Essai Renier R10 Cabin Tourer

Classe croisière et « croisière classe »

Ce nouveau R10 ne peut « renier » ses origines : élégant, bien fini, équipé tout confort, il est l’évolution directe des précédents modèles du chantier sicilien. Et sans doute le plus abouti.

Texte Philippe Leblond – Photos Philippe Leblond et DR


 264 000 € sans moteurs
 10.18 m
 16
 45 nds avec 2 x Mercury FourStroke 300 ch
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Essai paru le 06/02/2024

Fiche technique

Longueur 10,18 m
Largeur 3,67 m
Diam. maxi des flotteurs 64 cm
Nbre de compartiments 6
Puissance maxi 2 x 400 ch (588,8 kW)
Puissance conseillée par Pneumag 2 x 300 ou 2 x 350 ch
Poids sans moteur 2800 kg
Rapport poids/puissance 5,4 kg/ch (avec le moteur de l’essai)
Nombre de personnes 16
Couchage 2
Charge utile 0 kg
Matériau flotteurs CR/CSM Orca 1 670 décitex
Capacité carburant 625 l
Catégorie CE B
Constructeur Cantieri Renier (Italie)
Importateur Sur La Vague (83 – Le Lavandou)
Droits annuels sur la coque 223 €
Droits annuels sur le(s) moteur(s) 1302 €



Parmi les quelques semi-rigides du chantier sicilien que nous ayons pu essayer (voir sur ce même site), le R10 est selon nous le modèle qui combine le mieux qualités de navigation et confort au mouillage. Luigi Renier, le constructeur, et Pascal Chapon (Sur La Vague), importateur « historique », nous ont accueillis à son bord pour sa première mondiale lors du dernier Cannes Yachting Festival. Visite guidée…



 



Au ponton



En embarquant par la poupe, on apprécie d’emblée la plateforme de bain spacieuse malgré la bimotorisation, et le large passage en avant des moteurs ainsi que les deux coffrets à amarres, l’échelle intégrée, la douchette et la prise de quai. En revanche, pour rejoindre le cockpit on ne peut éviter de piétiner la banquette… Comme à son habitude le chantier palermitain propose un revêtement en teck véritable sur l’intégralité du pont, ce qui se fait plus rare, même sur des semi-rigides de 10 mètres où le teck synthétique s’invite chaque année un peu plus… Un témoignage de l’élégance des Renier, à l’image des taquets inox, siglés, fixés sur les plats bords qui encadrent la longue banquette en U. Sous son assise on trouve une profonde cale qui abrite le ballon d’eau chaude (option), de longs coffres latéraux avec, aux extrémités, une poubelle à tribord et un frigo à bâbord. Au sol, l’embase de fixation de la table qui pourra accueillir jusqu’à huit convives pour une collation et pourra se convertir en un vaste solarium (170 x 173 cm). Cet endroit est particulièrement convivial au mouillage avec une vue à 180° sur la mer et le concours d’un bloc cuisine avec évier, frigo, planche à découper, réchaud (option) et, si l’on est peu nombreux et que le carré est en position bain de soleil, une tablette pique-nique escamotable.



 



De larges passavants (33 cm minimum) permettent de gagner facilement la proue, via deux marches qui correspondent au volume de la cabine. On note toutefois l’absence de mains courantes sur les flancs de la console pour sécuriser les déplacements… La surface qui va du rouf de cabine à la delphinière, équipée de trois taquets rétractables, peut entièrement se couvrir d’un matelas pour faire bronzette (245 x 190 cm) ! Ce dernier comporte un coussin amovible pour libérer le capot de pont de la cabine (ventilation, lumière naturelle). Pas de davier sur la delphinière : Renier a opté pour la solution élégante d’un guideau électrique intégré avec ancre à l’étrave. Mais revenons vers le centre du bateau pour voir les arguments dont dispose la cabine pour nous « vendre » la croisière…



 



La porte coulissante en plexi fumé libère la descente et ses larges marches. Le R10 dispose d’une hauteur sous barrots de 1,89 m, que ce soit dans l’entrée ou la salle d’eau, ce qui le place au-dessus de la moyenne dans cette catégorie. Deux hublots ouvrants Lewmar athermiques (une première sur un RIB) s’ajoutent au capot de pont et à la porte pour assurer une aération efficace et éviter les montées en températures excessives lors des semaines chaudes. La couchette double, qui recouvre de grands rangements, prend ses aises (196 x 185 cm), bordée d’équipets latéraux, et l’ambiance diffusée par l’éclairage indirect met en valeur le gel-coat éclatant et la menuiserie du cabinet de toilette. Celui-ci est très plaisant, ajoutant une douche aux habituels éléments de confort que sont le lavabo et les WC marins électriques. Le meuble, qui supporte la vasque sur son plan de toilette en Corian, comporte une petite poubelle.



 



Le dernier arrêt dans cette visite détaillée est pour le poste de pilotage. Le tableau de bord, bien que compact en raison de la porte de cabine à bâbord, est parfaitement agencé. Il offre une parfaite lecture des instruments que ce soit le compas, bien en face du pilote, les afficheurs analogiques Mercury, le combiné Simrad à écran de10 pouces, le compteur de chaîne ou la VHF fixe Simrad. Les commandes, dont le Joystick Piloting (à gauche), tombent bien sous la main et il est possible d’ajuster sa position de conduite grâce au volant réglable en inclinaison. Souvent oublié, le vide-poches est bien là. Le siège de pilotage biplace comporte des demi-assises relevables individuelles. Si le pilote bénéficie d’un cale-pieds pour barrer assis, le copilote, moins bien loti, n’a ni cale-pied ni poignée pour se tenir ! Autre remarque, l’orifice de remplissage du carburant, placé sous l’assise du copilote, est dépourvue de bac de débordement…



 



En mer



Pour les premiers pas de son dernier né, Luigi Renier, le patron du chantier éponyme, n’a pas jugé bon de présenter le R10 équipé de la puissance maximale. Pour cet essai, et compte tenu de l’identité du bateau – un semi-rigide haut de gamme, dédié aux sorties en famille ou entre amis – nous lui donnons raison. Avec une paire de Mercury de 300 chevaux chacun, notre GPS a accroché 45 nœuds piles, malgré une peinture sous-marine qui grignote environ 3 à 4 nœuds. Belle performance donc compte tenu du gabarit de ce RIB ! Seul bémol : le cabrage au démarrage relativement marqué pour une grosse unité, qui implique d’être vigilant en raison d’une courte perte de visibilité vers l’avant. Pour le reste, tout est facile : la tenue de cap rigoureuse, le passage dans la vague plutôt confortable (houle résiduelle de 50 cm plus nombreux sillages croisés), l’attitude en virages même pris pleins gaz, avec un grip ferme mais qui se veut plus soft, avec une légère glisse en sortie pour ne pas trop centrifuger l’équipage. Sa manœuvrabilité au port est également un point fort. Bien sûr, il y a le joystick qui permet de faire obéir au doigt et à l’œil les gros V8 de 4,6 litres, mais même en jouant des seuls inverseurs (tout le monde n’a pas le joystick !), le R10 se montre docile et évite sur 180° en seulement 30 secondes et sur place, en mettant 1 000 tr/min de marche avant pour 1 300 tr/min de marche arrière.



 



Mais, revenons aux performances et plus particulièrement aux régimes de croisière. A 3 500 tr/min, le R10 qui déjauge à partir de 3 000 tr/min, navigue bien dans ses lignes et avec une belle discrétion sonore. La conso de 63,5 l/h s’assortit d’une vitesse de 24,7 nœuds et d’un rendement de 0,39 m/l pour une autonomie de 220 milles. De quoi voir venir ! Si vous préférez hausser le rythme, à 4 500 tr/min, la vitesse est de 32,3 nœuds et la conso grimpe à 96,8 l/h, mais vous disposez encore de 188 milles d’autonomie. Au regard de la puissance cumulée (600 chevaux), l’efficacité énergétique est au rendez-vous. Reste l’option de la puissance maxi… soit 2 x 400 chevaux ! Selon nous pas forcément une bonne idée, même s’il nous semble que le R10 devrait pouvoir s’en accommoder sans se désunir. La V-max devrait dépasser allègrement les 50 nœuds, mais est-ce bien là la finalité d’un tel semi-rigide ?



photo Renier R10 Cabin Tourer


photo Renier R10 Cabin Tourer


photo Renier R10 Cabin Tourer


photo Renier R10 Cabin Tourer


photo Renier R10 Cabin Tourer


photo Renier R10 Cabin Tourer





Qualité de réalisation        

Comportement      

Performances        

Equipement        

Adéquation programme        

Rapport qualite/prix      

Le comportement marin rassurant
Les performances élevées
Le plan de pont bien étudié
La cabine très agréable
Le grand carré arrière convivial
Le cabrage au déjaugeage
L’absence de mains courantes sur les flancs de console
Qu’il manque un cale-pieds et une poignée pour le copilote
Le nable de carburant sans bac de débordement

Face a la concurrence…

Modéle 34 Premium GranTurismo 10.5 E-motion 32
Marque BWA (Italie) Lomac (Italie) Mar-Co (Italie)
Imporlation Réseau de revendeurs Stélie Nautic + revendeurs Locavalaire (83 – Cavalaire)
Longueur 10,30 x 3,70 m 10,60 x 3,51 m 9,98 x 3,27 m
Nb de personnes 24 20 16
Matériau flotteur CR/CSM CR/CSM CR/CSM
Prix 165 600 € (sans moteur) 207 500 € (sans moteur) 203 400 € (sans moteur)
PERFORMANCES
Vitesse maxi 45,0 nds à 5 800 tr/min
Vitesse de croisière rapide 32,3 nds à 4 500 tr/min
Vitesse de croisière economique 24,7 nds à 3 500 tr/min
Temps de jaugeage 5,2 secondes
Accélération de 0 a 20 nds 5,6 secondes
Vitesse minimale d’hydroplanage 18 nds à 3 000 tr/min
Consommation en usage courant (estimation) 58 l/h
Autonomie en usage courant (estimation) 9 h 45 min
Hélice de l'essai Revolution 4 - 14’’ x 21’’ inox 4 pales