C'est le moins grand des trois semi-rigides 4XC, mais ce n'est pas le moins marin. La capacité de cette carène furtive à franchir les vagues est étonnante ! Cette qualité marine s'ajoute à d'autres atouts physiques, à commencer par une esthétique personnelle et une fabrication soignée.
Texte et photos Philippe Leblond
Aiguisée comme une lame, la carène en V profond du H7 (26° au tableau arrière !) fend l'élément liquide sans effort apparent. Pourtant, le Pertuis rochelais n'est pas aussi calme qu'il en a l'air, dressant devant elle son habituel clapot, celui qui rend nombre de bateaux semblant bien nés, vite inconfortables. Mais, pas le H7. Ce dernier ne moufte pas, même à l'approche des 40 nœuds. Au-dessus, cela commence à bouger et il ne nous a pas été possible de mesurer une vitesse maxi de manière satisfaisante. Le chiffre indiqué ci-dessus est celui que nous avions enregistré à Naples, dans des conditions idéales, lors de la présentation officielle à la presse, il y a trois ans. Même moteur, même hélice, mêmes vitesses sur les intermédiaires… De belles performances, eu égard au poids du bateau !
Le déjaugeage est expédié en à peine plus de trois secondes, et la surprise vient de ce que cette carène en V constant se révèle capable de rester planante à seulement 2 700 tr/min et 11,8 nœuds. Une bonne nouvelle pour les allures de croisière qui s'étendent sur une large plage de régimes, offrant d'adapter au mieux son allure à ses impératifs, ainsi qu'à ceux de la mer. Oui, il est possible de se promener nonchalamment à 21 nœuds avec un rendement exceptionnel d'1,08 mille par litre, ou de cravacher à plus de 30 nœuds (0,89 m/l) sans porter atteinte au confort, du moins dans un clapot de 80 cm. Quel que soit le rythme auquel on le mène, le H7 se met en évidence par un comportement ultra efficace et on prend à son volant un plaisir intense. La carène semble connectée aux mains du pilote, tant elle se montre réactive, comme en virage où, avec son assiette caractéristique, un peu plongeuse, la quille taille les courbes avec une précision chirurgicale, le nez au ras des flots, et sans mouiller. Le grip est ferme et constant et la motricité du Honda 250 ch intacte en sortie de virage pour relancer. Un peu plus au large, nous survolons les creux d'un mètre sans aucune appréhension, que ce soit face au vent ou vent d'arrière, malgré les 40 nœuds affichés par le GPS. Seule réserve, à cette vitesse, la tenue de cap est moins rigoureuse et la stabilité latérale plus délicate avec la mer par le travers… Nul n'est parfait !
Le H7 est la copie en réduction de ses grands frères H8 et H9, à la différence qu'il ne dispose pas d'une cabine. Sa console de pilotage, qui adopte la même forme en éperon, est simplement dédiée au rangement. Le plan de pont diffère légèrement aussi en raison de l'espace plus réduit, avec une banquette arrière ne permettant pas de former un carré. Il est cependant possible d'y prendre place à trois ou quatre et de profiter de la tablette située au dos du leaning-post pour poser les victuailles lors du pique-nique. Cette petite table n'est d'ailleurs pas facile à rabattre lorsque la collation est terminée… Toujours au sujet de la banquette de poupe, précisons que son dossier rabattable vers l'arrière et sa façade avant relevable concourent à former un solarium assez spacieux (124 x 182 cm), venant s'ajouter à celui qui recouvre le pont avant (220 x 148 cm). Généreux en aire de bronzage, le cockpit du H7 est en revanche restrictif quant au nombre de places assises, le siège de pilotage étant en fait un faux biplace, et la forme de la console interdisant tout siège en avant de celle-ci. Quatre ou cinq vraies places assises, auxquelles on peut ajouter quatre autres places potentielles sur les flotteurs, mais sans réelle possibilité de se tenir en navigation, c'est tout ce que peut offrir ce 25 pieds.
Si le choix du poste de pilotage monoplace a au moins permis de profiter de confortables passavants, et d'offrir une longue main courante en périphérie du leaning-post (bien pour naviguer debout en mer formée), il s'avère en revanche peu protecteur pour le pilote et son éventuel copilote. Le pare-brise en chevron est trop bas pour défléchir le courant d'air qui est omniprésent. Peu gênant lors des sorties par beau temps, c'est moins agréable lorsque la météo se dégrade…
Au ponton :
Bien que décalée en termes de design, la silhouette des 4XC n'est pas totalement inédite. Une raison à cela, l'auteur n'en est autre que l'architecte Christian Grande, qui a souvent œuvré pour Sacs et dont les Strider 12 et Strider Abarth Powershore, lancés il y a quelques années, arboraient déjà des lignes assez similaires. Par ailleurs, si le prix du H7 peut paraître élevé, dans le segment de marché qui est le sien, il faut néanmoins considérer qu'il est commercialisé avec un équipement complet (il n'y a pas d'options), incorporant notamment le roll-bar, le guindeau électrique à double commande, le bloc-cuisine, l'éclairage de courtoisie ou la douche de pont, accessoires qui ne figurent pas habituellement dans la dotation standard.
En mer :
Aux commandes, le pilote bénéficie d'une bonne position de conduite, que ce soit debout ou assis, grâce au cale-pieds moulé à la base de la console. Par contre, il ne faut pas compter sur la protection du pare-brise, qui ne remplit même pas la fonction de saute-vent. Par chance, le H7 est un semi-rigide qui ne mouille pas malgré sa carène en V très profond, les flotteurs dépassant largement le haut de la coque et rabattant efficacement la vague d'étrave, même lors des réceptions de sauts avec mer de l'arrière. Dans ce cas de figure, l'avant soulage efficacement, et bien que le H7 soit bas sur l'eau, on ne craint pas d'enfourner dans les vagues rattrapées. Par ailleurs, face à la mer, même moteur bien trimé, son assiette reste proche de l'horizontale et permet au H7 de passer à haute vitesse d'une crête à l'autre, en toute sécurité.