Essai Capelli Stradivari 52

Très haut dans la gamme

Avec des qualités de réalisation et de finition exemplaires, une navigabilité sans fausse note et un confort de Gran Turismo, le chantier Capelli signe là une œuvre qui pourrait devenir un classique dans le monde du semi-rigide. Essai dans les eaux calmes de Gênes d’une unité aux airs de violon légendaire.

Texte Nicolas Massines - Photos : DR et l’auteur


 530 000 € avec 4 x 450 ch Yamaha XF V8
 15.5 m
 20
 47,8 nœuds
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Essai paru le 22/10/2025

Fiche technique

Longueur 15,5 m
Largeur 4,9 m
Diam. maxi des flotteurs 60 cm
Nbre de compartiments 6
Puissance maxi 4X600
Puissance conseillée par Pneumag 4X450
Poids sans moteur 9950 kg
Rapport poids/puissance 5,53 kg/ch
Nombre de personnes 20
Couchage 2
Charge utile 0 kg
Matériau flotteurs Orca Neoprene Hypalon 1670 date
Capacité carburant 1 850 l
Catégorie CE B-C
Constructeur Cantieri Capelli (Italie)
Importateur Yamaha Motor France (95 – Saint-Ouen l’Aumône)
Droits annuels sur la coque 866 €
Droits annuels sur le(s) moteur(s) NC



Au ponton.



 



Les amateurs de musique classique et plus particulièrement de violon, connaissent le nom de la ville de Crémone, située au nord de l’Italie en Lombardie, car c’est ici que le plus célèbre luthier du monde, Antonio Stradivari (1644-1737), a fabriqué les chefs-d’œuvre d’artisanat appelés Stradivarius. Mais en ce qui nous concerne, Crémone est aussi, depuis 1974, le berceau du chantier Capelli, fabricant de bateaux à coques dures et semi-rigides. Dans les 9 lignes de modèles pneumatiques du fabricant italien, nous trouvons, en plus des célèbres modèles Tempest, la ligne Stradivari comprenant à présent une unité de 52 pieds. Elle s’additionne à celle déjà apparue il y a 4 ans avec le 43. Le modèle mis à l’eau lors du salon de Gênes en septembre dernier, est une évolution de la ligne, doté entre nombreux autres atouts, d’un nouveau plan de pont.



Une fois à bord via les plateformes arrière ou la pointe avant, la première sensation frappante est la similitude visuelle avec l’instrument de musique : livets arrondis, étrave douce comprenant des rappels aux ouïes en F d’un violon, plan de pont quasiment plat, combinaison de couleurs chaudes et boisées entre le teck et la sellerie, T-Top aux courbures évasées… On ressent immédiatement la réflexion et le travail minutieux dans le dessin du bateau. Le tableau arrière est équipé de quatre 450 XF Yamaha en V8, peints de la même couleur que le bateau, et peut accueillir jusqu’à 4 fois 600 chevaux dans sa version maximale. Sous le très vaste solarium placé en avant des moteurs, nous trouvons un coffre de plus de 13 m³, accessible via deux marches et pouvant abriter tout le matériel de sécurité et les équipements de bord, tels que les deux biminis avant et arrière, leurs supports, les pare-battages et autre matériel dit humide. Les surfaces antidérapantes et la lumière maîtrisée de ce coffre attestent du niveau de finition élevé. Une fois les portillons de sécurité passés, nous voici dans la zone de vie avec un canapé en forme de C à la texture de sellerie dénommée « Stradivari » par la marque. Des assises profondes et de dimensions généreuses vous transportent dans un salon haut de gamme. Mais la surprise vient de la table en teck soutenue par une colonne en acier inoxydable. Son ouverture se fait dans le plus pur style origami. Par un système d’ouverture minutieux, cela permet de déployer des segments en éventail et par là, d’augmenter considérablement sa surface. Magnétique, la zone centrale de la table peut aussi retenir des assiettes aimantées.



Le T-Top en infusion retient l’attention avec sa partie arrière rappelant la courbure d’un violon. Un autre détail - qui n’en est pas un - se trouve dans les trois mains-courantes en bois pleine largeur, discrètement placées au plafond de celui-ci. Pratiques, élégantes et sécurisantes, elles reflètent parfaitement l’esprit de confort en navigation qui ne se substitue pas à la seule volonté de créer une belle unité. Cette superstructure aux montants en acier peints en noir, peut supporter radar, antennes et panneaux solaires, tout en créant un espace protégé, lors de la préparation des repas pris en extérieur grâce au mobilier volumineux dédié à la restauration.  Seules trois assises bolster placées face à la console permettent de suivre la navigation. Leur cuir surpiqué siglé Stradivari et leur texture délicate, nous plongent dans un univers automobile très haut de gamme. La similitude entre les deux mondes est d’ailleurs omniprésente lors de la visite. Les passavants pour se rendre à la proue sont assez étroits, 30 cm, malgré les 52 pieds du Stradivari, et on déplore l’absence de main-courante pour les emprunter sereinement. Mais une fois à la proue, la simplicité et le raffinement du contraste pont en teck / sellerie du bain de soleil, captent le regard et les mains ne peuvent s’empêcher de caresser les surfaces. Le cuir ne chauffe pas malgré un soleil d’été italien au zénith. Allongé, la sensation sur le solarium est celle que l’on retrouverait dans un cocon de 195 cm x 165 cm (sacré cocon tout de même). Enveloppantes, les courbes de la coque du solarium semblent épouser les corps. La vison y est panoramique, aucunement troublée par la présence de taquets ou autres saisines. La pointe avant reçoit classiquement la baille à mouillage, qui peut accueillir pas moins de 50 m de chaîne.



Alors que le Stradivari 52 dispose d’une homologation pour 20 personnes, le pont inférieur accessible frontalement via le poste de barre, accueillera lui 4 personnes dans une cabine master et une cabine twin séparée sur l’arrière. Une première pour Capelli. À l’image du raffinement extérieur, le Fenix gris côtoie les tons de cuir, ceux de l’Alcantara clair et de l’érable marbré, rappel visuel subtil aux violons. Pour ceux qui n’auraient pas bien saisis la subtilité, des lignes rétro-éclairées pleine hauteur, quatre comme les cordes de l’instrument, ornent l’entrée de la cloison de la master en guise de rappel. Et puis encore un écho à la musicalité dont le Capelli s’inspire, une fois entrés dans la master : le lit principal reprend les formes de l’instrument à cordes grâce à un pourtour tout en courbes douces. Si ce n’était pour les hublots de coque, on se croirait volontiers dans un boutique-hôtel, et ce n’est pas l’espace et la lumière des salles de bains qui viendraient contredire le propos.



 



En mer.



 



Avant de larguer les amarres, offrons-nous un petit plaisir auditif avec la mise en marche des 4 XTO 450 V8. Un par un, ils émettent un son sec et caractéristique de la sportivité de leur bloc moteur. C’est tout de même toujours aussi agréable à entendre. Sur le ponton, téléphones en main, les visiteurs du salon nautique génois ne s’y trompent pas et les passagers du Stradivari 52 non plus. Époque oblige, tout est sujet à vidéo et ce pneumatique fait autant tourner les têtes que les appareils photos. Seize personnes occupent le pont, ce qui peut sembler beaucoup mais chacun y trouve une place très naturellement. Les performances, nous le verrons, ne seront pas laissées pour compte. Un dernier coup d’œil sur la centrale de navigation de la console, ou plutôt des deux consoles, puisque la plus petite située à bâbord accueille un écran Raymarine 12 pouces dédié à la navigation. Celle de barre située sur tribord, est plus vaste, disposant de 2 écrans de 16 pouces. Une configuration ambitieuse qui peut se révéler très efficace, surtout en longues navigations menées par un équipage. Comme sur le reste du bateau, la qualité des finitions et des matériaux employés pour le poste de barre séduit. À l’exemple de l’agencement des repose-pieds en teck, des mains courantes en cuir, des profonds porte-gobelets faisant aussi office de vide-poches, ou encore de la sellerie tout en courbes aussi agréable à s’y installer qu’à regarder. Le pilote est placé au centre et le copilote à sa droite, tous deux protégés par un pare-brise fumé légèrement séparé du hard-top. Le joystick et le propulseur d’étrave assurent des manœuvres au cordeau d’une grande simplicité. Il faut toutefois garder en tête les plus de 15 mètres de l’unité pour anticiper au mieux. Une fois sortis du port et après avoir dépassé la zone d’approche portuaire toujours très fréquentée à Gênes, les quatre V8 distillent une musicalité très douce lors de leur montée en régime.  Le plan d’eau est calme, le vent est faible, et la navigation à mi-régime une fois le planning atteint à 20 nœuds est d’un confort absolu. Les passagers de l’arrière se parlent sans hausser la voix, et ceux de la console apprécient la commodité des assises et la lisibilité des informations sur les écrans. La partition du confort est extrêmement bien jouée, le plaisir à la barre ne subit pas de fausse note. La coque en infusion est différente de celle du Tempest 50 : elle jouit d’un nouveau dessin pour s’appliquer à ses nouvelles côtes. Afin de faire ressembler le plus possible les sensations de navigation à celles d’un Gran Turismo, le chantier a décidé de supprimer les steps avec un résultat probant. En montant dans les tours et en se positionnant à une allure de croisière rapide de 29 nœuds, la sensation est toujours aussi plaisante. Les flotteurs du Stradivari 52, placés assez haut sur l’eau, lui permettent aussi de jouer la carte de la performance et de la sérénité lorsque les virages s’enchaînent. Les passagers ne se trouvent pas balancés bord à bord et épousent très intuitivement les mouvements du semi-rigide. Aucune contre-gîte n’est relevée et il est possible de se faire plaisir en barrant de manière plus sportive grâce à la précision de barre et à la réactivité des moteurs. La vitesse de pointe est relevée à presque 48 nœuds tout de même, malgré les contraintes de poids, avec une sonorité des V8 très expressive et accordée à la montée en régime. Une signature acoustique rauque cohérente avec la puissance et l’élégance de l’ensemble. Si l’essai aurait mérité une mer un peu plus formée, quelques sillages assez marqués rencontrés suite au passage de grosses unités, ont permis de se faire une idée positive de la capacité de la coque à bien passer dans un clapot marqué.



 



Pas de fausse note donc côté navigation et, que ce soit au ponton, à mi ou plein-régime, le Stradivari 52 s’adapte et distille encore et toujours ces notes de luxe, de confort et de technicité de réalisation qui en font un instrument vraiment à part dans le monde des semi-rigides.



 



photo Capelli Stradivari 52


photo Capelli Stradivari 52


photo Capelli Stradivari 52


photo Capelli Stradivari 52


photo Capelli Stradivari 52


photo Capelli Stradivari 52


photo Capelli Stradivari 52


photo Capelli Stradivari 52





Qualité de réalisation          

Comportement        

Performances        

Equipement        

Adéquation programme          

Rapport qualite/prix        

L’esprit exclusif
La qualité des finitions
Le plan de pont
L’habitabilité
Mains-courantes peu nombreuses pour se rendre à l’avant
Mains-courantes absentes sur le solarium arrière

Face a la concurrence…

Modéle Ranieri Cayman 50 Pirelli 50 Strider 15
Marque Ranieri (Italie Pirelli (Italie) Sacs Marine (italie)
Imporlation Champion Marine Marine Center Marine Services
Longueur 14,90 x 4,30 m 15,80 x 4,62 m 15x5,02 m
Nb de personnes 16 18 16
Matériau flotteur ORCA CR/CSM Orca CR/CSM Orca
Prix 898 000€ avec 3 x 350 Mercury 1 242 000€ avec 3 x 600 Mercury 932 000€ avec 2 X 440 Volvo Penta D6)
PERFORMANCES
Vitesse maxi 47,8 nds à 5 600 tr/min
Vitesse de croisière rapide 30 nds à 4 500 tr/min
Vitesse de croisière economique 22 nds à 3 600 tr/min
Temps de jaugeage 4,9 secondes
Accélération de 0 a 20 nds 6,28 secondes
Vitesse minimale d’hydroplanage 20 nds à 2 300 tr/min
Consommation en usage courant (estimation) croisière éco (estimation) : 300 l/h
Autonomie en usage courant (estimation) 284 milles
Hélice de l'essai NC