Pas de problème. Avec près de 50 nœuds de vitesse de pointe, le nouveau Lomac ne risque pas de vous faire manquer le feuilleton du soir. Mais, plus que la performance brute, ce qui est intéressant, c'est le confort qu'il offre à ses passagers malgré des moyennes atomiques. Embarquez avec nous à bord de ce TGV des mers !
Texte Philippe Leblond. Photos Philippe Leblond et Jacques Anglès.
Avec 3,05 m de largeur et des flotteurs de 66 cm, le nouveau Lomac en impose. Bien que ses boudins ne soient pas au contact de l'eau (il est assis sur le plat de ses bouchains) il démontre une stabilité remarquable, et déploie un cockpit bien conçu dans l'optique de prolonger les stations au mouillage. Il est vrai que ce grand semi-rigide, à l'esthétique engageante, possède l'esprit de famille, offrant de nombreuses places assises, un rangement considérable et une surface de bronzage attractive. Moins évidente, de prime abord, mais bien réelle lorsqu'on se déplace d'un bout à l'autre du bateau, est l'attention portée à la facilité de circulation. C'est, sans doute, l'un des semi-rigides équipés les mieux servis de ce point de vue. Ici, il convient de souligner le rôle des plats-bords arrière en polyester antidérapant, et celui des marches recouvertes de teck. Les déplacements s'avèrent donc aisés et sûrs, avec une petite réserve toutefois : l'apparente fragilité des demi-arceaux que l'on a tendance à empoigner pour assurer son équilibre. Les deux plates-formes recouvertes de teck, qui encadrent le grand bac moteur, sont une invitation à la baignade. D'autant qu'à bâbord (du côté de l'échelle et de la douchette), une main courante en inox, de forme arrondie, permet de stabiliser pour sortir de l'eau. Robuste, elle pourra, au besoin, faire office de point d'amarrage, si les deux taquets rétractables situés sur les plats-bords ne suffisent pas.L'accès au cockpit est donc particulièrement commode, facilité par une petite marche en teck, de part et d'autre de la banquette arrière. Sur cette dernière il est possible d'asseoir trois ou quatre passagers. Deux ou trois autres personnes peuvent se tenir en vis-à-vis sur le siège pilote, lorsqu'on en bascule le dossier vers l'avant. Avec la table en polyester, rangée dans la soute, on peut dresser un carré très convivial. Par contre, en configuration solarium (on bascule le dossier de la banquette arrière vers l'avant) la surface obtenue est plutôt « bâtarde ». Le siège du pilote, capable d'adopter trois positions (leaning-post, carré, ou assise conventionnelle) garantit au pilote une position de conduite efficace, tant assis (bien, le petit repose-pieds pliant !) que debout. L’imposante console laisse tout de même de bons passages (plus étroits vers l’avant). Si, avec sa largeur, elle a de quoi bien abriter le pilote et le copilote, l’implantation des commandes en plein centre rejette ce dernier sur le côté. Il aurait été préférable de décaler le volant vers bâbord, et laisser ainsi une vraie seconde place face au tableau de bord. Ce dernier laisse un espace suffisant pour installer une centrale de navigation complète, sans empiéter sur les instruments de contrôle du moteur. Le vide-poches en teck, qui permet de ranger les petites affaires à portée de main, ferme à clé. Le siège moulé sur l’avant de la console est un peu juste pour deux adultes, mais peut recevoir deux enfants. Une extension pour le bain de soleil vient combler le vide entre le socle formé par les coffres avant et ledit siège. Question sellerie, on a vu plus élégant : celle du matelas de bain de soleil est mal ajustée et gondole. Cela n’enlève rien au confort de cette plate-forme à bronzer, aux dimensions généreuses. Deux petites marches en teck aident à monter sur la large delphinière en polyester, qui supporte le guindeau électrique et intègre le puits à chaîne. L’ancre repose, à poste, sur un robuste davier inox basculant. Les deux taquets rétractables (pas de danger pour les pieds nus) sont bien disposés pour un amarrage en « patte-d’oie ». Une grande trappe verticale, en plastique, permet d’inspecter la baille à mouillage. L’accastillage en inox poli-miroir est de belle facture, comme l’énorme flotteur, protégé par une double bande antiragage et des renforts pour la descente à l’eau. On ne distingue quasiment aucun bourrelet d’assemblage, et les ralingues de saisines, ainsi que les poignées, sont impeccablement collées sur le haut des tubes.
L’un des points forts de la conception du cockpit du 760 In est indiscutablement sa capacité peu commune de stockage. La cale de poupe est vraiment profonde, et bien qu’elle abrite la batterie (dans un bac), le réservoir d’huile, le filtre décanteur, la pompe de cale et les gaines des nables du cockpit autovideur (ces derniers sont cachés par des caillebotis en teck !), il y a encore de la place pour « digérer » pas mal de matériel. Et il reste deux énormes coffres : celui de la console dont le siège se lève grâce à deux vérins, et celui situé sous le solarium, très profond lui aussi, et dont la longueur permet d’accueillir les skis et autres wake-board.
Au rayon des qualités de ce grand semi-rigide, l'essentiel réside sans doute dans son comportement dynamique. Bien qu'on ait dû s'y reprendre à deux fois – le Yamaha 250 ch HPDI, monté d'origine, ne fonctionnant pas normalement, et nous avons refait les mesures avec un 250 ch 4T – le nouveau Lomac rend une copie limpide. Carène rapide, précise, et surtout, confortable même à de hautes vitesses, ce qui colle bien à son programme de grand semi-rigide familial. La tenue de cap est impeccable, même avec une mer capricieuse et un fort vent soufflant de travers. Pas de coup de raquette pas plus que de roulis à haute vitesse d'ailleurs, même avec un trim largement positif. Voilà qui situe déjà les qualités de la carène. Mais cette dernière achève de nous séduire lorsqu'on attaque la vague (1,50 m à 2 m) de face, sans la moindre crainte, la carène du Lomac conservant une assiette optimale, tout en gommant les impacts, mettant à profit son poids important. Mais, ce dernier n'est pas une entrave à sa maniabilité. Le 760 In se pilote « comme un vélo », virant avec une gîte intérieure prononcée mais constante, conservant même plein gaz, une précision de trajectoire remarquable, et sans ventiler. Reste la cerise sur le gâteau : les performances. Les vitesses obtenues (en restant à 50 ch de la puissance maxi !), les rendements, de même que le chrono de déjaugeage mettent en évidence le mariage réussi avec le 250 ch 4-temps (dommage que l'on n'ait pas pu juger le 250 ch HPDI…). Quatre chiffres qui en disent long : temps de déjaugeage 3''4, vitesse de pointe 48 nœuds, vitesse de croisière entre 23 et 39 nœuds ! Et nous insisterons sur ces deux derniers qui montrent tout le potentiel du 760 In dans le registre semi-rigide de grand tourisme qui est le sien. Le pilote dispose donc, pour choisir sa vitesse de croisière, d'une plage de régimes particulièrement large (de 3 500 à 5 000 tr/mn), avec l'assurance d'un rendement économique puisqu'il peut encore couvrir 0,8 mille par litre d'essence consommé à 39 nœuds !.
Conclusion
En regard de quelques petits défauts de conception ou de finition (voir « on aime moins »), le Lomac 760 In offre, sur l’essentiel, des prestations d’un très haut niveau. En premier lieu, un comportement marin et des performances exceptionnelles, dans tous les domaines, que ce soit en vélocité, en accélération, en rendement, en confort de croisière, en maniabilité ; mais aussi un cockpit convivial et sûr, bien pensé pour les longues promenades en famille ou avec de nombreux amis, avec en exergue, une capacité de rangement peu commune. La qualité de construction est elle aussi au diapason.