lui aussi est un morceau de choix. Les deux sièges enveloppants à motif matelassé et demi-assise mobile, sont à même d’assurer tout le confort pour les longues navigations, que ce soit assis ou debout. A ceci près que côté copilote, il manque un repose-pieds et une poignée pour se tenir… Bien agencé, le tableau de bord réserve une large place à l’électronique de navigation avec, dans sa partie haute, trois écrans : deux combinés GPS-traceur-sondeur Raymarine de 15 pouces, encadrant l’afficheur Yamaha et le poste stéréo de la sono JL. Les commandes de pilotage tombent bien sous la main : volant, boîtier gaz/inversion de marche, propulseur d’étrave, joystick et pilote automatique du système Helm Master phase 2… Par ailleurs, le pare-brise panoramique, dépourvu d’encadrement, offre une parfaite visibilité.



 



Pour ce qui des nombreux équipements de confort tels que, sellerie, prise de quai avec chargeur, chauffe-eau, réfrigérateur (95 litres), évier inox sur plan de travail en Corian, système audio JL avec ses dix enceintes retro éclairées, éclairage du cockpit par leds, réservoir d’eau douce de 140 litres et d’eaux noires de 60 litres, douche extérieure et intérieure, lavabo, WC, tout est de série ! Il en va de même pour l’équipement nautique : guindeau électrique, direction hydraulique, tableau électrique, hard-top, plateforme de bain avec échelle intégrée… Mais, prestige de l’engin oblige, quelques options sont proposées pour les clients les plus exigeants : taud de soleil sur perche de carbone, taud de console et de leaning-post, seconde échelle de bain, éclairage led sous-marin… Et pour les plaisirs épicuriens, Capelli propose même une cave à vin, un « seau » à champagne réfrigéré, sans oublier le clin d’œil à l’Italie avec la… machine à café, habilement intégrée sur un support escamotable. Ceux que les manœuvres de port intimident, pourront également opter pour une aide supplémentaire avec le propulseur d’étrave.



 



En mer…



Bien qu’élaboré à partir de la carène du Tempest 44, le Stradivari n’est pas prévu pour recevoir trois hors-bord à la différence de son aîné. Aussi ne vous attendez pas à ce qu’il dépasse les 50 nœuds, marque aisément à la portée du T44. Il devra donc se contenter de 44 nœuds (44,4 exactement à notre GPS)… Mais battre des records de vitesse n’est pas la vocation de cet « instrument nautique » qui joue plus sur la corde du raffinement, de la contemplation, de la balade (ou ballade, qui sait ?) que sur celle du sport. Il n’en demeure pas moins que cette pointe de vitesse est plus que convenable pour un semi-rigide de son gabarit, et même dans l’absolu.



 



Le Stradivari est un alliage subtil de performance, de confort et de raffinement, à l’image d’une belle GT sortant des ateliers d’Aston Martin ou de Bentley. Le jour de cet essai, la baie de Cannes (et même un peu plus au large) la Grande Bleue est assoupie. Seule opportunité d’évaluer l’efficacité de la carène (traversée de vague et équilibre) : franchir des sillages, si possible ceux de grosses unités. C’est ce que nous avons pu faire, avec bonheur. En effet, le Stradivari s’est bien accommodé de ces reliefs liquides, même à vitesse élevée, décollant légèrement au passage, bien à l’horizontale. Il est vrai que son équilibre est assez comparable à celui constaté avec le T44, c’est-à-dire avec une assiette très « plate ». La déflexion semble efficace, autant qu’on puisse en juger, car sans vent, c’est moins parlant. En réception des sillages, sa vague d’étrave est bien rabattue en latéral. On apprécie aussi le punch des gros V8 Yamaha, avec lesquels on a signé de beaux chronos : 4’3 seulement pour déjauger, reprise d’assiette comprise, et une seconde de plus pour franchir les 20 nœuds. Pas mal pour un semi-rigide qui doit déplacer au moins sept tonnes en ordre de marche avec un équipage de quatre personnes et 40% de carburant… Concernant l’autonomie, un paramètre assez important, compte tenu des aptitudes à la croisière du Stradivari, on constate que les chiffres sont corrects, sans plus, avec 173 milles à 23,8 nœuds. Les moteurs ne sont pas en cause - 0,28 mille par litre au meilleur rendement c’est satisfaisant pour 850 chevaux - mais plutôt la réserve de carburant qui, avec 700 litres, est un peu « courte ».



 



Laissons les chiffres pour parler sensations… Le pilotage du Stradivari s’apparente vraiment à celui du Tempest 44. Normal, direz-vous, il en reprend la carène. Avec un équilibre très assuré (il faut vraiment mettre beaucoup de trim pour faire « vivre » la coque) la sensation de sécurité est indiscutable, quelle que soit la vitesse adoptée en ligne droite, ou le type de virage effectué. La carène malgré un V assez marqué se révèle très stable aussi au plan latéral (aucun roulis). Mais ce grand semi-rigide n’est pas pour autant dénué de tempérament : on apprécie sa maniabilité, sa capacité à virer court, pleins gaz, sans décrocher, avec une gîte intérieure marquée qui ne soumet pas, ou presque pas, les passagers à la force centrifuge. Aux allures de croisière, les V8 Yamaha savent se montrer assez discrets au plan sonore, mais à plein régime, ils donnent de la voix, et ce n’est pas déplaisant, loin s’en faut. Entre 25 et 32 nœuds, plage des meilleurs rendements, on évite de faire grimper la consommation, et on profite pleinement du confort de cette GT de la mer.



 



Au final, découvrir un semi-rigide aussi ambitieux est un vrai plaisir. Certes, son prix le destine à des plaisanciers privilégiés, mais n’est-ce pas le cas de toutes les productions haut de gamme ? Conception sophistiquée, ligne élégante, finition au top, qualités de navigation au diapason… On peut dire que le Stradivari 43 joue sa partition sans fausse note.



photo Capelli Stradivari 43


photo Capelli Stradivari 43


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Qualité de réalisation          

Comportement        

Performances      

Equipement          

Adéquation programme          

Rapport qualite/prix        

La ligne très élégante
Les finitions raffinées
Le plan de pont convivial et fonctionnel
Le comportement dynamique efficace et sûr
L’autonomie pourrait être plus généreuse
L’absence de repose-pieds et de poignée pour le copilote
Pas de boîte à gants au poste de pilotage

Face a la concurrence…

Modéle GranTurismo 14.0 Mito 45 FB Prince 43 CC
Marque Lomac (Italie) MV Marine (Italie) Nuova Jolly (Italie)
Imporlation Stélie Nautic + réseau de revendeurs AGP Boats (83 – Bormes-les-Mimosas) Nuova Jolly (Italie)
Longueur 13,64 x 4,15 m 13,50 x 4,18 m 13,45 x 4,00 m
Nb de personnes 16 18 18
Matériau flotteur CR/CSM CR/CSM CR/CSM
Prix 498 000 € (sans moteur) 331 920 € (sans moteur) 469 949 € (sans moteur)
PERFORMANCES
Vitesse maxi 44,4 nds à 5 800 tr/min
Vitesse de croisière rapide 32,4 nds à 4 500 tr/min
Vitesse de croisière economique 23,8 nds à 3 500 tr/min
Temps de jaugeage 4,3 secondes
Accélération de 0 a 20 nds 5,3 secondes
Vitesse minimale d’hydroplanage 16,5 nds à 2 800 tr/min
Consommation en usage courant (estimation) 82 l/h
Autonomie en usage courant (estimation) 7 h 40 min
Hélice de l'essai 16’’5/8 x 16’’ inox 3 pales