Avec ce semi-rigide transportable et non soumis aux taxes, le chantier ukrainien vise le cœur du marché du semi-rigide équipé. Il y parvient plutôt bien, comme nous le montre son cockpit collégial et ses aptitudes à naviguer au gré des conditions, avec une large plage d’utilisation aux régimes de croisière.
Texte et photos Philippe Leblond
Longueur | 6,5 m |
Largeur | 2,5 m |
Diam. maxi des flotteurs | 55 cm |
Nbre de compartiments | 5 |
Puissance maxi | 225 ch (165,6 kW) |
Puissance conseillée par Pneumag | 150-200 ch |
Poids sans moteur | 735 kg |
Rapport poids/puissance | 6,3 kg/ch (avec le moteur de l’essai) |
Nombre de personnes | 13 |
Couchage | 0 |
Charge utile | 1650 kg |
Matériau flotteurs | PVC ou CR/CSM |
Capacité carburant | 200 l |
Catégorie CE | B |
Constructeur | Brig Boats (Ukraine) |
Importateur | Brig France (13 – Aix en Provence) |
Droits annuels sur la coque | exempté |
Droits annuels sur le(s) moteur(s) | exempté |
Arrivée en France il y a quatre ans, cette marque venue de l’Est fait valoir une large gamme de semi-rigides d’une quinzaine de modèles, de 3,40 m à 9,90 m, sans compter les annexes. Ces produits sont répartis en trois gammes : Navigator (sportive), Falcon Rider (polyvalente), la série Eagle étant celle des bateaux équipés confort pour une utilisation balade/farniente. Depuis l’arrivée cet automne du tout nouveau modèle-amiral, l’Eagle 10 (9,90 m), le 650 se retrouve en troisième position, derrière le 780 (7,85 m). Il n’en présente pas moins un équipement de confort assez poussé et profite de son statut de semi-rigide de moins de 7 mètres, échappant aux taxes. Voyons plus en détails ce qu’il propose…
Au ponton
C’est sûr, il n’a pas encore la facture raffinée des productions italiennes, mais il fait honorable figure, nous rappelant que son prix reste nettement inférieur aux leurs, même dans sa version Hypalon, plus chère de 4 000 € qu’avec des flotteurs en PVC. Rappelons à ce sujet que tous les modèles de la série Eagle sont proposés avec des tubes en tissu PVC ou Hypalon. En cas d’usage intensif, ou de séjour prolongé à flot, nous ne saurions trop vous recommander le second tissu… Donc, fort de son tarif light, l’Eagle 650 a quelques arguments à faire valoir au-delà de son esthétique agréable mais moins sophistiquée. Il y a notamment le nombre de ses places assises qui culmine à sept, sans qu’on ait besoin de s’asseoir sur les boudins. Le choix d’un poste de pilotage biplace n’y est bien sûr pas étranger puisque, outre les deux places de pilote et copilote (soit dit en passant, grâce aux deux assises relevables indépendantes, la position de conduite est efficace), le siège placé devant la console offre une double assise supplémentaire (à utiliser par beau temps). Et saluons à cet égard la bonne décision du chantier de décaler sur tribord console et siège pilote, afin de profiter d’un large passage à bâbord plutôt que de deux passavants étriqués, avec un poste de pilotage centré… Cette facilité de circulation qu’on apprécie à l’intérieur du cockpit ne se retrouve pas pour rejoindre les deux petites plates-formes de bain. Pour se faire, il faut se livrer à l’exercice périlleux qui consiste à arpenter le moulage polyester dans le prolongement du dossier de la banquette, tout en rondeurs et sans antidérapant ! C’est peut-être là, la meilleure raison d’opter pour l’arceau polyester après lequel on pourrait au moins se tenir. A la remontée du bain, on trouvera une douchette avec réservoir de 45 litres (option).
Côté farniente, l’Eagle 650 n’est pas le plus généreux. Mais avec l’extension de solarium avant qui consiste en une petite table de pique-nique placée en position basse, on peut se faire dorer à deux. La poupe, où le siège pilote propose une petite tablette rabattable pour l’apéritif, n’offre pas de vrai solarium. On peut seulement s’allonger sur l’assise de la banquette… Pour ce qui est du rangement, le coffre avant n’est pas des plus généreux, et le siège de pilotage dont la base est évidée n’a qu’une maigre capacité. Il reste toutefois la console et la soute arrière (malgré l’encombrant bac moteur), nettement plus volumineuses. Par contre, le poste de pilotage est une bonne surprise, sensiblement plus spacieux que celui des concurrents. C’est un vrai biplace, et de surcroît il n’a pas fait l’impasse sur trois détails qui nous tiennent à cœur chez Pneumag : la façade arrière de console en retrait pour éviter les coups de genoux dans la mer formée, le cale-pieds (pour piloter assis par mer belle) et le vide-poches, indispensable mais si souvent aux abonnés absents ! Bien aussi la main courante, située à l’arrière du siège pilote, permettant à deux passagers de l’arrière de se tenir debout en sécurité pour les navigations musclées. Par contre, nous ne sommes pas partisans, des extrémités de flotteurs en plastique. Au port, en cas de marche arrière maladroite, elles constituent, au même titre que le capot moteur, un point de fragilité.
En mer
C’est en fait sur la Seine que nous avons pu prendre les commandes de l’Eagle 650. Rapidement à l’aise en raison d’un parfait équilibre, tant en latéral qu’en longitudinal, nous le sollicitons franchement dans une série de virages « attaqués ». Force est de constater que ce n’est pas sa figure préférée… Il se montre un peu réticent à l’inscription refusant de prendre de la gîte intérieure dans un premier temps. Puis, parvenant à s’incliner, il se met à glisser. Cette perte de grip est due au fait qu’une fois gîté en appui sur le flotteur intérieur, celui-ci fait décrocher la quille. Un phénomène qu’on rencontre tant dans les virages à gauche qu’à droite… Rien de dangereux, mais voilà qui n’est pas très efficace en termes de précision. Hormis cette réserve, le pilotage et les performances du semi-rigide ukrainien ne méritent que de bonnes notes. C’est le cas pour la tenue de cap, imperturbable, avec une assiette bien équilibrée, et la souplesse de passage dans le petit clapot ou les sillages rencontrés. Par contre, cette carène, qui colle un peu à l’eau, nécessite une bonne dose de trim pour aller chercher la vitesse de pointe que nous avons mesurée à 41 nœuds. Une belle marque si l’on considère qu’avec le moteur de l’essai, un Suzuki 150 ch, nous sommes encore 75 ch sous la puissance maxi autorisée, et sur de l’eau douce, moins porteuse que la mer… Avec 225 ch, on peut espérer au moins cinq à sept nœuds de mieux. Mais tel quel, l’Eagle 650 assure aussi un déjaugeage aisé (3’’6) et l’accélération se poursuit, énergique, au-delà des 20 nœuds atteints en 4’’8, malgré une hélice tirant un peu long. Autre point positif, la capacité à planer à basse vitesse, puisqu’il faut ramener les gaz à 2 100 tr/min (soit 9,5 nœuds) pour voir la carène se cabrer et « redescendre » dans son élément. Du côté des rendements aussi, le tableau devrait être élogieux, mais nous n’avons pu mesurer les consommations. Cela dit, on peut raisonnablement penser que l’Eagle 650 devait pouvoir couvrir jusqu’à 250 milles sans ravitailler. Voilà une autonomie qui n’est pas à la portée du premier venu ! Néanmoins, si le propriétaire a l’intention de naviguer avec un équipage nombreux et pratiquer le ski nautique, nous lui conseillerons un 175 ou un 200 chevaux.
Les performances élevées
Le nombre de vraies places assises
La position de conduite avec deux assises, pilote et copilote, séparées
Le poste de pilotage déporté à tribord
Le gabarit routier flotteurs gonflés
Le comportement en virage
La surface de bain de soleil modérée
L’accès aux plates-formes de bain peu commode
La capacité de rangement inférieure à la moyenne du segment
Vitesse maxi | 41,1 nds à 5 500 tr/min |
Vitesse de croisière rapide | 29,4 nds à 4 500 tr/min |
Vitesse de croisière economique | 21,0 nds à 3 500 tr/min |
Temps de jaugeage | 3,6 secondes |
Accélération de 0 a 20 nds | 4,8 secondes |
Vitesse minimale d’hydroplanage | 9,5 nds à 2 100 tr/min |
Consommation en usage courant (estimation) | 14 l/h |
Autonomie en usage courant (estimation) | 12 h 50 min |
Hélice de l'essai | inox 3 pales |