Essai Fanale Marine Libecciu 1000

Le bon vent du large

Par ses dimensions et sa puissance, le plus marin des semi-rigides du constructeur corse se pose en challenger dans une catégorie très concurrentielle. Ces atouts de vélocité, d’agrément de pilotage, de confort à la mer, de convivialité l’emportent largement sur un équipement standard quelque peu restrictif et une finition encore perfectible.

Texte et photos Philippe Leblond


 114 000 € sans moteur
 9.93 m
 20
 52 nds avec 2 x Mercury Verado 350 ch
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Essai paru le 21/03/2023

Fiche technique

Longueur 9,93 m
Largeur 3,63 m
Diam. maxi des flotteurs 65 cm
Nbre de compartiments 6
Puissance maxi 2 x 350 ch (515,2 kW)
Puissance conseillée par Pneumag 2 x 275 à 2 x 350 ch
Poids sans moteur 3400 kg
Rapport poids/puissance 5,6 kg/ch (avec le moteur de l’essai)
Nombre de personnes 20
Couchage 2
Charge utile 0 kg
Matériau flotteurs CR/CSM Orca 1 670 décitex
Capacité carburant 550 l
Catégorie CE C
Constructeur Fanale Marine (20 - Pietrosella)
Importateur Réseau de revendeurs
Droits annuels sur la coque 178 €
Droits annuels sur le(s) moteur(s) 1 848 €



Puissant et vif comme U Libecciu (le Libeccio), ce vent qui du large arrive par le sud-ouest de la Corse où, précisément, se tient le chantier Fanale Marine, le nouveau vaisseau amiral de sa gamme semi-rigides ne manque pas de souffle. Avec ses presque 10 mètres et ses 700 chevaux répartis sur deux Mercury Verado, le Libecciu 1000 passe allègrement le cap des 50 nœuds à plein régime. Mais, le plus important dans son cas est de faire voyager un équipage de type familial à bonne allure, dans le confort et la sécurité. Et, à ses commandes, nous avons pu constater qu’il sait faire…  



 



Au ponton



Large d’épaules (3,63 m), le dernier-né de Fanale Marine impose d’emblée une silhouette athlétique, caractérisée également par des flotteurs à la ligne ascendante, qui n’est pas sans rappeler feu le Black Fin Elegance 10… Les tubes dégagent ainsi une étrave conquérante qui annonce sans détour un caractère hauturier. De fait, la certification en catégorie C a de quoi surprendre, nombre de semi-rigides d’apparence moins marine étant homologués en B… Bien blotti dans la pointe de l’avant, le solarium fait apprécier ses belles dimensions : 254 x 220 cm. Il vient s’ajouter à celui de l’arrière (convertible en carré) mesurant 132 x 200 cm. A eux deux, c’est environ huit mètres carrés que leurs matelas offrent pour la détente et le bronzage !



 



La partie centrale du cockpit est occupée par un volumineux poste de pilotage biplace dont l’arrière du leaning-post fait office de bloc-cuisine avec frigo et petit évier, tandis que la console (hauteur intérieure : 1,44 m), qui ouvre par l’avant, abrite un petit couchage de secours de 175 x 144 cm. Le matelas étant plutôt mince, il ne faudra pas se montrer trop exigeant en termes de confort… pas trop claustrophobe non plus, en l’absence de hublot. Ce volume peut également recevoir (en option) un WC chimique ou marin. Le siège de pilotage dispense une bonne position de conduite, mais le dessin de son assise pourrait être plus ergonomique. Les commandes tombent bien sous la main du pilote, lequel est à l’abri d’un petit saute-vent plexi ainsi que d’un T-top en toile sur armature alu, issu de la liste des options. Face à lui, le tableau de bord intègre deux écrans de moyenne dimension, le SmartCraft Mercury et un traceur-GPS Simrad, la stéréo Fusion, sans oublier la prise USB et des vides-poches-filet. Un bon point également pour la présence du compas, bien dans l’axe de vision du pilote.



 



Le rangement et la circulation méritent également de bonnes appréciations. A l’immense coffre avant, situé sous le matelas de solarium (fragmenté pour faciliter l’ouverture des capots), s’ajoute la grande cale arrière et les rangements latéraux de la banquette arrière, tout en sachant que la console peut apporter sa contribution. Cela n’empêche pas de se déplacer facilement sur le pont. Malgré la présence de l’armature du T-top, fixée de part et d’autre de la console centrale, les passavants laissent encore 35 cm de liberté et un large passage demeure entre l’avant de la console et le solarium de proue. La delphinière, qui ne remplit aucun rôle pour le mouillage puisque l’ancre est à l’étrave, se voit armée de deux taquets fixes pour l’amarrage et son plateau en teck permet de débarquer par l’avant. Quant aux plateformes de bain, elles sont assez spacieuses, mais il est dommage qu’elles ne soient pas communicantes via un petit passage en avant du bac-moteurs.  



 



Rayon équipement, il faudra compléter avec les options, dont certaines nous semblent indispensables. En effet, le chantier de Pietrosella ne s’est pas montré très généreux pour ce qui est de la dotation de série. Guindeau électrique, table de pique-nique et douchette sont souvent montés d’office sur les semi-rigides de cette envergure, pas sur le Libecciu… Par ailleurs, on relève quelques imperfections qui pourront être assez facilement gommées sur les prochains modèles, notamment le gel-coat au rendu de surface inégal, de même que les finitions dans les cales et les coffres… Dommage, car l’assemblage des flotteurs, en tissu Orca Carbon 1 670 décitex, apparaît très soigné avec des coupes régulières et l’absence de traces de collage, de même que la pose du teck synthétique (Cerdeck), dans le cockpit et sur les plateformes de bain.  



 



 



En mer



52 nœuds avec un T-top et une carène légèrement pénalisée par une peinture antifouling, c’est costaud ! Le Libecciu vaut certainement un bon 55 nœuds sans ces deux freins à la performance. Pas mal pour un semi-rigide de 10 mètres qui déplaçait largement plus de quatre tonnes lors de notre essai avec les pleins de carburant et d’eau et quatre passagers. Il est vrai qu’une paire de Verado 350 ch, même s’il s’agissait des anciens six cylindres en ligne à compresseur, ça pousse ! Enfin ça pousse, dès lors que les compresseurs entrent en lice, car comme à l’accoutumé, on observe un petit temps de latence entre le moment où l’on a poussé les accélérateurs et le moment où la puissance arrive vraiment. Ce qui se traduit par un modeste 4’’7 pour chrono de déjaugeage et 6’’8 au passage des 20 nœuds. Des mesures qui ne rendent pas justice à la vigueur de la montée en régime… Il est aussi vrai que, même avec 700 chevaux au tableau arrière, Le Libecciu ne donne aucunement une impression de sur-motorisation. Cette énorme cavalerie est parfaitement canalisée par la carène, à la fois véloce et bien équilibrée. Autre phénomène, les conditions très clémentes lors de notre sortie en baie de Cannes (vent quasi nul, clapot de 50 cm) qui ont contribué à cette sensation de sécurité.



 



 



Il n’en est pas moins vrai que l’aisance démontrée par le semi-rigide corse, dans toutes les figures du pilotage, nous a favorablement impressionnés. Que ce soit à plein régime, généreusement trimé pour accrocher les 52 nœuds, sans amorce de roulis, ou dans les virages larges et serrés, avec une gîte intérieure régulière, un grip ferme et constant (sans être brutal lors des remises de gaz énergiques en sortie), et des relances efficaces grâce à des hélices conservant leur motricité. La prise en main facile mettra rapidement le pilote en confiance et l’équipage appréciera le confort de la carène sur le petit capot méditerranéen. Le croisement de quelques sillages avec des réceptions en souplesse et une bonne déflexion de la vague d’étrave nous a également démontré une certaine aptitude à préserver l’agrément des navigations. Verdict très positif donc pour ce volet dynamique. Il est bien sûr possible de choisir une motorisation moins puissante… Un duo de 250 ou 300 chevaux devrait faire l’affaire, avec à la clé des performances très honorables pour un budget à l’achat et en consommation sensiblement inférieur. En parlant de conso, un mot sur l’autonomie du Libecciu qui, avec ses 700 chevaux est capable de couvrir jusqu’à 250 milles à la vitesse de 20 nœuds ! Et les rendements sont encore « économiques » jusqu’à 4 000 tr/min et 32 nœuds avec 0,40 mille parcouru par litre consommé. Un beau résultat également.  



photo Fanale Marine Libecciu 1000


photo Fanale Marine Libecciu 1000


photo Fanale Marine Libecciu 1000


photo Fanale Marine Libecciu 1000


photo Fanale Marine Libecciu 1000


photo Fanale Marine Libecciu 1000





Qualité de réalisation    

Comportement        

Performances        

Equipement    

Adéquation programme      

Rapport qualite/prix      

Le comportement sûr
Les performances et l’agrément de pilotage
Le cockpit spacieux et convivial
Les deux grands solariums
Le carré en U pour six convives
L’équipement standard pas très généreux
Certains éléments dont la finition est perfectible
Seulement certifié catégorie C

Face a la concurrence…

Modéle Eagle 10 100 GT Phantom 300
Marque Brig (Ukraine) BSC (Italie) SeaWater (Italie)
Imporlation Hica Boats (13 – Châteauneuf-le-Rouge) Réseau de revendeurs Réseau de revendeurs Med Yacht (83 – Marines de Cogolin)
Longueur 9,90 x 3,40 m 9,95 x 3,54 m 9,99 x 3,60 m
Nb de personnes 20 16 22
Matériau flotteur CR/CSM CR/CSM CR/CSM Orca 1 670 décitex
Prix 126 500 € (sans moteur) 119 400 € (sans moteur) 122 400 € (sans moteur)
PERFORMANCES
Vitesse maxi 52,0 nds à 6 300 tr/min
Vitesse de croisière rapide 36,0 nds à 4 500 tr/min
Vitesse de croisière economique 23,5 nds à 3 000 tr/min
Temps de jaugeage 4,7 secondes
Accélération de 0 a 20 nds 6,8 secondes
Vitesse minimale d’hydroplanage 18 nds à 2 200 tr/min
Consommation en usage courant (estimation) 40 l/h à 2 500 tr/min
Autonomie en usage courant (estimation) 250 milles à 20,2 nds
Hélice de l'essai 16’’ x 21’’ inox 3 pales