Drôle d’idée que d’avoir associé à ce premier semi-rigide corse, pour le moins civilisé, le nom d’un rapace… Car le U Filanciu (milan en français) met les manières pour recevoir à bord, comme il se doit, famille et amis. Son plan de pont laisse une belle place au confort, et ses aptitudes en navigation sont au diapason.
Texte Philippe Leblond – Photos Philippe Leblond et Stef Bravin
Longueur | 7,4 m |
Largeur | 3,05 m |
Diam. maxi des flotteurs | 62 cm |
Nbre de compartiments | 0 |
Puissance maxi | 250 ch (184 kW) |
Puissance conseillée par Pneumag | 200-250 ch |
Poids sans moteur | 1100 kg |
Rapport poids/puissance | 5,5 kg/ch (avec le moteur de l’essai) |
Nombre de personnes | 20 |
Charge utile | 0 kg |
Matériau flotteurs | CR/CSM Orca |
Capacité carburant | 220 l l |
Catégorie CE | B |
Constructeur | Fanale Marine (20 – Pietrosella) |
Importateur | Fanale Marine (20 – Pietrosella) |
Droits annuels sur la coque | 77 € |
Droits annuels sur le(s) moteur(s) | 525 € |
Cette marque est née l’année dernière à l’initiative de Pierre-André Paoli, patron de la société U Fanale, qui s’est déjà fait connaître avec la distribution de la marque de semi-rigides italienne Kardis. Et de la volonté affirmée de Pierre-André de fabriquer la première marque de semi-rigides estampillée « Corsica ». Si pour l’heure, les bateaux Fanale Marine sont construits en Italie, notre homme espère rapidement ouvrir une unité de fabrication sur l’île. La gamme comporte déjà cinq modèles, de 5,70 m à 8,20 m, tous portant un nom de rapace. Pourtant, à l’image du premier modèle qu’il nous a été donné d’essayer, le U Filanciu 740, les Fanale Marine ont plutôt une apparence pacifique. Mais embarquons sans plus tarder sur ce premier Fanale Marine.
Au ponton
Il n’y a pas à dire, le premier semi-rigide corse présente bien. Avec son cockpit au polyester immaculé, ceint de flotteurs en tissu Orca « beurre frais » et de sièges à la sellerie « tabac », sans oublier le teck véritable qui habille la grande plate-forme de bain, il séduit d’emblée. L’accastillage en inox poli miroir est aussi est de belle facture. On apprécie notamment le gabarit et l’emplacement des taquets, ainsi que le guindeau (option à 1 500 €) dissimilé dans la delpinière et doté d’une commande locale. Bien aussi, les fermoirs de coffres réglables en tension et les vérins à gaz pour maintenir les couvercles en position ouverte. Néanmoins, quelques détails n’échappent pas à la critique, telle que l’échelle de bain à claire-voie (pas esthétique), les fines brides qui font office de saisines sur la partie avant des flotteurs, l’absence de vide-poches au tableau de bord et de poignée pour le copilote, le manque de place pour installer la table de pique-nique sans avoir à relever l’assise de pilotage… Pour le reste et surtout le plan de pont, la gestion des espaces est assez convaincante, la circulation à bord étant vraiment facile avec des passavants de 39 cm et un passage vers la plage de bain (vraiment spacieuse pour ce type de bateau), via le dossier de la banquette arrière. Hormis le « conflit » qui existes entre le siège de pilotage et la table, le confort à bord est digne d’éloges avec quatre places assises à l’arrière (banquette en L pour compenser la place perdue au profit du passage latéral), deux au leaning-post, sans oublier celle moulée sur l’avant de la console. Il y a aussi les deux solariums, celui permanent de l’avant (176 x 177 cm) et celui convertible de la poupe (142 x 98 cm). Le volume de rangement est aussi à la hauteur pour un bateau sur lequel on pourra naviguer en équipage de six ou sept sans se gêner. Quelques options sont à même de renforcer cette panoplie du parfait day-boat, pour rendre les mouillages encore plus agréables : douchette (250 €), roll-bar et taud de soleil (2 520 €), réfrigérateur (1 550 €), ou WC électrique (1 200 €).
En mer
De par son comportement sain et rassurant, même avec la puissance maxi (en l’occurrence un Suzuki 250 ch), le Fanale met rapidement son pilote en confiance du fait de sa stabilité de route (tenue de cap rigoureuse, absence de roulis), et ne tarde pas à exploiter toute la puissance du gros V6 japonais. Le hic, car il y a en a un, c’est que nous n’avons pas pu apprécier le U Filanciu au meilleur de sa forme. Il n’y est d’ailleurs pour rien. Pierre-André Paoli justifie : « Il y a le fait qu’au chantier, en Italie, le moteur a été monté très bas. Et il y a aussi que la pluie de la veille a rempli le puits de mouillage, ce dont nous ne nous sommes rendus compte qu’après l’essai. » Il est vrai que c’était l’une des toutes premières sorties de ce bateau, et que Pierre-André n’avait pas encore beaucoup de repères concernant ses performances. Il est évident que les 39,8 nœuds que nous avons obtenus, en trimant pourtant copieusement, ne reflète pas vraiment la vitesse potentielle de U Filanciu qui devrait se situer, selon nous, proche des 45 nœuds. Car l’assiette très plate, même bien trimé à plein régime, fait que la surface de contact avec l’eau reste importante, l’étrave étant lestée d’une masse liquide importante. Les accélérations ont bien sûr pâti quelque peu de cette charge, mais pas tant que ça, car le poids fortuit logé dans l’étrave a limité le cabrage lors de la phase de déjaugeage. En virage aussi, le U Filanciu se montre sain et précis, avec une gîte modérée et un soupçon de glisse de l’arrière qui évite les « prises de carres » un peu viriles.
Passant en souplesse dans la vague (légère brise de NO, clapot de 50 à 60 cm, ce semi-rigide assure à ses passagers le confort espéré pour les sorties par mer légèrement formée, avec une allure de croisière idéale entre 3 500 et 4 000 tr/min (20-25 nœuds), le Suzuki devenant nettement plus sonore vers 4 500 tr/min. On notera, par ailleurs, quelques bruits parasites en navigation (charnières et couvercles de coffres). Si le pilotage est agréable, la position debout à la barre n’est pas idéale en raison d’un manque d’espace entre le leaning-post et la barre, et l’absence de poignée pour le copilote. Par contre, avec la présence du cale-pieds, la position assise est très satisfaisante.
Le comportement sain et le pilotage facile
La qualité de présentation
La facilité de circulation sur le pont
La plate-forme de bain super spacieuse
Les nombreux rangements
Les performances perfectibles
L’échelle de bain apparente
Quelques bruits parasites en navigation
Le « conflit » entre la table et l’assise du leaning-post
Vitesse maxi | 39,8 nds à 5 800 tr/min |
Vitesse de croisière rapide | 27,6 nds à 4 500 tr/min |
Vitesse de croisière economique | 21,3 nds à 3 500 tr/min |
Temps de jaugeage | 5,1 secondes |
Accélération de 0 a 20 nds | 5,8 secondes |
Vitesse minimale d’hydroplanage | 14,7 nds à 2 850 tr/min |
Consommation en usage courant (estimation) | 24 l/h |
Autonomie en usage courant (estimation) | 8 h 15 min |
Hélice de l'essai | 23’ inox trois pales |