Essai Ranieri Cayman 28.0 Executive

L’atout croisière

Ce nouveau modèle, situé dans le haut de la gamme du chantier italien, bénéficie des raffinements présents chez ses deux grands frères de 35 et 38 pieds. A savoir, un cockpit convivial, mais surtout une cabine qui le rend éligible à un programme tourné aussi vers la croisière.

Texte Philippe Leblond – Photos Philippe Leblond et DR


 151 720 € avec Suzuki 2 x 200 ch 4T
 8.6 m
 20
 41,5 nds
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Essai paru le 15/03/2021

Fiche technique

Longueur 8,6 m
Largeur 3,3 m
Diam. maxi des flotteurs 65 cm
Nbre de compartiments 6
Puissance maxi 600 ch ou 2 x 300 ch (441,6 kW)
Puissance conseillée par Pneumag 2 x 175 ch à 2 x 250 ch
Poids sans moteur 2000 kg
Rapport poids/puissance 6,2 kg/ch (avec les moteurs de l’essai)
Nombre de personnes 20
Couchage 2
Charge utile 0 kg
Matériau flotteurs CR/CSM Orca 1 670 décitex
Capacité carburant 420 l
Catégorie CE B
Constructeur Ranieri International (Italie)
Importateur Ranieri France (98 - Monaco)
Droits annuels sur la coque 131 €
Droits annuels sur le(s) moteur(s) 450 €



Le série « Executive » est la plus récente du manufacturier calabrais. Avec l’arrivée du 28.0, présenté lors du salon de Gênes 2020, elle propose actuellement trois modèles qui se signalent par un plan de pont assez semblable, la différence majeure étant que les 35.0 et 38.0 possèdent une seconde cabine, sous le cockpit (concept mid-cabin). Mais, pour le reste, le petit frère se montre digne de ses deux aînés, avec un cockpit et un pont avant offrant globalement les mêmes prestations en termes de confort, en dépit d’un espace moins important.    



 



Au ponton



Présent à flot comme à terre lors du dernier salon de Gênes, le dernier des Cayman (et non des Mohicans !) impose d’emblée sa carrure : 3,30 mètres de largeur synonymes d’une certaine aisance à bord. Coutumier d’offrir un accès aisé à la baignade, Ranieri a doté le Cayman 28.0 de deux extensions de plateforme de bain ayant également le mérite de protéger les capots des moteurs en cas de marche arrière maladroite, lors des manœuvres au port. L’échelle est coffrée et la douchette, en bonne place, c’est-à-dire à portée de main. Il y a aussi le passage latéral à bâbord grâce à l’encoche pratiquée dans le dossier de la longue banquette en U. Cette dernière sera fort appréciée lors des escales à l’heure du pique-nique, acceptant jusqu’à cinq ou six convives autour de sa grande table en teck sur pied central, grâce aussi à l’apport du siège escamotable placé sous la kitchenette. Le carré peut se convertir en solarium, à l’aide d’un astucieux système de rallonge qui sort de sous la banquette arrière pour se déployer sur ses pieds assistés de petits vérins. Pratique et robuste ! Les taquets aussi sont dignes d’un semi-rigide de près de neuf mètres et leur position dominante par rapport aux flotteurs devrait éviter le ragage des amarres sur le tissu Orca de ces derniers. C’est moins le cas pour les taquets de la proue, fixés sur un petit support polyester qui peut également servir de marche pour débarquer par l’avant. Toutes les surfaces du pont sont recouvertes de Cer-Deck en mousse EVA. Un revêtement caoutchouc à la fois doux aux pieds nus et antidérapant.



 



Justement, revenons aux déplacements à bord. Le cockpit arrière offre une belle facilité dans ce domaine, nous l’avons vu, avec sa profondeur qui sécurise l’équipage et notamment les jeunes enfants. Par contre, si les passavants qui mènent au pont avant sont particulièrement larges, la main courante de pare-brise ne se prolonge pas assez loin vers l’avant pour accompagner les passagers jusqu’au bain de soleil, et la longue main courante optionnelle fixée sur chaque bord, au sommet des tubes, est trop basse pour servir. Elle offrira en revanche une grande facilité pour fixer des pare-battages. A l’avant, on appréciera la surface exceptionnelle du solarium qui remonte en un dossier sur le plan incliné du rouf de cabine. Une découpe dans le matelas laisse entrer la lumière dans la cabine via le capot de pont. L’ancre, à poste dans son écubier d’étrave, sera manœuvrée à partir du tableau de bord.



 



Le confort n’est pas un vain mot à bord du Cayman 28.0 Executive comme le montre la présence de la kitchenette, tournée comme il se doit vers la dînette. Celle de notre bateau d’essai ne comportait pas le réchaud optionnel, mais sa place est réservée auprès du petit évier moulé. Quant au réfrigérateur, intégré lui aussi au leaning-post, il est accessible côté pilote, en raison de la présence du siège escamotable tourné vers le carré. Un pas vers l’avant et l’on se trouve face au tableau de bord… Ce dernier est assez étroit, du fait de la présence de la porte de cabine. Mais, chaque centimètre carré est bien exploité, et il comporte l’essentiel. A savoir les deux afficheurs Suzuki et le combiné GPS-traceur-sondeur Simrad à grand écran, ainsi que la VHF fixe. Les boutons basculeurs des commandes électriques, disposés de part et d’autre, tombent bien sous les mains du barreur. Le volant et les deux leviers des moteurs sont à bonne hauteur et le siège biplace avec ses deux demi-assises relevables autorise une position de conduite efficace, que ce soit debout ou assis, avec la présence, pour le pilote, d’un cale-pied. Pour ce qui est du rangement, il se concentre en deux endroits : sous la banquette arrière et, architecture « sundeck » oblige (pas de coffres à l’avant), dans la cabine dans un volume de stockage se trouvant sous le cockpit, derrière les marches. Justement, pénétrons dans celle-ci… A l’entrée, la hauteur sous barrots est de 1,65 m, celle-ci diminuant lorsqu’on progresse vers l’avant jusqu’à la grande couchette double. Le pourtour du lit est habillé de skaï beige, le plafond étant laissé vierge de gel-coat brillant. Le complément central du couchage est amovible, mais ne sert pas de table. Il est néanmoins possible de s’asseoir à deux et de siroter un café à l’abri, si la météo se dégrade… La ventilation est assurée par le capot de pont et deux hublots avec celui du cabinet de toilette. Ce dernier comporte un WC marin et un lavabo. Pour la douche, il faudra se rendre sur la plateforme de bain, la douche intérieure étant l’apanage des 35.0 et 38.0 Executive.



 



Un dernier mot, avant de prendre la mer, pour saluer la qualité de présentation de ce grand semi-rigide qui bénéficie d’une construction et d’une finition soignées : polyester au gel-coat uniformément brillant, flotteurs en tissu Orca 1 670 décitex proprement confectionnés, sellerie à double couture apparente régulière, Cer-Deck impeccablement posé sur le pont, avec lattes transversales créant un effet de largeur supplémentaire… De la belle ouvrage.  



 



En mer



Pour cet essai réalisé lors du salon de Gênes, dans des conditions loin d’être optimales, nous avons dû nous contenter d’une vitesse de pointe de 41,5 nœuds, sensiblement inférieure au potentiel de ce Cayman bimoteur. Le vent de la tempête Alex, qui a engendré d’énormes dégâts cet automne dans le Nord de l’Italie et le Sud-Est de la France, commençait à se faire sentir… Le lendemain, des bourrasques de force 10 levaient des lames de quatre mètres à l’extérieur du port. Nos runs se sont effectués dans plus d’un mètre de creux et nous étions cinq à bord avec 250 litres de carburant. Nous n’avons pas pu dépasser 5 600 tr/min, il manquait donc 400 tr/min et une bonne dose de trim pour optimiser cette performance. Avec la même motorisation (2 x Suzuki 200 ch 4 cylindres), dans des conditions optimales, l’essayeur du chantier nous a dit avoir atteint 49 nœuds… Une vitesse qui semble dans les cordes de ce Cayman correctement motorisé, bien que Ranieri ait homologué son bateau pour 2 x 300 ch ! Difficile, d’imaginer le comportement du 28.0 Executive avec 600 chevaux, à partir de cet essai, mais avec les deux 200 ch quatre cylindres, lorsque le bateau sera chargé, le déjaugeage et les reprises seront un peu molles, comme nous l’ont montré nos chronos d’accélération… Il nous semble que, chez Suzuki, les 200 ch V6 (toujours au catalogue) qui cubent 3,6 litres au lieu de 2,8 litres pour les 200 ch 4 en ligne, devraient être largement suffisants, même pour les sorties en équipage nombreux. Allez, pourquoi pas deux 250 chevaux ? Mais, il nous semble peu pertinent d’opter pour une paire de DF300… Approcher les 60 nœuds, voire les dépasser, n’est pas au programme de ce semi-rigide dont la vraie nature incite plus au farniente qu’à la vitesse pure. Nos deux relevés de consommation font apparaître un meilleur rendement à 4 500 tr/min (0,58 m/l à 31,5 nœuds) qu’à 3 500 tr/min (0,57 m/l à 21,1 nœuds), avec une autonomie légèrement supérieure dans le premier cas (220 milles contre 217). Surprenant. Cela dit, un peu secoués que nous étions dans la houle génoise, il n’est pas impossible que notre lecture des instruments ait souffert d’un peu d’imprécision… A ces deux régimes, en tout cas, le rayon d’action du Cayman 28.0 Executive, avec plus de 200 nautiques, est satisfaisant. Mais ce sera moins « généreux » avec 600 chevaux…



Que dire du comportement, si ce n’est qu’il ne nous a pas été possible sur ce plan d’eau et avec la présence d’autres journalistes à bord de dérouler notre protocole d’essai habituel. Disons que le Cayman a montré un comportement sain et sûr, malgré un petit handicap : les commandes (volant et leviers électroniques) étaient trop sensibles pour piloter avec précision dans ces conditions, et ce malgré une position de pilotage efficace. On a pu néanmoins apprécier sa maniabilité en virage pour un bimoteur de ce gabarit et sa stabilité de cap dans la vague, sans qu’on ait pu, il est vrai, le trimer autant qu’on l’aurait voulu. Autre bon point : il ne mouille pas, défléchissant les embruns efficacement, même avec vent par le travers. 



photo Ranieri Cayman 28.0 Executive


photo Ranieri Cayman 28.0 Executive





Qualité de réalisation        

Comportement      

Performances      

Equipement        

Adéquation programme        

Rapport qualite/prix      

Le plan de pont bien équilibré
Le carré convivial
Le comportement marin sûr
La cabine propice à la petite croisière
La présentation soignée
Le manque relatif de punch au démarrage
Le volant et les leviers trop souples
La visibilité du pilote vers l’avant
La sellerie du siège pilotage trop ferme

Face a la concurrence…

Modéle Tempest 850 WA Granturismo 8.5 Prince 28 Sport Cabin
Marque Capelli (Italie) Lomac (Italie) Nuova Jolly (Italie)
Imporlation Réseau Yamaha Motor France Stélie Nautic + réseau de revendeurs réseau de revendeurs
Longueur 8,85 x 3,28 m 8,49 x 3,23 m 8,80 x 3,08 m
Nb de personnes 16 12 10
Matériau flotteur CR/CSM CR/CSM CR/CSM
Prix 135 060 € avec 2 x Yamaha 200 ch 112 000 € (sans moteur) 112 454 € (sans moteur)
PERFORMANCES
Vitesse maxi 41,5 nds à 5 600 tr/min
Vitesse de croisière rapide 31,5 nds à 4 500 tr/min
Vitesse de croisière economique 21,1 nds à 3 500 tr/min
Temps de jaugeage 5,2 secondes
Accélération de 0 a 20 nds 7,6 secondes
Vitesse minimale d’hydroplanage nc
Consommation en usage courant (estimation) 36 l/h
Autonomie en usage courant (estimation) 10h30
Hélice de l'essai 21’’ inox 3 pales