Certes, le lancement de l’AD 8.5 remonte a neuf ans et nous avons déjà fait paraître l’essai de ce petit frère de l’AD 9.5, premier modèle de cette série, sorti un an plus tôt… Alors pourquoi « remettre le couvert » ? Tout simplement parce que nous avons eu la curiosité de l’essayer avec le plus puissant des hors-bord Yamaha, à savoir le V8 XTO de 425 chevaux. Or, il n’est pas courant de pouvoir prendre le volant d’un semi-rigide équipé d’une telle cavalerie en monomoteur. Comment la carène en V profond de l’AD 8.5 allait-elle réagir face à ce déferlement de couple et de puissance transmis à la mer via une seule et même hélice ?   

Au ponton

Pas de surprise. Depuis son arrivée sur le marché, l’Adrenalina 8.5 n’a pas changé. Hormis les couleurs de notre bateau d’essai (flotteurs blancs, sellerie rouge) en comparaison de celui de notre premier essai (flotteurs gris, sellerie verte). De fait, pour ce qui est de la visite détaillée, nous vous orientons vers notre essai paru dans Pneumatique Magazine n°93 de janvier/février 2013 (si vous l’avez conservé !), ou sur le présent site. Disons, en substance, que le style de l’AD 8.5 n’a pas vieilli, étant d’un classicisme moderne (ou l’inverse : d’une modernité classique), aidé par une justesse de trait (proportions harmonieuses) qui le fait encore paraître à la fois élégant et dynamique, bien en accord avec ses performances élevées et le pilotage qu’il délivre : excitant ! Voyons cette fois ce qu’il en est avec le Yamaha V8 XTO…

En mer

Commençons par les performances. Poussé par le Yam 425, l’AD 8.5 nous a gratifié d’un 53,4 nœuds à 6 000 tr/min, une vitesse de pointe remarquable pour un semi-rigide dont la vocation première demeure les navigations en famille ou entre amis. A titre de comparaison, nous n’avions pu faire mieux que 47,4 nœuds avec le « vieux » Yamaha 350 ch, un V8 lui aussi. Une marque qui n’a rien d’infamant mais qui traduit bien l’efficacité des 75 chevaux supplémentaires du XTO. En l’absence de données complètes concernant la consommation avec le F350, il est difficile de tirer des enseignements définitifs, mais il y a fort à parier que les rendements obtenus avec le XTO ne devraient pas avoir à rougir, notamment à 3 000 tr/min soit à 22 nœuds, avec un excellentissime 0,72 mille parcouru par litre consommé (0,65 m/l au meilleur rendement avec le F350). A ce régime, la consommation n’est que de 30,6 litres à l’heure… Rappelons que le XTO est un 425 ch ! Sur les deux relevés suivants, à 3 500 et 4 000 tr/min, les valeurs sont encore économiques avec 0,63 et 0,60 mille/litre soit à 27,7 et 33,4 nœuds, de vives allures de croisière. Ensuite, l’augmentation de la consommation prend une courbe plus exponentielle pour culminer à 141 l/h à plein gaz. Grâce à cette relative sobriété, et malgré un réservoir de modeste capacité - 310 litres pour une puissance maxi autorisée de 450 chevaux, c’est peu - l’autonomie avec le 425 ch demeure toujours supérieure à 100 milles (106 nautiques à plein régime), avec une crête à 202 milles au meilleur rendement. De quoi naviguer neuf heures au régime économique.

Le « coffre » du V8 permet au Lomac de passer de l’arrêt à 20 nœuds en moins de 5 secondes, sans s’incliner sur bâbord sous l’effet de couple produit par l’hélice (voir notre photo plein arrière). Un chrono satisfaisant au regard du poids de ce dernier (aux alentours de 2,5 tonnes en état de marche) qui se traduit par un facilité à planer à partir de 14 nœuds et 2 400 tr/min, malgré sa carène en V profond. Voilà qui laisse une belle latitude au pilote adapter sa vitesse aux conditions de mer. Des conditions qui en règle générale (houle résiduelle ou gros clapot) ne posent pas de problème de comportement ni de confort à l’AD 8.5. Son étrave et sa quille découpent la vague en souplesse, minimisant les impacts inévitables et assurant une déflexion efficace qui évite aux embruns d’atterrir dans le cockpit. A fond, bien trimé, son équilibre latéral demeure stable, et en virage, son aisance, qui n’est plus à démontrer, ravit le pilote qui prend un malin plaisir à hausser le rythme, courbe après courbe, juste pour sentir cette longue carène s’incliner sur l’intérieur et s’agripper au plan d’eau sans secouer ses passagers, tout en conservant sa motricité pour se relancer avec dynamisme sur le cap suivant. Quelles belles sensations, accompagnées du timbre de baryton du huit cylindres en V japonais !