Essai Brig Eagle 8

Un « familial » généreux

Ce nouveau Brig à programme familial s’apparente de près à l’Eagle 10, lancé il y a deux ans. Malgré ses deux mètres en moins, son plan d’aménagement « millimétré » se montre généreux en termes de confort, et ses qualités dynamiques sont dignes de celles de son grand frère.

Texte et photos Philippe Leblond


 48 899 € sans moteur
 7.85 m
 16
 45,7 nds avec Mercury Verado 350 ch 4T
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Essai paru le 04/07/2019

Fiche technique

Longueur 7,85 m
Largeur 2,9 m
Diam. maxi des flotteurs 58 cm
Nbre de compartiments 5
Puissance maxi 350 ch (257,8 kW)
Puissance conseillée par Pneumag 275 - 350 ch
Poids sans moteur 1140 kg
Rapport poids/puissance 4,1 kg/ch (avec le moteur de l’essai)
Nombre de personnes 16
Couchage 0
Charge utile 1695 kg
Matériau flotteurs CR/CSM Orca 1 670 décitex
Capacité carburant 340 l
Catégorie CE B
Constructeur Brig (Ukraine)
Importateur Brig Med (13 – Marseille)
Droits annuels sur la coque 92
Droits annuels sur le(s) moteur(s) 225



De prime abord, lorsqu’on l’observe, amarré à l’un des pontons du port de La Seyne-sur-Mer, le dernier-né du chantier ukrainien, qui arrive en remplacement de l’Eagle 780, semble un peu trop chargé dans son aménagement de pont. Une impression déjà ressentie lorsque nous l’avions découvert au Nautic de Paris 2018. Nombreuses places assises, solariums, poste de pilotage imposant… Cet Eagle 10 en réduction ne voudrait-il pas se faire plus grand qu’il n’est ? Observons de plus près ce nouveau Brig mis à notre disposition par Quo Vadis, le revendeur local, afin de trouver la réponse.



Au ponton



Il faut mettre le pied à bord et circuler sur le pont pour constater que l’abondance d’éléments de confort est plutôt bien « gérée » sur ce moins de huit mètres. Cela est dû en partie à la bonne décision d’avoir déporté la console et le leaning-post sur tribord, optant ainsi pour un large passavant unique (36 cm). Du coup, cet imposant poste de pilotage, avec siège biplace, n’est plus un obstacle aux déplacements à bord, ces derniers étant encore facilités lorsque l’extension du solarium de proue n’est pas en place. Fort de 172 cm x 140 cm avec la rallonge (auxquels on peut ajouter 40 cm avec le siège de console), la surface de bain de soleil est digne des criques méditerranéennes. En revanche, l’accès à la zone de baignade arrière, où les amateurs de plongeons dans les eaux translucides bénéficient de petites plates-formes de bain rapportées, d’une échelle télescopique et d’une douchette, n’est pas des plus commodes. En effet, il n’y a pas de passage dans le dossier de la banquette et le cabriolet, ne disposant pas d’un rangement intégré, barre le passage lorsqu’il est rabattu sur le dossier de celle-ci. Heureusement, il n’y a pas de roll-bar, le mât de ski central qui sert également de porte-antennes, est un bon choix sur un semi-rigide de ce gabarit. L’intégralité de la surface de marche (cockpit, plage arrière, dephinière) est recouverte de Cer-Dek, une mousse EVA qui présente un certain moelleux aux pieds, tout en étant antidérapant et presque athermique, lorsqu’elle est de couleur claire.



Du point de vue des places assises, le Brig place la barre haut : trois places sur la banquette arrière, deux de plus sur celle qui lui fait face, deux autres au poste de barre, et encore deux sur le siège devant la console. Soit neuf au total, sans se serrer ! Généreux pour asseoir la famille, l’Eagle 8 l’est aussi pour ce qui est de ranger ses affaires, même si la cale arrière est vite saturée, contenant les trois batteries, le réservoir d’eau et la table du carré. Là, le chantier ukrainien a bien fait les choses, en dotant cette cale d’un double fond pour moins d’humidité, et d’un capot avec vérins et joints de caoutchouc pour éviter les bruits en navigation. On notera aussi la présence d’un frigo « tiroir » sous la banquette au dos du siège de pilotage, mais pas de meuble cuisine, meuble dont l’utilité reste d’ailleurs à démontrer… Une bonne note également pour l’ergonomie de pilotage, avec des commandes à bonne distance, un siège doté d’assises relevable et d’un cale-pieds en inox planté dans la base de la console, permettant de piloter assis sans avoir les jambes qui se baladent. Spacieux, le tableau de bord n’est pas en reste avec une belle surface dédiée à l’intégration de l’électronique, dont un combiné GPS/lecteur de carte/sondeur à écran de taille médium. On y trouve aussi l’Activ Trim et une sono hi-fi Fusion dont les hauts parleurs sont disposés à l’avant comme à l’arrière… Le pare-brise avec ses vis apparentes, à défaut d’être beau, assure une bonne protection pour les excursions hors-saison. Bien vu : la boîte à gants intègre des prises USB et allume-cigares. Autre élément de confort, la volumineuse console (1,50 m de hauteur intérieure) ajoute une belle possibilité de stockage, à moins que l’on préfère y installer le WC marin optionnel. Pour sa part, le siège biplace, sur l’avant de celle-ci, recèle un bac qui peut servir de glacière, voire de vivier si le propriétaire pratique la pêche. Finalement, les principales différences entre l’Eagle 8 et son grand frère le 10, sont qu’il ne dispose pas de couchette et se contente d’un seul moteur.   



Reste les finitions qui, si elles ont progressé ces dernières années, avec une facture plus ambitieuse (accastillage abondant, mains courantes gainées de tissu…), ne sont pas encore au niveau des meilleurs, notamment des productions italiennes. A l’exemple de la porte de console, d’un design et d’un ajustage approximatifs, de l’assemblage des flotteurs dont les découpes sont voyantes avec quelques traces de colle, ou du gel-coat dont le brillant est atténué par un léger effet « peau d’orange ». Mais, le prix hyper attractif de ce grand semi-rigide aide à passer sur les quelques imperfections…



En mer



Nous rongeons notre frein… La gendarmerie, de son semi-rigide, nous interpelle nous demandant de nous éloigner de notre zone d’essai. Un sous-marin de la Marine fait son entrée dans la baie, en direction du port militaire de Toulon, et il convient de rester à distance. Nous différons notre test de vitesse maxi et en profitons pour relever les chronos d’accélération. Le déjaugeage s’effectue avec un léger cabré et une reprise d’assiette progressive, en 4’’1. Comme souvent avec les semi-rigides de cette taille, les 20 nœuds sont atteints presque dans le même temps : 4’’3. Le Mercury Verado 350 (six cylindres en ligne), dès lors que le compresseur entre en action, ne fait pas semblant de pousser, car l’Eagle 8 n’est pas spécialement léger, même si nous naviguions plutôt lège lors de l’essai avec115 litres de carburant, 45 litres d’eau et deux passagers. La voie est maintenant dégagée, et nous poussons le Brig dans ses retranchements, avec un régime maxi grignoté au trim jusqu’à 6 100 tr/min pour une vitesse de 45,7 nœuds. Une belle marque considérant la présence d’un antifouling sur la carène. La vélocité potentielle, œuvres vives vierges de peinture, se situe sans doute proche des 50 nœuds avec le Verado 350 ch qui représente la puissance maximale autorisée. La stabilité impeccable de l’Eagle 8 à plein régime laisse penser qu’il pourrait sans danger supporter 50 chevaux de plus. Il n’en reste pas moins suffisamment performant avec le moteur de l’essai, signant des allures de croisière consistantes, entre 21,6 nœuds (3 500 tr/min) et 31,7 nœuds (4 500 tr/min). A 21,6 nœuds, le rendement est de 0,77 mille parcouru par litre consommé, montrant toute l’efficience de ce gros Verado. A ce régime économique, rendez-vous compte que l’autonomie, en conservant 10% de marge sécuritaire, permet de parcourir 235 milles sans repasser par la pompe !



Satisfaisant en termes de performances, le nouveau Brig l’est-il aussi au plan du comportement ? Réponse affirmative. Avec une réserve toutefois, concernant les conditions de mer, très clémentes, lors de notre essai. On peut, toutefois, affirmer que le comportement dynamique est exempt de critiques. Assiette impeccable, tant en longitudinal qu’en latéral, même trimé au maxi, aisance en virage pris sur le mode « sport plus ». Un peu moins franc sur les virages à droite, sans doute en raison du couple de l’hélice, l’Eagle 8 trace néanmoins des courbes précises et témoigne d’un grip ferme, sans hypothéquer ses relances en sortie de virage. Il est également sympa à piloter tout en étant facile à prendre en main. De surcroît, il se montre discret au plan sonore sur les régimes intermédiaires. Appréciable, lors des longs trajets.



 



photo Brig Eagle 8


photo Brig Eagle 8


photo Brig Eagle 8


photo Brig Eagle 8


photo Brig Eagle 8


photo Brig Eagle 8


photo Brig Eagle 8


photo Brig Eagle 8


photo Brig Eagle 8


photo Brig Eagle 8





Qualité de réalisation    

Comportement        

Performances      

Equipement        

Adéquation programme        

Rapport qualite/prix        

Le comportement sain
L’agrément de pilotage
Les nombreuses places assises
L’équipement généreux
Les finitions encore perfectibles
La capacité en eau douce
L’accès peu commode aux plages de bain
Pas de main courante sur le dossier du leaning-post

Face a la concurrence…

Modéle 780 GS 27GT D.800
Marque Nautica Led (Italie) Stingher (Italie) Selva Marine (Italie)
Imporlation Bat Marine (33 – Cap-Ferret) MGI Nautic (83 – Hyères) Sébastien Chevalier (83 – Les Issambres)
Longueur 8,05 x 3,10 m 7,99 x 3,00 m 7,99 x 3,00 m
Nb de personnes 12 0 18
Matériau flotteur CR/CSM CR/CSM CR/CSM
Prix 49 900 € (sans moteur) 63 516 € (sans moteur) 75 110 € avec Selva 250 ch
PERFORMANCES
Vitesse maxi 45,7 nds à 6 100 tr/min
Vitesse de croisière rapide 31,7 nds à 4 500 tr/min
Vitesse de croisière economique 21,6 nds à 3 500 tr/min
Temps de jaugeage 4,1 secondes
Accélération de 0 a 20 nds 4,3 secondes
Vitesse minimale d’hydroplanage 13,2 nds à 2 600 tr/min
Consommation en usage courant (estimation) 33 l/h
Autonomie en usage courant (estimation) 9 h 15 min
Hélice de l'essai Enertia 14’’1/3 x 17’’ inox 3 pales