Ce nouveau membre de la famille "IN" confirme l'évolution stylistique voulue par le chantier milanais, avec une partie polyester aux arêtes vives donnant un réel dynamisme à la ligne du 710. En navigation comme au mouillage, sa longueur de coque se fait apprécier. Spacieux, chic et confortable, ce Lomac apparaît comme un sérieux challenger dans la catégorie.
Texte et photos Philippe Leblond
Le chantier transalpin a fait sensation à Gênes, puis Paris, en présentant conjointement l'éblouissant Adrenalina (essai dans Pneu Mag n°87) et le 710 IN dont il est ici question. Pour le second, Lomac a adopté le "edge design" (volumes à arêtes vives). Avec talent, si l'on excepte l'arceau polyester, en décalage avec le dessin des autres éléments en polyester (delphinière, console, plats-bords). Un accessoire que Lomac, espérons-le, ne devrait pas tarder à mettre à jour…
Pour le reste, on apprécie l'expérience du constructeur italien qui s'illustre parfaitement dans l'agencement du pont, lequel, si l'on tient compte des plates-formes de bain intégrées à la coque, exploite de manière optimale la grande longueur à la flottaison. Celles-ci se prolongent presque jusqu'à l'extrémité des flotteurs. Du coup, on n'en veut pas trop à Lomac d'avoir baptisé son semi-rigide 710, là où la longueur hors-tout s'établit à 6,98 m, de manière à échapper à la taxe de navigation qui sévit en France. Autre atout, il est au gabarit routier, flotteurs gonflés. Ces deux critères pèsent d'un bon poids dans la décision d'achat des propriétaires français, ceux-ci étant nombreux à transporter leur bateau sur remorque.
Voulu comme un confortable day-boat familial, le 710 IN n'a pas à rougir face au "cahier des charges" de la catégorie. Il propose en effet pas moins de six ou sept vraies places assises (trois sur la banquette, deux au pilotage, deux sur l'avant de la console, pour des enfants), et deux solariums de belles dimensions. La console peut même recevoir, en option, un WC chimique ou marin (notez l'ouverture de la porte en latéral), grâce à son volume intérieur (1,37 m de hauteur), à moins de n'être utilisée que pour du rangement, domaine dans lequel le 710 IN n'est pas avare : grande soute arrière (où il manque toutefois un caillebotis pour éviter l'éparpillement des affaires dans le fond de coque), coffre dans le leaning-post et généreuse cale avant sous le matelas de bain de soleil. Notons que les couvercles des coffres avant et arrière sont dotés de vérins à gaz pour en faciliter l'ouverture. Les fermoirs réglables peuvent être équipés de cadenas. Voilà qui évite les angoisses à l'escale dans des ports pas toujours gardiennés. Pour en terminer avec le confort, on peut regretter que la configuration de la poupe ne permette pas de mettre plus de monde autour de la table de pique-nique en teck, laquelle s'escamote au dos du leaning-post.
Sur un plan plus technique, l'équipement du 710 IN ne laisse pas entrevoir de sérieuse lacune. L'accastillage est généreusement distribué comme le montre la delphinière, dont l'ancre est animée par un guindeau électrique, dotée de deux sérieux taquets et d'un davier basculant. Les mains courantes sont bien placées, sur la console et autour du leaning-post, permettant aux passagers de naviguer debout en sécurité lorsque les conditions se durcissent. L'arceau polyester sert de support à un grand cabriolet qui va ombrager jusqu'à la console. Les plates-formes de bain comportent, à tribord une échelle coffrée et la douchette, à bâbord le nable de carburant. Sans oublier deux beaux taquets fixés sur les plats-bords antidérapants. Terminons la visite avec le poste de pilotage. Là encore, l'expérience fait son œuvre avec une position de pilotage bien étudiée : volant vertical, levier de gaz tombant bien sous la main, façade de console avec retrait aux genoux et cale-pieds moulé. Le tableau de bord n'est pas mal non plus : module pour intégrer les instruments de contrôle des moteurs et un combiné GPS-sondeur, vide-poches pour les petites affaires à conserver à portée de main (téléphone, VHF portable, clés de voiture…). Un oubli (?) cependant : l'absence de compas.
Après ce tour du propriétaire convaincant, voyons si les qualités dynamiques du 710 IN sont au diapason… Sortie de port sans encombre, accompagné par la voix presque inaudible du Yamaha F200. A mes côtés, Richard Lapene, revendeur Lomac et Yam à Palavas, me prévient qu'il a effectué un montage décalé (moteur reporté légèrement sur tribord pour contrebalancer l'effet de couple), compte tenu de la puissance installée et du profil de carène en V profond du Lomac (24° au tableau arrière). Au large de La Grande Motte, la Méditerranée nous réserve un bon petit clapot sur un restant de houle. De quoi apprécier les qualités de vitesse et de confort de cette carène volontaire. Commençons par les performances, justement. Avec 48,1 nœuds au régime maxi, le 710 IN nous a épatés. Car, ce semi-rigide généreusement équipé frôle quand même la tonne sans moteur ! Une belle perf donc, sans doute parmi les toutes meilleures à rapport poids/puissance comparable. Qui dit vitesse élevée, dit rendements intéressants. Et de ce côté-là aussi on ne peut se montrer déçu. Nous retiendrons bien sûr le 1,12 mille parcouru par litre consommé à 3 500 tr/min, soit à 23,9 nœuds, allure rêvée pour la croisière à bord d'un bateau comme celui-ci. Et les 0,99 et 0,93 m/l à 4 000 (30 nds) et 4 500 tr/min (34,7 nds) ne sont pas à dédaigner… A 3 500 tr/min, l'autonomie s'établit à 220 milles, soit largement un aller-retour Nice/Calvi. Les accélérations aussi sont franches faisant apprécier le punch et la disponibilité du V6 nippon.
Performant, le Lomac sait aussi se montrer sûr et plaisant à la barre. Précisons toutefois (est-ce ce montage "spécial" qui en est la cause ?) qu'il perd un peu en précision de cap lorsqu'on exploite toute la puissance avec l'apport d'un trim positif généreux. Le roulis s'installe, mais reste toutefois assez facile à contrôler. Autre petite saute de caractère, son comportement un peu limite en virage lorsqu'on attaque franchement, avec une inscription où la carène "tombe" à l'intérieur du virage, et se met à survirer si l’on n’y prend pas garde. Il est donc préférable de braquer sans excès de gaz. Pour le reste, le 710 IN se montre à son avantage dans la vague, préservant le confort des passagers, grâce à son V très marqué, et faisant preuve d'un bel équilibre longitudinal dans les petits sauts que nous avons déclanchés volontairement.
CONCLUSION
Plus osé sur le plan du style que les autres modèles de la gamme, ce 710 IN rejoint la série des semi-rigides pour la famille que Lomac ne cesse d'élargir. Il le fait avec un cockpit bien aménagé, des performances au-dessus de la moyenne (il pourrait se contenter d'un 150 ch), et deux atouts plus terre à terre : une longueur "hors taxe" et le gabarit routier flotteurs gonflés. Bien vu.