Essai Naviwatt Zenpro 580

C’est les watts qu’il préfère

Ce semi-rigide français, propulsé à 100% par l’électrique, est destiné à une utilisation professionnelle portuaire. Plutôt, vif, homogène, passant bien dans le clapot et facile à piloter, il pourrait être susceptible – s’il en a les moyens ! – d’intéresser quelque plaisancier fervent de la transition écologique, privilégiant les watts aux chevaux thermiques.

Texte et photos Philippe Leblond


 90 000 € avec moteur et batterie
 5.8 m
 8
 24,4 nds avec 55 kW (électrique)
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Essai paru le 22/02/2019

Fiche technique

Longueur 5,8 m
Largeur 2,36 m
Diam. maxi des flotteurs 48 cm
Nbre de compartiments 5
Puissance maxi 55 kW
Puissance conseillée par Pneumag 55 kW minimum
Poids sans moteur 890 kg
Rapport poids/puissance 16,2 kg/kW (avec le moteur de l’essai)
Nombre de personnes 8
Couchage 0
Charge utile 1000 kg
Matériau flotteurs CR/CSM Orca 1 100 décitex
Capacité carburant 0 l
Catégorie CE C
Constructeur Naviwatt (56 - Arzon)
Importateur Naviwatt (56 - Arzon)
Droits annuels sur la coque exonéré
Droits annuels sur le(s) moteur(s) exonéré



Nous sommes assez attachés chez Pneumatique Magazine aux belles mécaniques et aux performances qui vont avec. Ce qui, lorsque nous avons quelques bons points à distribuer à un engin mu par l’électricité, donne un certain relief à nos appréciations. Il est vrai que nous avons plutôt apprécié de prendre la barre du Zenpro, semi-rigide français à coque alu, conçu en Bretagne chez Naviwatt, et propulsé par un hors-bord électrique Torqeedo. Et pas n’importe lequel, le plus puissant proposé par le motoriste allemand : le Deep Blue 80. Le chiffre 80, pour 80 chevaux (nous allons y revenir…). En attendant voyons plus en détail ce pneumatique qu’ont pu découvrir les visiteurs du Grand Pavois, à La Rochelle. 



Au ponton



La silhouette est assez séduisante, avec des flotteurs de diamètre modéré (48 cm) et des terminaisons à cônes biseautés, mais les « concours d’élégance » ne sont pas la finalité de ce semi-rigide. En effet, le gros œuvre est en aluminium, un matériau qui a l’avantage de la légèreté et de l’absence d’entretien, tout en étant « dur au mal » (échouage et beachage lui sont indolores), ce qui séduit particulièrement les utilisateurs professionnels. A bord du Zenpro, ce n’est pas ambiance « farniente et collation » ; c’est plutôt besogneux. Et pour cause,ce semi-rigide a été pensé pour servir dans le port du Crouesty, dont Naviwatt installé à Arzon est voisin. Ainsi trouve-t-on, au tableau arrière, un mât de traction pour assister les manœuvres portuaires, une bitte d’amarrage à l’avant, ainsi qu’une baille à mouillage et un coffre. Le poste de pilotage est volontairement compact afin de laisser un maximum d’espace libre sur le pont, revêtu d’un antidérapant, pour faciliter les déplacements de l’équipage. Le poste de pilotage est donc monoplace, constitué d’un leaning-post évidé avec main courante arrière et d’une console haute surmontée d’un pare-brise assurant une bonne protection, même pour les pilotes de haute stature. Un cale-pieds permet éventuellement de piloter en position assise, tandis qu’un léger retrait de la façade postérieure augmente l’espace pour les jambes du barreur. Conclusion : la position de conduite est ergonomique. Prenons maintenant les commandes du Zenpro…



En mer



La commande d’accélération et d’inversion de marche du Torqeedo, d’un dessin réussi et d’un maniement agréable, est à la fois douce et précise, à l’exception du point mort, un peu flou. Et la démultiplication de la transmission, bien dosée, gomme l’effet « on-off » propre aux moteurs électriques, avec toutefois une réactivité un peu plus vive en marche arrière, de quoi manœuvrer avec facilité et sécurité entre les pontons du port des Minimes. Et bien sûr sans bruit, sans fumée ni vibrations. Une fois franchi l’extrémité du chenal, nous poussons l’accélérateur. Surprise : alors qu’on s’attendait à une mise en action immédiate, on note un temps de réponse assez marqué (sans doute plus d’une seconde) avant que la poussée ne devienne effective. Celle-ci est franche, mais sans plus, et semble se « tasser » à l’approche du régime maxi. Du côté des performances, les chiffres sont en demi-teinte, avec une pointe de vitesse à 24,4 nœuds, malgré du trim positif, et des chronos d’accélération modestes, notamment le 0 à 20 nœuds qui s’étale sur 13’’2. L’impression ressentie, c’est que le Deep Blue 80, qui revendique l’équivalent de 80 chevaux thermiques, nous donne l’impression d’en valoir 60, tout au plus. Il est vrai aussi que malgré sa légèreté initiale (grâce à sa construction alu (350 kg coque nue), le Zenpro est « plombé » par l’équipement propulsif, et particulièrement la batterie (250 kg à elle seule !). Il est également vrai que même 80 chevaux sont une puissance en limite basse pour un semi-rigide de cette dimension… Ces performances, nous les avons obtenues avec seulement deux personnes à bord, sur un plan d’eau parcouru d’un petit clapot et d’une brise de 2 à 3. La carène du Zenpro montre une belle souplesse sur la vague et délivre un pilotage agréable, en dépit du bruit peu « sexy » du Torqeedo (entre le robot Moulinex et le Circuit 24), qui s’avère plus sonore qu’attendu dès lors qu’on excède les 1 000 tr/min, forcissant jusqu’au régime maxi de 2 230 tr/min. Ce régime ne correspond pas au nombre de tours moteur, mais de tours de l’hélice à cinq pales qui équipe le hors-bord allemand.



On ne peut terminer ce commentaire d’essai sans évoquer l’autonomie. La batterie, provenant de l’i3, la voiture électrique d’entrée de gamme de BMW, assure une durée de navigation de 40 minutes à 20 nœuds (soit une quinzaine de milles), mais sa courbe étant franchement exponentielle, son autonomie grimpe à 20 heures, à condition de naviguer à 3 nœuds. Sa durée de recharge (sur n’importe quelle prise de courant) est actuellement de 10 heures, mais très prochainement, l’opération se fera en seulement… 40 minutes ! Tant mieux car, malgré l’attrait d’une garantie de neuf ans, cette batterie représente une part non négligeable du budget (elle vaut près de 22 000 € à elle seule !), de même que le Deep Blue qui, facturé pas loin du même prix, équivaut à celui d’un hors-bord thermique de 175 ch… Vu sous l’angle du « plaisancier moyen » que nous sommes, ça en fait des litres de super (!) pour naviguer avec nos bons « vieux » hors-bord, avant de parvenir à amortir cette nouvelle technologie, certes bien vertueuse, mais encore très coûteuse.



 



photo Naviwatt Zenpro 580


photo Naviwatt Zenpro 580


photo Naviwatt Zenpro 580


photo Naviwatt Zenpro 580


photo Naviwatt Zenpro 580


photo Naviwatt Zenpro 580


photo Naviwatt Zenpro 580


photo Naviwatt Zenpro 580





On aime bien

L’absence d’émissions polluantes

Le silence d’utilisation à bas régime

L’instrumentation B&G bien conçue

Les qualités nautiques du bateau

On aime moins

Les performances en demi-teinte

Le manque d’autonomie à vitesse soutenue

La sonorité au-dessus de 1 000 tr/min

Le tarif prohibitif


PERFORMANCES
Vitesse maxi 24,4 nds à 2 230 tr/min (53,5 kW)
Vitesse de croisière rapide 20,8 nds à 2 000 tr/min (44,8 kW)
Vitesse de croisière economique 16,3 à 1 700 tr/min (30,8 kW)
Temps de jaugeage 5,8 secondes
Accélération de 0 a 20 nds 13,2 secondes
Vitesse minimale d’hydroplanage 11,8 nds à 1 450 tr/min
Consommation en usage courant (estimation) 30,8 kW
Autonomie en usage courant (estimation) environ 1 heure
Hélice de l'essai nc