Essai Humber Ocean Pro 6.30

Quand les ingrédients sont là…

Lorsqu’on met les ingrédients qu’il faut, la recette est réussie. Une carène anglaise en V profond, un équipement sans superflu et un moteur qui a des tripes… rien de mieux pour se sentir pousser de ailes sur la crête des vagues ! L’Ocean Pro 6.30 a ce qu’il faut pour séduire les utilisateurs sportifs.

Texte et photos Philippe Leblond


 58 000 € complet avec Evinrude G2 HO 200 ch 2T + remorque
 6.3 m
 12
 51,5 nds
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Essai paru le 19/07/2022

Fiche technique

Longueur 6,3 m
Largeur 2,34 m
Diam. maxi des flotteurs 48 cm
Nbre de compartiments 5
Puissance maxi 200 ou 2 x 90 ch (147,2 kW)
Puissance conseillée par Pneumag 150 à 200 ch
Poids sans moteur 600 kg
Rapport poids/puissance 4,4 kg/ch (avec le moteur de l’essai)
Nombre de personnes 12
Couchage 0
Charge utile 0 kg
Matériau flotteurs CR/CSM Orca 1 670 décitex
Capacité carburant 200 l
Catégorie CE C
Constructeur Humber (Angleterre)
Importateur Atlantic Marine Concept (17 – Saint-Georges de Didonne)
Droits annuels sur la coque exonéré
Droits annuels sur le(s) moteur(s) exonéré



Nous y avions goûté avec son grand frère (voir notre essai du Humber Offshore 8M), et on en reprend une louche avec le plus grand plaisir aux commandes de cet Ocean Pro 6.30, lui aussi bateau d’un propriétaire fondu de pêche propulsé au deux-temps. Avec sa simplicité, sa fonctionnalité et sa mécanique « énervée », j’ai nommé le 200 HO d’Evinrude, cet ensemble est un bon remède contre la morosité ambiante. Un petit run endiablé sur un plan d’eau, capricieux juste comme il faut, et le baromètre du moral remonte !



 



Au ponton



Le chantier anglais élabore plusieurs gammes de semi-rigides, de la simple annexe au bateau pour commandos, en passant par des séries plaisance (Offshore, Ocean Pro et Leasure). L’Ocean Pro essayé ici est un 6,30 m polyvalent orienté sport, doté d’un flotteur en CR/CSM (Néoprène/Hypalon) avec un cockpit à l’équipement de confort restreint, une coque étroite (rapport longueur/largeur = 2,7) et une carène en V profond, très profond même (28° au tableau arrière !). Cette configuration plaît éminemment aux plaisanciers britanniques et aux pêcheurs de notre littoral ouest. Pas de pont contremoulé, pas de solarium, ni de places assises « envahissantes », pas de plateformes et échelle de bain, bref, un minimum d’équipements de confort… Par contre, l’équipement de pêche est le bienvenu ! Mais là, c’est à la discrétion du propriétaire : l’emplacement de la console, des sièges, des supports de cannes, du vivier… Sur « notre » 6.30, on trouve deux porte-cannes sur la console et sept autres au dos du siège de pilotage biplace. Concernant le vivier, il n’est pas intégré. Il consiste en une glacière équipée d’une pompe pour régénérer l’eau de mer. Il est situé au dos de la banquette arrière. Lorsqu’il n’est pas en fonction il peut aussi servir de siège d’appoint lors des poses pique-nique, à moins de lui préférer le coussin qui recouvre le puits de mouillage à l’avant, faisant face au siège intégré à la console qui abrite un coffre sec… Le moteur est monté directement sur le tableau arrière (pas de powerlift) renforcé par d’épaisses équerres stratifiées, de part et d’autre du vide-vite. L’antidérapant est constitué d’une peinture à la silice très efficace mais abrasive (attention de ne pas trébucher sur le pont !). Si la banquette arrière est en polyester, en revanche, le leaning-post et la console de pilotage sont en aluminium. Malgré les angles coupés de la console, les passavants sont vraiment étroits (22 cm). Sans doute aurait-il été préférable de déporter le poste de pilotage sur tribord afin de bénéficier d’un passavant unique mais large... Reste que ce poste de pilotage a le mérite d’être biplace. Pilote et copilote profitent d’un bon abri avec le haut pare-brise et d’une position confortable, avec la possibilité de s’asseoir lorsque la mer est calme. La poignée destinée au copilote lui procure une bonne prise. Il peut également attraper la main courante qui ceint l’assise du leaning-post. Si le tableau de bord est particulièrement spacieux pour un semi-rigide de cette longueur, il représente en revanche un obstacle visuel pour un pilote de 1,70 m ou moins. Il est vrai que le module qui intègre le combiné Furuno à écran de 12 pouces (il est possible d’en monter un second en faisant l’impasse sur la boîte à gants) est plus que généreux. Autre petit bémol, l’afficheur Evinrude multifonction est en partie caché par le haut du volant… Pour ce qui est du mouillage, le Humber est équipé d’une bitte d’amarrage formant un double taquet, et le nez du bateau d’un guide-ligne et d’un taquet coinceur. Au sujet des flotteurs justement, ils sont confectionnés « à l’ancienne » avec des lais assemblés « dans la hauteur », ce qui laissent des segments apparents. Une apparence moins élégante que les tubes assemblés « dans la longueur », à l’italienne. Pour ce qui est du tissu enduit, c’est de l’Orca 1 670 décitex, la référence en termes de Néoprène/Hypalon.   



 



En mer



Quel plaisir de renouer avec le punch et le son rageur d’un deux-temps ! Un plaisir devenu rare et qui va, hélas, le devenir plus encore ! L’enterrement de première classe réservé à la gamme Optimax chez Mercury Marine et l’abandon de la production des Evinrude chez Bombardier ont signé l’arrêt de mort du hors-bord deux-temps. Fini les envolées lyriques de ces mécaniques aux accents « racing », soi-disant trop polluantes, alors que de nombreux essais comparatifs ont démontré l’efficience des deux-temps à injection directe en termes de consommation et d’émissions de CO2. Bref, profitons de cet essai de l’Ocean Pro 6.30 de chez Humber pour « sauvegarder » ces sensations qu’on ne trouvera plus que par la grâce du marché de l’occasion. Attaquons par ce qui caractérise au plus haut point cette mécanique : le punch, la patate, le coup de pied aux fesses ! Et là, ce 200 HO (HO pour « high output », comprenez haute performance, soit l’équivalent du sigle Optimax chez Mercury les différenciant de la gamme standard) ne nous a pas déçus ! 2’’6 pour déjauger, reprise d’assiette comprise, et surtout 3’’1 pour passer de 0 à 20 nœuds, record absolu obtenu en essai par nos soins ! Ce moteur n’a pas d’inertie, il suffit de pousser le levier et l’aiguille du compte-tours bondit. Et l’accélération se poursuit, énergique, jusqu’à approcher les 50 nœuds, puis les dépasser grâce à quelques impulsions sur le bouton de trim. Au final, 51,5 nœuds ! Pour un semi-rigide de 200 chevaux, à cette vitesse-là, il n’y pas grande concurrence… Autre point positif, sa capacité à planer à bas régime malgré 28 degrés d’angle au tableau arrière et un montage moteur digne des semi-rigides de course offshore : + 18 cm ! Pour mémoire, le montage standard, c’est entre 0 et + 2 cm… Il suffit à notre Humber de 2 000 tr/min pour rester déjaugé avec deux personnes à bord et un tiers de carburant. Précisons aussi que l’hélice quatre pales a été « retaillée » avec une « jupe » raccourcie et des bords d’attaque affinés, pour optimiser ses performances, à l’image de ce qu’il se fait pour la compétition. Le choix d’une hélice quatre pales peut apporter un supplément de stabilité sur un bateau léger fortement motorisé, tel que ce Humber, ainsi qu’une atténuation des vibrations transmises par le moteur au bateau. Et contrairement aux idées reçues, le niveau sonore du 200 HO, à mi régime, n’est pas si présent que cela. Par contre, il est sensiblement plus élevé que celui d’un quatre temps au ralenti et à bas régime.



 



Passons des performances au comportement. Malgré son rapport poids/puissance plutôt aiguisé (moins de cinq kilos par cheval) et la forte cylindrée du 200 HO (3 441 cm3), l’Ocean Pro 6.3 se révèle plutôt stable, même lors du déjaugeage (hormis un léger et passager effet de couple) ou des remises de gaz brutales. Une fois lancé, l’équilibre latéral demeure, malgré – origines anglaises obligent – des flotteurs qui ne touchent pas l’eau. On peut dès lors monter le trim sans déclencher de roulis. A pleine vitesse, le Humber se tient bien déjaugé sur sa quille en V profond offrant un minimum de contact avec le plan d’eau pour favoriser la vitesse. L’attaque des courbes se fait naturellement trim rentré pour faire mordre l’étrave en entrée de virage. La gîte intérieure, prononcée, fait le reste, dessinant des trajectoires précises avec un grip rigoureux. Dans une mer capricieuse (jusqu’à 1,20 m de creux anarchiques, vent de force 3), nous avons été agréablement surpris par la déflexion efficace des embruns et la souplesse de franchissement, avec un constat : plus le rythme augmente sur du clapot qui se resserre, plus le confort est préservé. Et avec leur profil « banané » les flotteurs engendrent une étrave bien défendue qui « soulage » bien dans les creux. Autre sujet de satisfaction, les régimes économiques obtenus en croisière, notamment à 3 500 tr/min soit 24 nœuds avec un mille par litre et, même à 4 500 tr/min (36,5 nœuds), avec 0,88 m/l. Deux mesures assez exceptionnelles, démontrant l’efficience de cet ensemble Humber/Evinrude. Ce qui, avec le réservoir de 200 litres, garantit des autonomies longues distances : 180 milles à 24 nœuds et 158 milles à 36,5 nœuds. Les pêcheurs chevronnés et les raiders apprécieront d’espacer les corvées de ravitaillement…



photo Humber Ocean Pro 6.30


photo Humber Ocean Pro 6.30


photo Humber Ocean Pro 6.30


photo Humber Ocean Pro 6.30


photo Humber Ocean Pro 6.30


photo Humber Ocean Pro 6.30





Qualité de réalisation      

Comportement        

Performances          

Equipement      

Adéquation programme      

Rapport qualite/prix      

Les performances et l’efficacité
Le plaisir de pilotage avec l’Evinrude
La banquette arrière confortable
La construction solide
Les passavants étroits
La visibilité vers l’avant
L’absence de poignées pour la banquette
Pas de plateforme et d’échelle de bain

Face a la concurrence…

Modéle Rib Fish 6.20 HP 6.4 Wave Rider 650
Marque Ribwest (France) Tornado (Danemark) Gemini Marine (Afrique du Sud)
Imporlation Directe chantier JSD Sport (83 – Solliès-Pont) Difama (49 – Vivy)
Longueur 6,20 x 2,45 m 6,40 x 2,55 m 6,50 x 2,40 m
Nb de personnes 11 11 13
Matériau flotteur CR/CSM CR/CSM CR/CSM
Prix 34 800 € (sans moteur) 26 100 € (sans moteur) 19 590 € (sans moteur)
PERFORMANCES
Vitesse maxi 51,5 nds à 5 900 tr/min
Vitesse de croisière rapide 36,5 nds à 4 500 tr/min
Vitesse de croisière economique 24,0 nds à 3 500 tr/min
Temps de jaugeage 2,6 secondes
Accélération de 0 a 20 nds 3,1 secondes
Vitesse minimale d’hydroplanage 13,0 nds à 2 000 tr/min
Consommation en usage courant (estimation) 19 l/h
Autonomie en usage courant (estimation) 9 h 30 min
Hélice de l'essai RX4 15’’ x 20’’ inox 4 pales