Qui n'a pas rêvé de piloter une monoplace ? Ce petit hors-bord en est une, avant tout destinée aux jeunes espoirs de la Fédération Française de Motonautisme. Et pour ne pas faire de jaloux, Alain Cardot, son concepteur et constructeur, propose aussi une version « adulte », avec 15 ou 25 chevaux sur le tableau arrière !
Texte et photos Philippe Leblond
à première vue, le CA 3000 a tout d'un jouet. Après une observation attentive, on constate qu'il s'agit d'un véritable semi-rigide. Son tube en Néoprène/Hypalon de 1 100 décitex, label Orca, est impeccablement fini (il a été réalisé chez Revenger), et la coque, en polyester monolythique, présente un gel-coat brillant très soigné. Un volant sport à trois branches, de belle facture, est fixé sur la console centrale située entre les jambes du pilote. Celle-ci fait partie du pont contre-moulé, au même titre que le siège réalisé à partir d'un baquet de kart, le cale-pied, sur lequel est fixé le pédalier d'accélération, et l'emplacement de la nourrice, dans la pointe avant. Exposé sur un ber métallique, au Salon de La Ciotat, le CA 3000 dévoile des œuvres vives au profil sophistiqué : un dessin de carène aussi original que le projet lui-même, avec une étrave encadrée de virures fines donnant naissance à deux steps lisses, bordés par deux patins formant presque un profil catamaran. Ajoutez à cela une chaise-moteur en inox brossé pour augmenter fictivement la longueur à la flottaison, et vous avez là tous les ingrédients de la performance… Tous, au rang desquels la légèreté n'est pas le moindre : 60 kg sans moteur ! Ce qui nous promet un rapport poids/puissance suggestif avec la motorisation maxi : 4,48 kg/ch !Alain Cardot, ancien mécanicien du team Renault de Formule 1, aujourd'hui constructeur de semi-rigides (il a déjà réalisé un 8 mètres), me met en garde : « Pour déjauger, compte tenu de ton poids et du fait qu'il n'y a que 15 ch, il faut que tu redresses le buste vers l'avant. ». Démarrage au lanceur… J'enclenche la marche avant à l'aide du petit levier chromé placé sur le flanc droit de la console, et le petit bolide s'éloigne du quai, direction la sortie du port où un léger clapot m'attend dans la baie de La Ciotat. Première mission : déjauger ! Là, il faut faire preuve de doigté et de patience… La dominante de poids sur l’arrière (pilote + moteur), malgré la présence de la nourrice à l’avant, ne facilite pas les choses. Le nez du bateau reste dressé un bon bout de temps avant de redescendre. Alors que la coque revient dans ses lignes, l’accélération est assez vive. Le petit Mercury 15 ch carbus a suffisamment de nerf pour animer cette petite coque au comportement vif et homogène. L’assiette est bien plate et le passage sur le petit clapot ne trouble aucunement la tenue de cap du CA 3000. Bien installé dans le baquet, les deux mains sur le volant, le pied droit sur l’accélérateur… Mon passé de (modeste) pilote de kart me revient d’un seul coup. Je vise une bouée du chenal qui conduit à l’entrée du port pour juger de la maniabilité en virage. Le CA 3000 prend son point de corde avec précision. Malgré la gîte intérieure modérée, la vitesse de passage en courbe reste élevé. Et, bien que le virage soit serré, il n’y a pas obligation de redéjauger. Cela tombe bien… à plein gaz, le GPS affiche 23,8 nds (44 km/h) ! Nul doute qu’avec la puissance maxi (25 ch), les 30 nœuds sont à sa portée. Mais déjà, avec le 15 ch, les sensations de pilotage et de vitesse sont au rendez-vous. Et le plaisir avec ! Il ne fait aucun doute que ce petit semi-rigide, destiné avant tout à initier les jeunes pilotes d’inshore (plans d’eau intérieurs) avant de les laisser accéder aux catégories plus élevées, est un bateau réussi. En revanche, son avenir en tant qu’engin de loisir monoplace pour adulte semble plus aléatoire. Le CA 3000 pourrait toutefois trouver un débouché comme « jouet » à bord des gros yachts, désireux d’embarquer un engin plus original qu’une motomarine.
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