Essai Wimbi Boats W6

Bien, mais avec les chevaux qu’il faut

L’intention est louable de vouloir motoriser raisonnablement, mais parfois certains paramètres font qu’un bateau nécessite plus de puissance pour signer des performances en rapport avec son potentiel. C’est le cas du W6 à qui 115 chevaux ne suffisent pas, comme nous allons le voir… Dommage, car il ne manque pas d’atouts.

Texte et photos Philippe Leblond


 31 668 €
 6.55 m
 12
 32,0 nds avec Mercury Pro XS 115 ch
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Essai paru le 08/04/2021

Fiche technique

Longueur 6,55 m
Largeur 2,7 m
Diam. maxi des flotteurs 58 cm
Nbre de compartiments 6
Puissance maxi 200 ch (147,2 kW)
Puissance conseillée par Pneumag 150 à 200 ch
Poids sans moteur 700 kg
Rapport poids/puissance 7,5 kg/ch (avec le moteur de l’essai)
Nombre de personnes 12
Couchage 0
Charge utile 0 kg
Matériau flotteurs CR/CSM Orca 1 670 décitex
Capacité carburant 200 l
Catégorie CE B
Constructeur Wimbi Boats (94 – Chennevières/Marne)
Importateur Wimbi Boats (94 – Chennevières/Marne)
Droits annuels sur la coque exonéré
Droits annuels sur le(s) moteur(s) exonéré



Le W6 est le plus modeste des semi-rigides produits par Wimbi Boats, chantier australien devenu récemment français. Modeste en gabarit (encore qu’il faille dégonfler légèrement les flotteurs pour le tracter sur remorque), mais pas en équipement. Comme ses grands frères, il propose un cockpit tourné vers le confort pour des navigations collectives.



 



Au ponton



Les deux W6 côte-à-côte dans Port-Grimaud se différencient essentiellement par la présence, sur l’un d’eux, d’un arceau en polyester supportant deux tauds de soleil qui couvrent le poste de pilotage et la banquette arrière. Ces derniers sont tendus par des inox peints en noir, coordonnés au gel-coat de l’arceau en rappel aussi de la carène et du graphisme des flotteurs. Sur le modèle sans arceau, la coque est blanche mais revêtue d’un antifouling noir. Bref deux (presque) « jumeaux », d’autant qu’ils vont jusqu’à partager la même mécanique : un Mercury Pro XS 115 ch. Un choix sur lequel nous reviendrons ci-dessous…



 



En embarquant par la poupe, on apprécie l’espace disponible sur la plateforme de bain et la possibilité de s’y déplacer de bâbord (côté de l’échelle et de la douchette alimentée par un réservoir de 60 litres) à tribord, sans avoir à enjamber le bac moteur. Plus largement, on se satisfera de la facilité qu’il y a de se déplacer sur le pont. Certes, il n’y a pas de passage dans le dossier de la banquette arrière, mais les plats-bords recouverts, comme la plage arrière, de mousse EVA constituant un excellent antidérapant, permettent de gagner assez sûrement le cockpit qui pour sa part offre de larges passavants pour se rendre sur le solarium ou manœuvrer l’ancre. Autre bon point au crédit du W6, le nombre de vraies places assises : trois sur la banquette, une sur le siège en vis-à-vis, une au pilotage plus celle devant la console, soit six au total. Toujours à son crédit, la possibilité de dresser deux dînettes, l’une à l’arrière, l’autre à l’avant, grâce à deux tables sur pied à vis, ce qui est rarement proposé en standard sur un semi-rigide de moins de sept mètres… La sellerie moelleuse fait aussi partie des bons points, comme la position de pilotage debout et assis, en pensant à inverser la position du dossier amovible, tout en profitant du cale-pied moulé sur la console. Les commandes sont placées à bonne hauteur et distance du pilote, lequel est bien protégé par la haute console dont le tableau de bord se signale par un dessin simplissime. Par beau temps, le siège avant sera une place enviée, que le matelas de bain de soleil soit au complet ou non.



 



A mettre au crédit du W6, il y a aussi l’accastillage : nombreuses mains courantes, porte-cannes, douchette, échelle, avec une mention spéciale pour les taquets, au nombre de six (d’habitude c’est quatre), bien dimensionnés, fixes et placés à même d’éviter le ragage des amarres sur l’Orca des flotteurs. En revanche, pour ce qui est des coffres, c’est moins bien… Non pas que le W6 manque de volume de stockage, mais on ne peut que remarquer les couvercles dépourvus de vérins pneumatiques (ou de ressorts) à même d’assister l’ouverture (surtout pour la soute arrière) et de joints de caoutchouc pour amortir la fermeture, voire pour éviter les bruits parasites en navigation. Autre remarque pour la cale arrière : l’absence de double fond pour maintenir les affaires au-dessus du fond de coque, toujours humide sur ce type de bateau. Heureusement, les deux batteries (une de démarrage, une de service) sont positionnées en hauteur sur les renforts de coque.



 



En mer



L’antifouling et les trois mois passés à flot, pour nos deux bateaux d’essai, n’ont pas, il faut le reconnaître, favorisé les performances. A ce handicap de glisse, le second exemplaire ajoutait un arceau doté d’un double taud de soleil qui a encore « plombé » un peu plus les chronos… Mais, c’est surtout le choix de la puissance (même Mercury Pro XS 115 ch pour les deux) qui est en cause. Avec ce Mercury 4 cylindres de 2 064 cm3, le W6, qui déplace tout de même 700 kg sans moteur, est clairement sous motorisé. Quand bien même, le W6 s’affiche comme un semi-rigide à programme balade/farniente, on aimerait plus de puissance pour au moins atteindre, sinon approcher, les 40 nœuds à pleins gaz, ce qui élargirait le spectre des allures de croisière. Un 150 Pro XS conviendrait nous semble-t-il bien mieux, d’autant que la carène du Wimbi forme un V prononcé qui réclame une certaine puissance, ne serait-ce que pour déjauger de manière plus alerte. En effet, les chronos d’accélération obtenus avec l’on ou l’autre des W6 montrent une certaine lenteur à « sortir » de l’eau. Et ce sera encore plus pénalisant quand ces bateaux seront chargés (nous n’étions que deux à bord lors des essais), ou dans l’exercice de la glisse tractée… Ce manque de punch se ressent également en sortie de virage, où le W6 prend du temps pour se relancer vers son nouveau cap. Pour autant, on ne décèle pas de ventilation de l’hélice et le comportement en virage est sain avec une gîte marquée et une bonne accroche. La mer était calme le jour de nos essais. Mais la présence d’une houle résiduelle (60 à 80 cm) et le croisement de quelques sillages, dans le Golfe de Saint-Tropez, nous ont permis d’apprécier la douceur de passage de cette carène en V profond (les flotteurs ne touchent pas l’eau en navigation, et l’effleurent à l’arrêt). Si en mouvement, la stabilité latérale est préservée, même à plein régime avec un trim positif, à l’arrêt on constate, en se déplaçant d’un bord à l’autre, une certaine instabilité cette dernière ne présentant toutefois aucun danger.



 



Le mot de la fin concerne le choix de la puissance. Malgré sa définition sportive, le 115 ch label Pro XS, qui équipait nos deux bateaux d’essai s’est avéré insuffisant pour exploiter au mieux la carène du W6, laquelle possède un angle de quille prononcé et plutôt constant, ainsi qu’un poids au-dessus de la moyenne. Il faut aussi noter qu’on se trouve 85 chevaux en-dessous la puissance maxi autorisée sur le W6… Les performances un peu décevantes obtenues ici sont somme toute logiques. Y compris les ratios distance parcourue/essence consommée, avec 1,1 m/l à 19,3 nœuds et 0,87 m/l à 25,3 nœuds, des scores faibles pour ce niveau de puissance. Il y a peu de doute que ces rendements soient meilleurs avec 150 chevaux, voire davantage, car les vitesses seront supérieures et associées à des régimes inférieurs.



photo Wimbi Boats W6


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Qualité de réalisation      

Comportement        

Performances    

Equipement      

Adéquation programme        

Rapport qualite/prix    

Le comportement sûr
Le choix d’un carré AV ou AR
La plateforme de bain spacieuse
Les nombreuses places assises
La sous motorisation avec 115 ch
Le pilotage peu attractif
Le léger manque de stabilité à l’arrêt
Les coffres sans vérins ni joints

Face a la concurrence…

Modéle 65 Classic Sport 22 GT Clubman 22
Marque BSC (Italie) BWA (Italie) Joker Boat (Italie)
Imporlation Réseau de revendeurs Réseau de revendeurs Hyères Espace Plaisance (83 – Hyères)
Longueur 6,65 x 2,80 m 6,75 x 2,75 m 6,70 x 2,55 m
Nb de personnes 12 13 15
Matériau flotteur CR/CSM CR/CSM CR/CSM
Prix 37 080 € (sans moteur) 30 840 € (sans moteur) 38 590 € (sans moteur)
PERFORMANCES
Vitesse maxi 32,0 nds à 5 850 tr/min
Vitesse de croisière rapide 25,3 nds à 5 000 tr/min
Vitesse de croisière economique 19,3 nds à 4 000 tr/min
Temps de jaugeage 6,8 secondes
Accélération de 0 a 20 nds 9,2 secondes
Vitesse minimale d’hydroplanage 14,4 nds à 3 300 tr/min
Consommation en usage courant (estimation) 19,2 l/h à 4 000 tr/min
Autonomie en usage courant (estimation) 180 milles à 19,3 nds
Hélice de l'essai Black Max 15’’ alu 3 pales