*Ce semi-rigide, conçu pour les navigations rapides par mer formée, est capable de transporter plusieurs passagers dans de bonnes conditions de confort et de sécurité. L'aménagement de cockpit peut être quelque peu modifié, afin de libérer de l'espace, et le tissu des flotteurs est au choix : PVC ou Hypalon.*
Texte et photos Philippe Leblond
Récemment importée en France cette marque ukrainienne propose une gamme très diversifiée, allant du petit pneumatique pliable au grand semi-rigide équipé confort en passant par une série de type professionnel dont le 610 Navigator est issu. Dans cette gamme pro qui comporte deux autres lignes de semi-rigides (Rescue, Heavy-Duty), les Navigator sont au nombre de trois, le 610 venant se placer entre les 570 et 700. Simple mais bien exécutée, la construction du Navigator comporte un pont en bois stratifié, incorporant le coffre à mouillage, et des flotteurs en Hypalon Orca (bateau essayé) ou en PVC Mirasol, ce dernier étant moins cher (16 437 €).
A peine a-t-on mis le pied à bord que l'on constate une certaine difficulté à se déplacer le long des quatre sièges jockey et de part et d'autre de la console, en dépit du déport de cette dernière sur tribord. Il est vrai que le poste de pilotage est très avancé, et qu'avec seulement 2,30 m de large, le 610 Navigator est l'un des semi-rigides les plus étroits de sa catégorie. Pour ce qui est de l'agencement intérieur, il est toutefois possible de démonter deux sièges jockey, notamment dans l'optique de pratiquer la pêche ou la plongée. Ou mieux encore, ôter les quatre jockey et opter pour le leaning-post. Par contre, la baquette arrière est à demeure… Par sa configuration, notre bateau d'essai se prête d'avantage au sorties collective, grâce à de nombreuses places assises (sept plus deux sur le siège devant la console si l'état de la mer le permet). Parmi les options, on s'étonnera d'ailleurs de trouver un élément pour combler le vide entre le siège de console le coffre de la pointe et offrir un… solarium. Ce dernier sera néanmoins assez court, la console étant très en avant. Mais, vu le tempérament et la conception de ce semi-rigide, nous ne pensons pas que cette option sera souvent demandée. Parmi les points forts de ce cockpit on peut mentionner aussi le poste de pilotage, avec une console haute et un pare-brise qui protège bien des éléments, ainsi qu'un tableau de bord où l'espace ne manque pas pour un intégrer un sondeur-GPS grand écran, mais on l'on déplore l'absence de vide-poches. Par ailleurs, la position de pilotage à partir du siège jockey est bonne, et la présence d'un cale-pieds sera appréciée dans l'optique de choisir le leaning-post.
*Assiette et tenue de cap : RAS !*
Stable à l'arrêt, malgré sa relative étroitesse, le 610 Navigator l'est aussi en action. Si ce n'est la direction un peu trop ferme (un problème de réglage sans doute, car l'Evinrude 130 n'est pas un "âne mort" avec ses 1,4 kg/ch), le pilotage du Brig nous a totalement satisfait. D'abord pour ses qualités de vivacité et de docilité, mais aussi pour son caractère sportif et hauturier. La tenue de cap est imperturbable quel que soit la direction par rapport au sens de la mer, la carène gommant le clapot de 40-50 cm en souplesse, avec l'aide d'un réglage de trim adapté. Et même quand on trime à l'excès pour aller chercher les derniers tours/minute, le roulis reste absent des débats. Bien installé sur son jockey, le pilote prendra plaisir aussi à enchaîner les virages, de différent rayon, sans jamais prendre en défaut cette carène à la fois précise et sûre qui se relance, en conservant toute sa motricité, à l'assaut d'un nouveau cap.
Signant des chronos d'accélération corrects, malgré la pêche du 130 ch deux temps Evinrude, le Brig approche les 40 nœuds en vitesse de pointe, permettant de disposer d'allures de croisière intéressantes : 20,7 nœuds à 3 500 tr/min et 31,5 noeuds à 4 500 tr/min, avec des consommations horaires respectives de 18,5 litres et 28,3 litres. A ces régimes, les rendements sont vraiment économiques, avec 1,12 et 1,11 mille par litre… Le réservoir étant de 121 litres, l'autonomie est de l'ordre de 120 nautiques, ce qui laisse de quoi voir venir question ravitaillements. La sonorité sportive de l'E-Tec 130 ch, qui rend le pilotage excitant, saura baisser d'une octave en croisière, pour se mettre au diapason des longues randonnées.
Au ponton
Le cockpit n'est pas des plus spacieux, et les occupants des jockeys tribord verront leur jambe droite quelque peu prisonnière entre le siège et le flotteur. Bien que la console et les sièges soient légèrement décalés vers tribord, le passage à bâbord reste étroit. Pour la baignade, il faudra faire l'acquisition d'une échelle spécifique, à poser sur l'un des flotteurs, car le constructeur n'a prévu ni plate-forme ni échelle de bain parmi les options. Au plan du rangement, il faut savoir que les socles des jockeys ne sont pas étanches… La meilleure place pour des petites affaires personnelles est le rangement haut de la console. Pour le matériel plus encombrant, la soute arrière est toute désignée, mais les imposantes varangues, le réservoir d'huile et la batterie "bouffent" de la place.
En mer
Plaisant pour son barreur, confortable pour ses passagers, le 610 Navigator contente tous ses occupants, en adoptant un comportement à la fois sportif et sécurisant. Avec l'Evinrude E-Tec 130 – un moteur qui lui convient parfaitement – il est facile à prendre en main et devrait le rester tout autant si l'on opte pour la puissance maxi autorisée : 150 ch. Cette dernière devrait lui permettre de dépasser les 40 nœuds et pourrait s'avérer utile pour sauvegarder de bons rendements, au cas où le bateau naviguerait lourdement chargé (par exemple avec sept passagers et leurs affaires).