Un nouvel acteur en provenance d’Australie vient désormais s’immiscer dans le paysage motonautique du pneumatique haut de gamme. Avec des matériaux de qualité, un aménagement de cockpit intéressant et un tarif très étudié, le W9I est un concurrent à prendre au sérieux.
Texte et photos Franck Van Espen
Wimbi qui signifie "vague" en swahili est une jeune marque dédiée à l’écologie, la mer et les loisirs. Pour sa première présentation en Europe, Wimbi Boats a choisi un modèle de 9 mètres avec une motorisation in-board essence accouplée à une propulsion de type Z-drive, une configuration encore rare sur les semi-rigides de ce segment du marché, mais qui a tout de même ses afficionados. D'ailleurs, la gamme s’étoffera rapidement d’une version hors-bord, puis d’un modèle de 7 mètres et même d’un 12 mètres avec cabine. Un tender baptisé Wone est également à l’étude pour les yachts. De quoi combler un plus large public dans les quelques années à venir. L’avantage de ce mode propulsif est indéniablement d’ordre esthétique, en permettant de profiter d’une très grande plateforme de bain et d’un solarium vaste et permanent, au-dessus de la cale moteur. Entièrement personnalisable quant aux coloris, le W9I a opté pour l’Hypalon Orca, pour sa ceinture pneumatique, et d'une sellerie de très belle facture du fabricant américain Spradling. A condition d’opter pour le package d’option N°4, à près de 24 000 euros de supplément (tout de même !) par rapport à l’équipement standard, le W9I offre un revêtement en Flexiteek. Un composite synthétique qui reprend l’aspect du teck naturel, sans en avoir les inconvénients quant à son entretien. L’arceau incliné vers l’avant ne gène absolument pas la circulation vers la zone baignade. Il suffit de lever le solarium vers l’arrière pour découvrir le V8 américain. Ce bloc imposant (5 700 cm3) n’occupe pas totalement le volume intérieur et sur les prochains modèles, le constructeur installera deux équipets latéraux. Inspiré par l'univers des yachts, le W9I dispose d’une petite pompe d'eau douce reliée à un tuyau de six mètres pour rincer le bateau lorsqu’il n’y a pas de points d'eau au port, comme souvent en Corse par exemple. Un détail qui en dit long sur la bonne volonté du chantier…
Selon le même principe, nous retrouvons sous l’un des coffres amovibles, le gonfleur électrique capable de relier les compartiments les plus éloignés. Les rangements ont fait aussi l’objet d’une véritable obsession. On en trouve partout, comme sous le leaning-post qui fait aussi office de mini cuisine, avec son évier et son emplacement pour un réchaud à gaz. Très prochainement, un second coffre sera installé sous la barre pour servir de boîte à gants. Très astucieux aussi, une trappe de visite permet d’accéder à la vanne du réservoir de secours de 70 litres en cas de besoin… Encore une fois, malgré sa jeunesse, ce chantier nous étonne par son sens de la conception. La console centrale qui dissimule un WC électrique relié à une cuve à eau noire comporte un réfrigérateur dont l’emplacement semble peu pratique à l’usage, même s’il est préservé des embruns. Prochainement, il sera remplacé par un bloc à tiroir, installé à l’extérieur près de l’espace repas côté proue. Le solarium avant un peu moins généreux que celui de la poupe est par contre bien protégé du vent. Il se transforme aisément en coin dînette, à condition de relever la table sur un tube en inox. Le guindeau électrique est soigneusement dissimulé dans un coffre à l’avant afin de maintenir l’ancre dans son écubier, à l’étrave. Grâce à deux commandes à proximité, on peut parfaitement maîtriser son relevage ou sa descente. Deux taquets rétractables, très discrets, permettront d’amarrer le bateau, mais il manque deux petits chaumards afin d’éviter que les amarres ne viennent raguer sur le revêtement de pont. Après une inspection méticuleuse, nous ne trouvons rien à redire à la finition générale, en dehors des portes de la console principale, un peu légères à notre goût. L’intérieur est aussi un peu trop basique par rapport à la stature du bateau.
Assez polyvalent, le W9I possède une carène dotée d’un V très profond encadré par une puissante virure qui s'affine vers l’arrière. Affichant près d’une centaine d’heures, notre bateau d’essai a déjà traversé depuis la Corse, par des conditions difficiles avec des vagues de 2,50 mètres et, aux dires de son convoyeur, ce voyage s’est fait en toute sécurité. Le jour de notre essai, l’état de la mer ne nous permettra pas de pousser le W9I dans ses retranchements, mais d'apprécier néanmoins son excellent passage dans un clapot serré d’environ 50 centimètres, un relief qu'en général les carènes apprécient guère. Le W9I témoigne d’un excellent équilibre général, avec au démarrage un cabrage quasi inexistant et une accélération très progressive, sans comparaison avec celle d'un hors-bord. Ce type de mécanique s’adresse plutôt à une utilisation familiale, avec une vitesse de croisière idéale de 25 nœuds. L’embase Bravo 3, avec ses deux hélices contre-rotatives produit tout de même un couple suffisant pour embarquer de fortes charges, où pratiquer le ski nautique. Après un séjour de plus de trois mois dans la lagune de Port Grimaud, la coque du W9I affichait déjà une barbe naissante malgré sa peinture sous-marine. On peut donc estimer sa vitesse de pointe réduite d’environ quatre nœuds par rapport à une coque propre. A plein régime, avec quatre personnes à bord, nous nous contenterons donc d’une pointe à 32,3 nœuds, un chiffre bien en dessous des capacités réelles du Wimbi… Pour ceux qui désireraient un bateau un peu plus pêchu, le constructeur propose une puissance de 430 chevaux, de quoi flirter avec les 45-50 nœuds !
CONCLUSION
Le W9I peut rivaliser avec certaines des meilleures productions du haut de gamme italien. Malgré une jeunesse toute relative, ce constructeur nous a réellement impressionné, tout d’abord par la qualité d’assemblage des nombreux équipements. A part l’aspect intérieur de la console, peu d’éléments peuvent être pris en défaut. Nous attendons avec impatience la version hors-bord qui devrait procurer au W9I un tempérament plus sportif.