Pour son premier semi-rigide, le chantier Salpa a mis les petits plats dans les grands. Elégant tout en étant original, le Soleil 23 fait étalage de nombreuses qualités, que ce soit dans le domaine de la conception, des finitions, du confort, du niveau d’équipement… Reste les performances, pour lesquelles nous sommes restés sur notre faim, faute d’une motorisation insuffisante.
Texte et photos Philippe Leblond
Longueur | 7,15 m |
Largeur | 2,79 m |
Diam. maxi des flotteurs | 60 cm |
Nbre de compartiments | 0 |
Puissance maxi | 250 ch (184 kW) |
Puissance conseillée par Pneumag | 200 - 250 ch |
Poids sans moteur | 1050 kg |
Rapport poids/puissance | 8,4 kg/ch (avec le moteur de l’essai) |
Nombre de personnes | 14 |
Couchage | 0 |
Charge utile | 0 kg |
Matériau flotteurs | CR/CSM Orca 1 670 décitex |
Capacité carburant | 205 l |
Catégorie CE | B |
Constructeur | Nautica Salpa (Italie) |
Importateur | Soleil Bleu Yachting (13 – La Ciotat) |
Droits annuels sur la coque | exempté |
Droits annuels sur le(s) moteur(s) | exempté |
Riche d’une expérience de plus de 30 années, le chantier napolitain, connu pour sa gamme de bateaux rigides, dont le modèle-amiral est une belle vedette open hard-top de 16 mètres, a créé la surprise en présentant lors du Salon de Gênes 2017, son premier semi-rigide : le Soleil 23. Ce dernier a été rejoint depuis par un séduisant 10 mètres bimoteur, le Soleil 33. Essayé à Juan-les-Pins, chez Easy Yachting, où il vient de commencer sa saison de location, le Soleil 23 est un grand 23 pieds (7,15 m hors-tout), mais homologué à moins de sept mètres (6,80 m). Une bonne nouvelle pour le marché français dont les bateaux de sept mètres et plus sont taxés. Embarquons pour une visite détaillée…
Au ponton
Déjà, il y a le dessin. Un peu différent de celui de la plupart de ses concurrents, hormis Marlin Boat, à qui Salpa a « emprunté » ses flotteurs marqués d’une teugue (courbe ascendante de la proue rappelant celle des bateaux de pêche sportive). Ensuite, il y a la qualité perçue, qui flatte l’œil d’emblée, avec des flotteurs en tissu Orca impeccablement assemblés, un gel-coat uniformément brillant, un accastillage généreusement distribué, la sellerie brodée... Enfin, il y a la pertinence de la conception, avec un plan de pont et un équipement à même de servir au mieux le programme balade/farniente en famille, auquel se destine le Soleil 23. Comme pour justifier son appellation, le nouveau Salpa se montre généreux pour ce qui est de la surface de bronzage : 232 x 155 cm pour le solarium avant, 157 x 153 cm pour celui de l’arrière. De quoi s’adonner à des séances d’U.V. collectives… Pour faciliter les déplacements à bord, Salpa a pris la bonne décision de déporter le poste de pilotage sur tribord, laissant un unique passavant de 42 cm, à bâbord. Un boulevard à l’échelle d’un semi-rigide ! Dans le même souci, un passage a été pratiqué vers la plate-forme de bain en « amputant » la banquette arrière d’une partie de son dossier. Ce dernier est d’ailleurs rabattable en arrière pour former un bain de soleil qui s’ajoute à celui qui occupe une grande partant du pont avant. La banquette de poupe en U a vocation à se transformer en un carré convivial, pouvant accueillir cinq à six convives autour d’un pique-nique. Pour le coup, on regrette que la table ne soit pas plus grande… Face à ce carré, la kitchenette est adossée au siège de pilotage. Elle comporte un petit frigo, une planche à découper, un réchaud à gaz et un évier.
Avec les deux places du pilotage, dotées d’une demi-assise relevable en mode leaning-post, et le siège biplace situé sur l’avant de la console, ce sont donc près d’une dizaine de vraies places assises dont dispose le Soleil 23, chose rare sur un semi-rigide homologué en moins de 7 mètres. C’est d’autant plus appréciable que le Salpa offre une sellerie à la consistance quasi parfaite, composée d’une mousse à cellule fermée à laquelle s’ajoute une mousse de confort. Au besoin on pourra asseoir deux passagers supplémentaires sur le flotteur bâbord, qui se tiendront à la poignée et la main courante de console. Un bon point aussi pour la position de pilotage, confortable et efficace qu’on soit debout ou assis, ainsi que pour le tableau de bord très lisible (le volant ne cache aucun des instruments) et permettant d’intégrer un combiné GPS-lecteur-sondeur. Une radio-stéréo Fusion est également présente, ainsi qu’un compas dans l’axe de vision du pilote. Bien vu également les deux vide-poches, en filet et plexi. Le dessin de console apporte aussi une aisance et une sécurité appréciable pour les jambes des pilote et copilote grâce à sa façade en retrait et a son cale-pieds.
Le chantier napolitain ne s’est pas non plus montré avare dans le domaine du rangement et de l’accastillage. Les coffres sont nombreux et volumineux, sans oublier le petit rangement en longueur, à tribord, pour les cannes à pêche ou la gaffe. Pour ce qui est de l’accastillage, on apprécie le dimensionnement des taquets, les deux plates-formes de bain avec échelle intégrée et poignée (tribord), la douchette bien placée, le roll-bar qui sert de support à un grand cabriolet qui couvre toute la partie arrière, jusqu’au poste de pilotage, le guindeau électrique (option) avec son ancre à poste sur davier basculant… On prendra garde, en revanche, aux charnières de coffres saillantes qui peuvent blesser les pieds nus. Toutes ces bonnes choses, auxquelles s’ajoute un comportement dynamique abouti malgré le manque de puissance de notre bateau d’essai (voir « En mer »), font de ce premier semi-rigide Salpa une indéniable réussite.
En mer
Au vu de la qualité de sa construction et de sa largeur, on pressent vite que le Salpa 23 est un semi-rigide lourd. Il l’est. On ne va pas lui en vouloir car ce poids est un allié pour le confort dans la mer formée. Autre atout dans ce domaine, sa carène en V profond marquée d’un redan dans la moitié avant. Mais, ces deux paramètres font que pour atteindre un certain niveau de performance - aujourd’hui on a du mal à concevoir ce genre d’unité avec une V-max inférieure à 40 nœuds - il faut recourir à une puissance importante. Notre test en a apporté la preuve. Malgré ses très bons états de service, le Mercury Four Stroke 150, qui nous a souvent épatés par son punch, n’a pas réussi à donner le change sur le tableau arrière du Salpa. Avec un rapport poids/puissance peu favorable (8,4 kg par cheval !) et de surcroît une carène enduite d’antifouling, l’obstacle était trop haut. Résultat : 34,6 nœuds sur notre GPS, malgré un réglage de trim en limite de ventilation… Insuffisant pour un bateau de cet acabit, d’autant que nous n’étions que deux à bord (avec le plein de carburant) de ce semi-rigide à vocation collective. Les chronos d’accélération ont confirmé ce manque de puissance, avec 4’’3 pour déjauger (malgré le redan de déjaugeage) et surtout 6’’9 pour atteindre les 20 nœuds. Nous n’avons pu obtenir les chiffres de consommation, mais il est évident que les rendements ne devraient pas se montrer économiques, la mécanique étant trop sollicitée, même aux allures de croisière (seulement 19,8 nœuds à 3 500 tr/min). Il convient cependant de préciser, que ce Soleil 23 était destiné d’emblée à la location, aussi le loueur a-t-il préféré jouer la prudence avec une motorisation sage… D’après les chiffres et notre ressenti à la barre, il faudrait monter au minimum 200 ch, voire la puissance maxi, 250 ch, pour bien exploiter les qualités nautiques de ce semi-rigide, au demeurant facile et agréable à piloter.
Cette sous-motorisation est d’autant plus frustrante que le Soleil 23 semble bien équilibré, doté d’une tenue de cap rigoureuse et d’une belle maniabilité, notamment en virage avec des trajectoires précises et une légère glisse lorsqu’on remet plein gaz, avec pour avantage de ne pas trop centrifuger les occupants. Un bémol : la perte de motricité lorsqu’on braque à fond. Dans le petit clapot (environ 50 cm) et lors d’un croisement de sillage de cabin-cruiser, la carène a dispensé un confort satisfaisant, franchissant ce « relief » marin sans générer d’impacts. Il conviendra néanmoins de revoir le Soleil 23 dans des conditions moins favorables pour réellement juger de ses aptitudes marines. A la différence de la plupart des bateaux dotés d’une carène à redan, celle du Salpa nécessite du trim positif pour ne pas trop coller au plan d’eau et se montrer plus vivante à la barre. Au port, le guidage assuré par la quille au V marqué évite à l’avant de chasser lors des manœuvres, notamment en marche arrière.
Qualité de réalisation
Comportement
Performances
Equipement
Adéquation programme
Rapport qualite/prix
Modéle | Elegance 7 | 70 Classic | Clubman 23 |
---|---|---|---|
Marque | Black Fin (Etats-Unis) | BSC (Italie) | Joker Boat (Italie) |
Imporlation | Brunswick Marine in France (17 – La Rochelle) | Réseau de revendeurs | Hyères Espace Plaisance (83 – Hyères) |
Longueur | 6,96 x 2,77 m | 6,98 x 2,83 m | 6,98 x 2,55 m |
Nb de personnes | 16 | 12 | 12 |
Matériau flotteur | CR/CSM | CR/CSM | CR/CSM |
Prix | 56 890 € avec Mercury 150 ch | 38 340 € (sans moteur) | 39 640 € (sans moteur) |
Vitesse maxi | 34,6 nds à 5 300 tr/min |
Vitesse de croisière rapide | 27,8 nds à 4 500 tr/min |
Vitesse de croisière economique | 19,8 nds à 3 500 tr/min |
Temps de jaugeage | 4,3 secondes |
Accélération de 0 a 20 nds | 6,9 secondes |
Vitesse minimale d’hydroplanage | 14,0 nds à 2 600 tr/min |
Consommation en usage courant (estimation) | 14 l/h |
Autonomie en usage courant (estimation) | 12 h 50 min |
Hélice de l'essai | inox 3 pales |