Nous connaissions la fougue des Adrenalina en hors-bord, en voici une déclinaison plus sage, mais qui ne manque pas de charme… Cette version in-board du 8.5 s'avère super confortable, silencieuse et économique à l'usage avec son "petit" diesel… Une limousine, certes, mais raisonnable !
Texte et photos Philippe Leblond
Construit à partir de la carène de l'Adrenalina 8.5, cette version in-board, légèrement plus longue (8,77 m contre 8,49 m), présente un plan de pont similaire, de l'étrave jusqu'au poste de pilotage. Le changement intervient bien sûr côté poupe, avec une nouvelle banquette, plus ergonomique mais moins longue (celle du 8.5 possède des petits retours latéraux), une grande cale moteur recouverte du matelas de solarium, ce dernier étant en prise directe avec la vaste plate-forme recouverte de teck. Comme sur les autres Adrenalina, le grand cabriolet est entièrement dissimulé dans une réserve du moule de pont, en périphérie du solarium. Une solution à la fois pratique et élégante, qui évite les bruits parasites en navigation sur du clapot. Tendance à la personnalisation oblige, le chantier milanais propose un libre choix de coloris, que ce soit pour les flotteurs (tissu Orca 1 670 décitex) ou la sellerie, tandis qu'une demande autre que le gel-coat blanc standard sera facturée 5 000 €.
Les déplacements à bord sont faciles et sûrs, grâce aux larges passavants et aux mains courantes de la console. Le solarium avant se convertit facilement en carré à l'heure du pique-nique, ce dernier pouvant être conservé au froid dans le frigo de 50 litres (standard), intégré au leaning-post qui peut aussi recevoir, en option, un lavabo et un réchaud à gaz (2 200 €). Autre point fort dans l'aménagement du cockpit, sa volumineuse console qui abrite un WC chimique de série. Il est possible de ne pas retenir cet équipement afin de bénéficier d'un volume de rangement plus important, car le moteur occupant la soute arrière, l'AD 9.0 est moins généreux que le 8.5 dans ce domaine.
Malgré son embase Bravo 3 à double hélice contre-rotative, le V6 Mercury Diesel 3.0 TDI de 260 ch peine un peu à faire déjauger l'Adrenalina. Cela se traduit d'ailleurs par un chrono de 6 secondes pleines. Mais une fois qu'il commence à planer et que le turbo s'enclenche, le Lomac accélère énergiquement jusqu'au régime maxi de 4 000 tr/min. Pleins gaz, nous avons relevé 37,1 nœuds, une marque qui nous laisse un peu sur notre faim, même si cette puissance est encore très éloignée des 375 ch autorisés… Par contre un rapport d'essai du chantier fait état d'une vitesse de pointe de 40 nœuds pile, mais avec des hélices de 28" (celles de notre essai étaient des 25"), qui ont visiblement tiré un meilleur parti du bloc américain. Précisons, que nos mesures ont été faites à deux seulement et avec un quart du réservoir. La destination familiale de ce genre de semi-rigide, qui implique un chargement conséquent (disons six ou huit personnes avec leurs affaires…), nécessitera une motorisation de puissance supérieure, afin de s'assurer une vitesse d'au moins 40 nœuds à plein régime…
Le rythme idéal en croisière s'établit à 3 000 tr/min, soit à 26,5 nœuds avec une consommation estimée à 32,5 l/h, ce qui engendre une autonomie de 257 milles ! Et au régime maxi, le débit atteint 51,3 l/h, ce qui reste en regard de la puissance et du prix du gazole, plutôt économique. A 3 000 tr/min, le bruit du Mercury se confond presque avec celui du courant d'air provoqué par la vitesse, les passagers pouvant converser sans hausser la voix. Ils peuvent dès lors goûter au confort étonnant de cette formidable carène, qui efface les sillages des grosses unités (50 à 60 cm) croisées dans la baie de Gênes, sans que l'on s'en aperçoive ! Bien installé aux commandes, avec un volant et un levier de gaz à bonne hauteur, le pilote prend un plaisir certain à barrer l'Adrenalina dont le potentiel, loin d'être vraiment exploité avec cette motorisation, donne une impression d'aisance assez remarquable, quelles que soient les sollicitations. Ainsi, en virage, large ou court, le semi-rigide italien s'inscrit avec précision et adopte une gîte intérieure constante, sans à coups. Lorsqu'on ressert le rayon de braquage, tout en gardant un régime élevé, la carène conserve son grip et ressort avec autorité, la double hélice assurant une motricité sans faille.
Au ponton
Le pont du Lomac, n'est pas avare d'éléments de confort. A commencer par deux spacieux solariums et de nombreuses places assises, réparties en trois zones : quatre sur la banquette arrière, deux sur le leaning-post (dommage l'absence de repose-pieds !) et deux sur le siège devant la console. Huit passagers semblent d'ailleurs être le nombre parfait pour prendre ses aises à bord du Lomac, où l'on pourra siroter l'apéro sur la tablette côté banquette arrière, pendant que les enfants pique-niqueront sur la table télescopique, à l'avant. Point de vue équipement aussi, l'Adrenalina se montre généreux : ouverture électrique de la cale moteur, douchette, WC, frigo et guideau sont de série… Et de nombreuses options peuvent encore améliorer l'ordinaire : pont en teck, WC marin électrique, compteur de chaîne, propulseur d'étrave, pare-brise haut, réchaud, évier...
En mer
Présenté ici dans sa version sage, l'AD 9.0 s'accorde parfaitement avec un programme de longues navigations en mode "tranquille". Reste que le diesel n'offre pas réellement de sensations fortes, ce que la carène affûtée de l'Adrenalina est à même de procurer. Pour les épicuriens de la mécanique, Lomac propose donc des Mercruiser essence, avec trois niveaux de puissance, et pour un prix bien inférieur au diesel (à partir de 114 000 €) : 260 ch (5.0 MPI), 300 ch (350 Mag) et 375 ch (8.2 Mag). Ces trois V8 donneront aux sorties en Adrenalina davantage de noblesse et de caractère, grâce à leur sonorité légendaire, ainsi que des performances de haut vol. Avec le "big block" de 8,2 litres, on est en droit d'attendre largement plus de 50 nœuds et des accélérations de Corvette ! Reste à prévoir, pour le plus puissant d'entre eux, un budget carburant à la hauteur et une autonomie revue à la baisse. Quoique dans ce domaine, il y ait de la marge…