Essai Lomac Gran Turismo 12,0

GT, mais pas seulement !

Véritable GT de la mer, le nouveau Lomac possède un plan de pont qui ne se limite pas à l’excitation des sorties sportives. Sa cabine est aussi une invitation à la croisière afin de partir profiter du calme de mouillages lointains. Car, quoiqu’il en soit, ce Gran Turismo de 12 mètres est fait pour les grands espaces.

Texte Philippe Leblond – Photos Philippe Leblond et DR


 220 000 € sans moteur
 11.7 m
 20
 57,5 nds avec 3 x Yamaha 300 ch 4T
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Essai paru le 21/02/2020

Fiche technique

Longueur 11,7 m
Largeur 3,58 m
Diam. maxi des flotteurs 68 cm
Nbre de compartiments 6
Puissance maxi 3 x 300 ch ou 2 x 450 ch (662,4 kW)
Puissance conseillée par Pneumag 2 x 300 ch à 3 x 300 ch
Poids sans moteur 3700 kg
Rapport poids/puissance 5,0 kg/ch (avec le moteur de l’essai)
Nombre de personnes 20
Couchage 2
Charge utile 0 kg
Matériau flotteurs CR/CSM Orca 1 670 décitex
Capacité carburant 750 l
Catégorie CE B
Constructeur Lomac (Italie)
Importateur Stélie Nautic + réseau de revendeurs
Droits annuels sur la coque 342 €
Droits annuels sur le(s) moteur(s) 672 €



Chaque année, le chantier milanais offre à la série Gran Tourismo un nouveau modèle. Après le 10.5, le 8.5 et le 14.0, c’est au tour du 12.0 de rejoindre cette gamme qui emprunte à l’automobile le label « Grand Tourisme ». Et le concept, s’il n’est pas tout à fait calqué (les GT de la route sont des autos sportives, confortables, mais d’une habitabilité plus restreinte que les berlines et autres SUV), est au moins similaire pour ce qui est du niveau de performance et de confort en navigation. Avec près de 60 nœuds en pointe et un cockpit proposant de bonnes places assises, il est vrai que cela donne envie de goûter aux joies de la vitesse en famille ou entre amis. Embarquez donc avec nous sur le dernier-né des Lomac !  



 



Au ponton



Présenté en première mondiale au Cannes Yachting Festival, ce nouveau Lomac en impose. Avec ses presque 12 mètres, il devient le dauphin du vaisseau-amiral de la marque italienne, le Gran Turismo 14.0, présenté un an plus tôt au même endroit. Amarré à cul au ponton des semi-rigides, le GT12.0 fait admirer les 900 chevaux de sa cavalerie, en l’occurrence trois V6 Yamaha F300 d’une cylindrée unitaire de 4,2 litres. A peine moins impressionnants que les trois V8 de 425 ch du GT 14.0… Ces trois moteurs ne laissent que peu d’espace à la plateforme de bain, mais celle-ci a le mérite de se présenter d’une seule pièce permettant de passer d’un bord à l’autre. Accessoirement, elle sert de chaise aux trois moteurs, et deux orifices dans son teck permettent de fixer les perches en fibres de carbone qui tendent le taud de soleil, ou la svelte passerelle d’embarquement. La douchette (70 litres) intègre un petit coffre dans le plat-bord bâbord, mais le chauffe-eau est en option. Afin de faciliter l’accès au cockpit, la partie centrale du matelas de bain de soleil est amovible. Et l’on ne peut qu’apprécier l’aisance à circuler sur le pont malgré la présence de la cabine : les passavants sont larges et bien sécurisés par la profondeur du cockpit et les mains courantes de la console. Et le rangement ne posera aucun problème : il y a bien sûr l’immense soute arrière sous le solarium permanent, le grand coffre en U sous l’assise de la banquette plus un coffre volumineux sous le bain de soleil avant. Sans compter avec la cabine qui, en dehors d’un usage croisière, peut aussi abriter son lot de matériel, notamment matelas et coussins lorsque le bateau reste un certain temps amarré au port. Autre domaine dans lequel se signale avantageusement le Gran Turismo 12.0, le nombre de vraies places assises. A savoir, huit sur la banquette arrière, laquelle s’accompagne d’une grande table issue du plancher par la magie d’un vérin à commande électrique, pour former un carré des plus conviviaux, plus deux au poste de pilotage et encore trois à l’avant, sur le petit divan à la naissance du rouf de cabine. De quoi recevoir les amis ! Et si le carré de poupe ne suffit pas, il y a aussi la petite dînette de proue, qui peut accueillir facilement cinq convives supplémentaires…



 



Comme à l’accoutumée, le bloc-cuisine est adossé au siège de pilotage. Il comporte un petit évier (ou lave-mains) ainsi qu’un plan de travail avec planche à découper et il sera sans doute possible, même si cela ne figure pas dans la liste (interminable) des options, de faire installer une petite plaque de cuisson. Un réfrigérateur tiroir de 75 litres est encastré dans la base du siège, côté pilote, ce qui n’a pas permis de fixer un repose-pieds, plus confortable pour piloter assis. Voilà qui nous amène tout naturellement à parler du poste de pilotage. Pour ce qui est de la position de conduite debout, elle est confortable avec des commandes bien placées et un pare-brise qui défléchit bien le flux d’air, ce qui n’est pas du luxe vu les vitesses atteintes ! Par contre, la poignée inox côté copilote n’est pas des plus ergonomiques du fait de sa section rectangulaire. Par ailleurs, la présence de la porte coulissante de cabine restreint la place disponible pour le tableau de bord. Cependant, il intègre un écran multifonction de belle taille et il y a encore la place pour l’écran Yamaha, dont on apprécie l’affichage bien lisible. Une niche spécifique a été creusée pour recevoir le joystick du system Helm Master qui permet de manœuvrer en dissociant l’action des trois moteurs afin, par exemple, de pouvoir accoster en « crabe » dans un espace restreint.



 



Enfin, un coup d’œil dans la cabine s’impose. L’ouverture est assez large et la descente pas trop périlleuse. Une fois « à plat », on bénéficie d’une hauteur sous barrots d’1,70 m (1,67 m dans la salle d’eau). A bâbord un petit meuble en bois césuré gris fait face à la porte du cabinet de toilette du même bois. Les hublots, fixes et ouvrants distillent une lumière naturelle plutôt abondante (lorsqu’il fait soleil). Sous un coqueron enduit de gel-coat brillant - pas de vaigrages, et c’est tant mieux - la couchette double présente de belles dimensions et peut se convertir en un carré qui sera fort apprécié en cas de mauvais temps. La salle d’eau, enfin, équipée d’un WC marin avec réservoir d’eaux noires, d’un lavabo et surtout d’une douche, est la caution indispensable pour justifier le label « croisière ».  



 



En mer



Dans le domaine du comportement dynamique et de l’agrément de pilotage, avec ce GT12.0, Lomac, avec la collaboration de Federico Fiorentino auteur de la carène (ainsi que du design général), rend à nouveau une copie très propre. Sur un plan d’eau plutôt clément, il faut le préciser (restant de houle d’Est de 80 cm modelée d’un petit clapot et 2 sur l’échelle de Beaufort), le Gran Turismo 12.0 a sillonné la baie de Cannes/Mandelieu avec l’aisance dont ont coutume ses frères de chantier, qu’ils soient griffés « Grand Turismo » ou « Adrenalina ». A ses commandes, on retrouve d’ailleurs les sensations de pilotage et de glisse des autres grands Lomac, avec une carène qui s’aère naturellement mais reste bien équilibrée dans les runs rapides, même à plus de 50 nœuds, « digérant » sans altérer sa tenue de cap la montée du trim en positif. Le GT12.0 passe dans cette houle résiduelle agrémentée d’un petit clapot en souplesse, sans se désunir, s’allégeant sur les crêtes et se relançant sans « coup de frein » dans les creux. Même si le vent était faible lors de notre essai, la déflexion de la vague d’étrave s’est avérée impeccable, les bouchains vifs rejetant les embruns bien à plat.



 



Les commandes électriques douces et précises répercutent fidèlement les impulsions de la main droite du pilote, comme la barre souple et précise en virage. Dans cet exercice, que la trajectoire soit ouverte ou fermée, la quille accroche avec fermeté grâce à une gîte intérieure marquée (mais sans exagération) et régulière. La puissante cavalerie se charge d’extraire les presque cinq tonnes en ordre de marche du Lomac, avec une belle énergie, la motricité n’étant pas prise en défaut, même braqué serré. Cette énergie nous avons pu la goûter lors du déjaugeage, avec un chrono remarquable pour la masse du bateau, les 20 nœuds étant dépassés avant même la reprise d’assiette, en seulement 4’’4, et ce malgré des hélices à pas long favorisant davantage la V-max que les accélérations. Le doux ronron des V6 accompagne les allures de croisière. Et celle-ci sont sacrément élevées puisqu’en corrélation avec l’exceptionnelle vitesse de pointe (57,5 nœuds en dépit du hard top !) de ce lévrier des mers. Sans ce « couvre-chef », notre GPS aurait sans doute affiché 60 nœuds… Pour ce qui est des régimes de croisière, la plage est particulièrement large puisque le Gran Turismo plane dès 1 900 tr/min. Ce qui donne au pilote de pouvoir naviguer entre 2 500 et 4 500 tr/min (au-delà les consos décollent franchement). Compte tenu de l’aisance et de l’envergure de ce semi-rigide de grand tourisme, retenons 3 500 et 4 500 tr/min, avec 33,3 et 45,5 nœuds. A ces allures les rendements sont de 0,31 et 0,23 mille par litre, ce qui au regard de la puissance installée (900 chevaux) est très satisfaisant. En dépit d’un réservoir légèrement sous dimensionné pour la puissance maxi, l’autonomie à 33,3 nœuds dépasse les 200 nautiques. En cas de nécessité, en calant l’aiguille du compte-tours sur 3 000 voire 2 500 tr/min, il est possible de rallonger sensiblement le rayon d’action, ce qui peut s’apprécier vu que la croisière est au programme de ce semi-rigide à cabine. De retour au port, le système Helm Master pilotant les moteurs par joystick fait le job, les trois moteurs opérant indépendamment au doigt et à l’œil. Une aide à la manœuvre qui, tout bien réfléchit, ne nous semble pas vraiment indispensable sur un semi-rigide, même de ce gabarit…



 



Cet essai réalisé avec la puissance maxi autorisée, et les performances stratosphériques constatées, ne doit pas faire perdre de vue que le GT 12.0 pourrait se contenter de 2 x 300 ch tout en demeurant performant, avec l’avantage concomitant de faire baisser le budget d’achat… et la note de carburant.  



photo Lomac Gran Turismo 12,0


photo Lomac Gran Turismo 12,0


photo Lomac Gran Turismo 12,0


photo Lomac Gran Turismo 12,0


photo Lomac Gran Turismo 12,0


photo Lomac Gran Turismo 12,0


photo Lomac Gran Turismo 12,0


photo Lomac Gran Turismo 12,0





Qualité de réalisation        

Comportement          

Performances          

Equipement      

Adéquation programme        

Rapport qualite/prix      

Le comportement et l’agrément de pilotage
Les performances remarquables
La ligne élégante
La cabine et sa salle d’eau
Le carré arrière très agréable
La plateforme de bain exiguë
L’absence de repose-pieds pour piloter assis
L’emplacement du réfrigérateur

Face a la concurrence…

Modéle Wave 35 Cayman 38 Executive 43 Phoenix
Marque Altamarea (Italie) Ranieri (Italie) Stingher (Italie)
Imporlation Azur Boat (83 – Saint-Raphaël) Ranieri France (Monaco) MGI Nautic (83 – Hyères)
Longueur 11,30 x 3,60 m 11,70 x 3,80 m 11,90 x 3,70 m
Nb de personnes 18 24 0
Matériau flotteur CR/CSM CR/CSM CR/CSM
Prix 130 800 € (sans moteur) 216 285 € (sans moteur) 259 200 € (sans moteur)
PERFORMANCES
Vitesse maxi 57,5 nds à 5 600 tr/min
Vitesse de croisière rapide 45,5 nds à 4 500 tr/min
Vitesse de croisière economique 33,3 nds à 3 500 tr/min
Temps de jaugeage 4,9 secondes
Accélération de 0 a 20 nds 4,4 secondes
Vitesse minimale d’hydroplanage 16,3 nds à 1 900 tr/min
Consommation en usage courant (estimation) 84 l/h
Autonomie en usage courant (estimation) 8 heures
Hélice de l'essai Saltwater 15’’ x 23’’ inox 3 pales