La ligne très personnelle de l'Espadon se singularise dans l'actuel paysage du semi-rigide international. Conçu et fabriqué en Tunisie il reprend globalement les recettes « dictées » par l'école italienne mais avec sa touche personnelle. Doté d'un diesel in-board et d'une carène en V profond, il s'annonce économique à l'usage et marin.
Texte et photos Philippe Leblond
Sa silhouette est déjà une invitation au voyage. Même si le flotteur fait penser à la proche Italie, patrie du semi-rigide, l'étrave surmontée, non plus d'une delphinière mais presque d'un « château », évoque des horizons plus lointains. Nanti de cet appendice insolite, l'Espadon mérite bien de porter le même nom que ce fameux poisson au nez en forme de rostre ! Ici, cette imposante structure en polyester, surmontée d'un balcon et recouverte de teck, supporte le davier en inox et le guindeau électrique qui pioche la chaîne dans une profonde baille dont la façade capitonnée intègre deux des quatre hauts parleurs du lecteur CD/FM. Le plancher du cockpit est lui aussi revêtu de teck massif, qui contribue au poids important du bateau déjà lesté d'un diesel de 570 kg. La surface de pont est dédiée avant tout au farniente (bien que l'on trouve des supports de cannes sur les hiloires en polyester qui entourent la banquette arrière) avec deux solariums, celui de l'avant se transformant en carré de pique-nique. La douchette de pont et la belle plate-forme rapportée en teck mettent la baignade à l'honneur. La console en position centrale a la particularité d'abriter un mini frigo. Mais il s'agit là d'une demande particulière, cet espace étant normalement réservé au rangement. Et il est vrai que ce n'est pas le point fort de l'Espadon dont la cale arrière est occupée par le Volvo six cylindres en ligne diesel de 200 ch. Les coffres de l'avant ont l'avantage de pouvoir être fermés à l'aide de cadenas. La banquette arrière peut offrir jusqu'à quatre places assises et l'on appréciera le confort du capitonnage des « joues » latérales qui prolongent le dossier. Un petit siège supplémentaire se trouve sur l'avant de la console. Une bonne chose, car côté pilotage, le chantier n'a prévu qu'un seul siège baquet. Nous aurions préféré un leaning-post biplace… Autre critique : la mousse des places assises manque de fermeté et d’épaisseur. Le tableau de bord, bien agencé, est facilement lisible et le GPS-lecteur-sondeur a pu trouver place sur le pan incliné supérieur. Par contre, le pare-brise est un peu bas pour bien protéger le barreur.Aux commandes du 750 on éprouve un sentiment de sécurité certain, dû notamment à la souplesse de passage dans le clapot de cette carène au V presque constant (22 degrés). Pas de chocs, un bon équilibre, mais une assiette un peu trop plate qui induit une surface mouillée importante. Peut-être le moteur a-t-il été monté un peu bas, car même avec le concours du trim, on a du mal à « aérer » la carène… De fait, les chiffres de vitesse ne sont pas excellents. Il est vrai aussi que l’on se trouve en présence du vieux Volvo 41 P qui pourrait être avantageusement remplacé par un diesel de la série D. Pas besoin de recourir à la puissance maxi de 350 ch, le D4 de 260 ch, un peu moins lourd et nettement plus puissant, nous semble tout indiqué… Les 40 nds serait alors à sa portée avec une vitesse de croisière garantie supérieure à 30 nds et le déjaugeage serait plus alerte. Mais, à 2 500 tr/mn, soit environ 25 nœuds, ce semi-rigide tunisien s’avère très agréable à vivre, notamment grâce à une bonne isolation phonique du Volvo.
En conclusion, l’Espadon 750 mériterait un propulseur plus puissant pour mieux exprimer ces qualités marines. Le confort de sa carène dans la vague sert bien ses intérêts de bateau pour la famille. Le choix d’un diesel, plus cher à l’achat, ne peut se justifier que par une utilisation intensive. Dans ce cas, le budget carburant raisonnable sera un atout à prendre en considération.