A sa première présentation, lors du Cannes Yachting Festival de 2018, le GranTurismo 14.0 n’a pas manqué de faire forte impression. D’abord par son gabarit et sa ligne profilée due au designer Milanais, Federico Fiorentino, ensuite par son efficacité en navigation, enfin par ses performances majuscules. Cette année, même lieu même évènement, et les impressions restent les mêmes, si ce n’est que le modèle amiral « phase 2 » du chantier italien a vu sa poupe modifiée et sa puissance maxi portée à 1 350 chevaux, soit 75 de plus que sur la « phase 1 ». Mais voyons de plus près de quoi il en retourne…

Au ponton

L’embarquement se fait via une échelle dépliante remplaçant la passerelle en carbone du GT 14.0 phase1. L’absence de « passage » dans le matelas du grand solarium de poupe constatée sur la première version a ici été pris en compte sous la forme de deux passages latéraux, évitant ainsi de piétiner ledit matelas lorsqu’on rejoint le cockpit. La plate-forme de bain avec échelle intégrée, qui sert de chaise aux trois hors-bord, permet de passer d’un bord à l’autre ce qui n’est pas toujours le cas sur les semi-rigides multimoteur où les hors-bord rendent l’accès à la baignade compliqué. Le haut mât de ski redesigné permettra la pratique du wakeboard avec ses « figures » de circonstance. Connectée à un réservoir d’eau douce de 170 litres (un peu juste pour un bateau de cette ampleur), la douche de pont peut aussi fournir de l’eau chaude (option). Le spacieux solarium arrière qui abritait une immense cale compartimentée sur la première version est ici un peu moins vaste, mais le matelas affiche encore de belles dimensions (190 x 187 cm).

Venons-en maintenant à l’évolution principale du nouveau GT 14.0 : son carré ! Avec ses deux longues banquettes face à face, en remplacement de l’unique banquette en U, le GranTurismo gagne deux invités autour du pique-nique, et les deux tables (réglables électriquement) se substituant à la table unique facilitent l’accès à la kitchenette. Huit adultes, peuvent ainsi profiter de ce lieu forcément convivial. Le bloc-cuisine intègre frigo, congélateur, évier avec planche à découper et plaque de cuisson à induction (option). De part et d’autre, de larges passavants (36 cm) mènent au pont avant via trois marches. Ce dernier est lui aussi recouvert d’un grand matelas de bain de soleil (240 x 150 cm). La pointe avant, extrémité d’un long module en polyester qui enserre le solarium, intègre le guindeau électrique et son ancre sortant de l’écubier d’étrave. Deux bittes situées dans le puits du guindeau permettent d’amarrer l’avant directement au travers de la coque, sans risque de voir les bouts raguer sur les flotteurs. On trouve cependant deux beaux taquets rétractables sur la delphinière. Bien entendu, le guindeau peut être manœuvré localement à l’aide d’une télécommande filaire.   

Au poste de pilotage, l’ergonomie est satisfaisante, qu’on barre debout ou assis. Les commandes électriques tombent bien sous la main droite, de même que le joystick du Helm Master dernière version, connecté au propulseur d’étrave. Autre point positif, malgré le pare-brise franchement incliné, la vision vers l’avant est nickel. Le siège copilote offre un confort identique à ceci près qu’il ne dispose pas de repose-pieds. Autre impasse gênante sur un tel bateau, l’absence de vide-poches… Pour ce qui est du tableau de bord, il est plutôt spacieux, donnant la possibilité d’intégrer une centrale de navigation à grands écrans, en l’occurrence deux Garmin de 10 et 12 pouces, côte-à-côte s’il vous plaît ! 

A l’intérieur, la décoration de la cabine peut laisser la place à un peu de personnalisation, à l’image de ce covering bleu marine qui habille les cloisons du nouveau GT 14.0X alors que la précédente version laisser s’exprimer le bois au naturel. Toutefois, un vaigrage en Alcantara donnerait une touche plus cosy que le polyester nu, comme on pourrait l’attendre dans le cas d’un maxi RIB. La hauteur sous barrots culmine à 1,78 m, idem dans la salle d’eau qui comporte une cabine de douche, un lavabo et un WC marin électrique relié à un réservoir d’eaux noires de 80 litres. Un long vitrage de console apporte un éclairage naturel abondant, mais on ne trouve pas de hublot ouvrant pour créer un courant d’air. La partie couchage profite elle aussi de bandeaux vitrés, et d’une couchette double au format king size : 205 x 195 cm ! Un bon point aussi pour les petits placards, quoiqu’une penderie aurait aussi été appréciée…

En mer

A la lecture des performances, on s’aperçoit que les différences sont ténues entre les deux GT 14.0. Les 75 chevaux supplémentaires procurés par les nouveaux Yamaha XTO 450 ch (notre GT 14.0 première version était équipé des XTO 425 ch) ne se ressentent pas vraiment, ni aux commandes, ni dans les mesures. Si le GT 14.X domine légèrement en vitesse maxi (57,3 nds contre 56,4 nds), il en cède un peu sur les accélérations (7’’ de 0 à 20 nds contre 5’’2). Une raison à cela : si les bateaux d’essais étaient tous deux affublés d’un antifouling à la cire, le GT 14.0X ressort sensiblement plus lourd que son prédécesseur : 7 071 kg contre 5 800 kg sans les moteurs. Quoiqu’il en soit, le seul fait de dépasser allègrement les 50 nœuds renvoie à d’autres critères plus importants dans la vie d’un maxi RIB, à savoir la sécurité garantie par son comportement et le confort en navigation. Et là, pas de différence notoire : la nouvelle version est aussi bonne que la précédente, c’est-à-dire excellente ! Les V8 Yamaha jouent de leurs vocalises, entre le grave au démarrage et le plus aérien dans les hauts régimes, sans « prendre la tête » des passagers. Ces nobles mécaniques font largement le « job » que ce soit lors du déjaugeage qui se déroule avec un cabré quasi insensible, ou en croisière avec une sonorité relativement discrète et des rendements flatteurs eu égard au cumul de la cylindrée à l’œuvre : 16,8 litres ! C’est le cas notamment à 3 500 tr/min avec une conso de 122,5 l/h et un ratio distance parcourue/essence consommée de 0,23 mille au litre digne d’éloges d’autant qu’à ce régime, le GT 14.0X taille sa route à 28 nds ! Ça nous met Calvi à 3h40 de Saint-Tropez… Et cela dans un confort et avec une sécurité que l’on peut imaginer excellentes (les conditions de mer que nous avons rencontrées lors de l’essai étaient par trop clémentes pour émettre une appéciation). Autre élément du plaisir de pilotage, la maniabilité de cet imposant semi-rigide (près de 14 mètres). Il est capable d’enchaîner les virages avec dextérité, quel que soit le rayon. Enfin, de retour au port, c’est tout juste si l’on pense à recourir au Helm Master avec joystick et propulseur d’étrave connecté, tant il manœuvre facilement aux inverseurs, moteur central coupé.