Très remarqué au Salon nautique de Paris, le nouveau modèle amiral du chantier italien Lomac, révèle sur l'eau des qualités de croiseur de haute mer, conjuguant des performances d'exception et une fabuleuse sensation de sécurité. Doté d'une belle cabine double et d'un cockpit très bien conçu, il se prête aussi bien aux balades estivales en groupe qu'aux croisières-raids en famille.
Texte et photos : Jacques Anglès
Allons tout suite à l'essentiel, c'est-à-dire au cœur de notre essai, en réservant à plus tard la revue de détail du pont et de l'intérieur. C'est simple : à 45 nœuds, foi de GPS, votre essayeur Pneu Mag est à la fête ! à cette vitesse, déjà rare, le Lomac 1000 donne l'impression d'une allure de promenade, et seuls les repères côtiers qui défilent sur tribord indiquent que cela va très vite ! Moteur légèrement trimé pour alléger la carène, la stabilité est irréprochable tant en latéral qu'en longitudinal. Je lâche le volant : le 1000 In reste imperturbable, sans la moindre tendance à dévier de son cap. L'équilibre et la sûreté de sa carène se confirment en traversant en tous sens les vagues que creusent généreusement quelques gros chalutiers en route rapide : le V profond franchit les vagues sans heurt et pas une goutte d'eau ne vient éclabousser le pont. étonnant ! Mis en confiance, je pousse la manette des gaz jusqu'à la butée et hop ! le Lomac bondit en libérant la cavalerie des gros Yam F-250 pour notre séquence «vitesse maxi». à 49 nœuds au GPS à 5 700 tours, un petit ajustage de trim permet de gagner 200-250 tours de mieux, et nous voilà à 51,3 nœuds ! Ceci avec des moteurs pas encore débridés qui ne délivrent pas tout leur potentiel (après une trentaine d'heures, on gagnera au moins 200-300 tours et environ 3 nœuds de mieux). Ce nouveau Lomac entre avec panache dans l'élite des plus de 50 nœuds. Pourtant; le plus remarquable n'est pas la vitesse mais la stabilité et la sensation de sécurité qu'il délivre. Il faudra même faire attention, car cette sensation peut conduire un pilote peu averti à relâcher sa vigilance. Or à 50 nœuds, les obstacles arrivent vite, très vite ! Du coup, en vue d’une utilisation familiale, j’aurais tendance à conseiller une motorisation un peu moins puissante et plus légère (par exemple 2 x 200 ou même 2 x 175 ch HPDI Yamaha) qui devrait tout de même garantir une vitesse de croisière supérieure à 25 nœuds et plus de 40 nœuds en pointe.
Ayant pris la mesure des qualités de ce Lomac, j’attaque sans ménagement les autres figures du pilotage : courbes ultra-rapides, virages «sur la tranche» et «8» serrés, sans prendre une seule fois la carène en défaut, ni même parvenir à déclencher la ventilation des hélices. Bref , côté pilotage c’est «rien que du bon», et même de l’excellent ! Au passage j’apprécie la fixation sérieuse des divers coussins de pont, qui tiennent bien en place, même à plus de 50 nœuds. Ce qui nous amène à la revue de détail : construction, design, confort, équipement.
Sur le premier point, ce nouveau modèle est fidèle au sérieux du chantier transalpin : c’est solide et bien fait. Il suffit de plonger dans les coffres pour s’en convaincre, en découvrant les cloisons stratifiées, les varangues et les gros longerons qui assurent une rigidité parfaite de la coque. La finition du polyester est tout aussi soignée, avec un gel-coat brillant et d’élégants planchers en teck dans le cockpit et sur les plats-bords. Quant au flotteur, sa fabrication impeccable en tissu Orca 1670 dtx de Pennel et Flipo illustre le savoir-faire du chantier, fort de 37 ans d’expérience. Le long cockpit est astucieusement traité en deux «zones de vie» indépendantes, l'une à l'avant, adaptable en fonction du moment en espace-repas, avec table amovible de bonne taille, ou en grand solarium. Ainsi, on pourra par exemple, allouer cet espace aux enfants, en réservant le carré arrière aux adultes. Ce dernier, lui aussi convertible en solarium, accueille six à huit convives autour d'une grande table amovible en teck, lourde à manipuler et pourvue d'un pied trop fragile qui, heureusement, doit être remplacé dès le numéro 2 de la série (suggestion : une table en sandwich, beaucoup plus légère, serait aussi plus pratique). La circulation de l'avant à l'arrière est facile et sûre, même en navigation, grâce au plancher de plain-pied d'un bout à l'autre, et grâce aux mains courantes bien disposées. Placée au centre de gravité, la haute console abrite efficacement le poste de pilotage. S'il n'y a rien à redire sur l'ergonomie de celui-ci (appui confortable, volant et commandes bien placées, bonne visibilité, instruments très lisibles) on regrette tout de même qu'il soit strictement monoplace : un peu de compagnie est agréable en navigation ! Enfin, la cabine est digne de ce nom, avec une hauteur de 1,70 m un beau lit double (178 x 157 cm) et un WC isolé suffisamment spacieux. Côté design, c'est moderne en sachant rester discret, avec des détails soignés et fonctionnels. Voyez par exemple les loquets de maintien des bains de soleil (très efficaces) ou ceux des coffres (réglables), les uns et les autres logés dans des encastrements moulés du pont, de manière à ne présenter aucune aspérité. On appréciera de même le solide balcon autour du cockpit avant, les mains courantes inox qui bordent les passavants ou l'orifice de remplissage de carburant placé dans la «baignoire arrière» (ce qui évite le risque de débordement dans le cockpit). Terminons par un éloge de plus à propos de l'équipement, qui inclut un guindeau électrique avec ancre et 50 m de chaîne, la cuisine équipée (réchaud et réfrigérateur 42 l), l'eau sous pression avec douche et réservoir de 105 l, le WC marin indépendant, les feux de navigation, le klaxon, les tables et les bains de soleil complets et beaucoup d'autres choses... En fait, une fois les moteurs installés, il suffit d'ajouter le matériel de sécurité et de faire les pleins pour appareiller. Bravo ! .
CONCLUSION
Assurément, ce dernier Lomac est une réussite sur tous les tableaux :
tenue de mer sans faille, confort et sécurité en navigation, cockpit convivial, cabine vraiment logeable. à part quelques détails améliorables, comme le puzzle de montage du solarium arrière, il n’y pratiquement rien à lui reprocher. Bref, un bateau de qualité, très marin, qui donne envie de longues croisières-raids, avec assez de lits pour six équipiers pour peu qu’on l’équipe d’un taud de camping intégral. Les seuls bémols tiennent à sa taille, avec les contraintes d’un bateau non transportable et un budget réservé à une clientèle privilégiée.