Essai RIO INAGUA S

Haut potentiel de séduction

Son design original, sa finition haut de gamme ont largement de quoi séduire… Reste que ce merveilleux compagnon des sorties en famille ou entre amis, s’apprécie davantage pour son confort et sa tranquille assurance, que pour ses aptitudes sportives. Un choix assumé.

Texte Philippe Leblond – Photos Philippe Leblond et DR


 nc
 10.9 m
 16
 45 nds avec 2 x Mercury 300 ch

Essai paru le 08/03/2024

Fiche technique

Longueur 10,9 m
Largeur 3,7 m
Diam. maxi des flotteurs 68 cm
Nbre de compartiments 6
Puissance maxi 2 x 300 ch (448 kW)
Puissance conseillée par Pneumag 2 x 300 ch
Poids sans moteur 3700 kg
Rapport poids/puissance 6,9 kg/ch (avec les moteurs de l’essai)
Nombre de personnes 16
Couchage 0
Charge utile 0 kg
Matériau flotteurs CR/CSM Orca 1 670 décitex
Capacité carburant 620 l
Catégorie CE B
Constructeur Rio Yachts (Italie)
Importateur Vision Yachting (83 – Saint-Tropez)
Droits annuels sur la coque 342 €
Droits annuels sur le(s) moteur(s) 1 302 €



Qu’il paraît loin le temps où Rio construisait de petits bateaux comme autant de tickets d’entrée dans la plaisance ! Depuis quelques années déjà, le chantier Rio, fondé par les frères Scarani, s’est adjoint le vocable « Yachts », comme pour bien valider son accession à une catégorie plus huppée avec une gamme aujourd’hui dominée par le superbe Sport Coupé 58 (18 mètres). Pour sa part, l’Inagua S, présenté en tant que prototype au Cannes Yachting Festival 2022 puis en première mondiale au même endroit, en septembre dernier, est le premier semi-rigide sorti du chantier de Bergame. Une unité haut de gamme, elle aussi. Rio n’a pas communiqué le prix de l’Inagua S, mais il devrait tourner autour de 300 000 € TTC, sans les moteurs. Suivez-nous pour les présentations…



 



Au ponton



Amarré arrière à quai, l’Inagua impressionne par sa largeur mais aussi par son élégance, la finesse de ses lignes avec, notamment, un léger resserrement de la poupe grâce à des flotteurs de diamètre décroissant. Les deux V8 Mercury 300 de la série FourStroke sont montés sur une chaise qui se prolonge loin vers l’arrière et supporte deux spacieuses plateformes de bain. Celles-ci sont dans le prolongement des deux passages encadrant le solarium. De fait, la surface de celui-ci s’en trouve légèrement réduite mais demeure « confortable » (130 x 180 cm et plus avec l’apport la banquette et de la table en position basse). Le revêtement en Teck-Deck offre un bon antidérapant et se coordonne presque à la couleur de la sellerie. Cette zone arrière comporte bien sûr l’échelle de bain intégrée et la douchette, mais aussi une prise de quai et des taquets rétractables. Nous aurions aussi apprécié la présence d’un ou deux coffrets pour le rangement des amarres ou des accessoires de plongée, permettant de ne pas rapporter dans le cockpit ce matériel « humide »… Pour ce qui est du rangement, bravo pour la volumineuse cale située sous le solarium avec son double fond bien sec. Il est à noter que la table du carré, montée sur pied télescopique à commande électrique, sort du sol pour, au choix, former un complément de solarium (avec la banquette) ou une dînette en forme de U, autour de laquelle cinq ou six convives peuvent pique-niquer dans le confort et la convivialité. Le meuble cuisine qui lui fait face est adossé aux sièges du poste de pilotage. Il peut être équipé d’un évier et d’un grill, tandis que deux frigos sont situés sous l’assise de la banquette arrière. Signalons deux belles mains-courantes sur ce mobilier, comme on en trouve un peu partout sur l’Inagua, Rio n’ayant pas lésiné sur cet accastillage qui sécurise les déplacements sur le pont. Autre élément qui s’intègre bien à la silhouette, le T-top à armature inox laquée de noir, coiffée d’une toile amovible, permettant un entretien facile de cette dernière. A la différence du solarium arrière dont la table peut accroître la surface, le bain de soleil de la proue ne comporte pas d’extension. Il n’en demeure pas moins spacieux (180 x 195 cm) et abrite un énorme volume de rangement. En effectuant une volte-face, on se trouve face à la porte de la console qui ouvre sur un très confortable cabinet de toilette (hauteur 1,90 m) équipé d’un lavabo, d’une douche et d’un WC marin à commande électrique. De nombreux placards sont disponibles pour, par exemple, stocker les draps de bain ou des vêtements chauds pour les sorties par temps frais.



 



Passons derrière le volant… Le poste de pilotage est bien doté de deux beaux sièges avec demi-assise relevable pour faciliter le pilotage debout, mais l’ergonomie est un peu gâchée par le fait que la hauteur du tableau de bord (superbe au demeurant) barre le champ de vision du pilote à moins que ce dernier ne mesure plus d’1,80 m… Rio a prévu le coup avec une petite estrade amovible mais, trop étroite, elle ne permet pas de prendre de bons appuis. Par ailleurs, les commandes sont trop proches du siège et le pare-brise, dès lors qu’on utilise l’estrade, ne protège plus du flux d’air à haute vitesse. En résumé, on est mieux assis, avec le concours du repose-pieds inox. Comme pour s’en excuser, l’Inagua offre l’un des plus beaux tableaux de bord de la planète semi-rigides : superbe volant siglé, grand espace pour intégrer l‘électronique de navigation (ici un Raymarine à écran de 12’’), nombreux instruments, joystick du propulseur d’étrave, VHF fixe Raymarine, compteur de chaîne, compas analogique… Un bémol : l’absence de boîte à gants. Un mot sur la finition en tous points remarquable. Elle justifie en partie le tarif très élevé de cette belle unité qui marque les esprits pour un tout premier semi-rigide sous la marque Rio Yachts.



 



 



En mer



Qu’on se le dise, le grand semi-rigide de Rio ne cherche pas à concurrencer les Lomac Adrenalina, Technohull et autres Ribco sur le terrain de la sportivité… Il se rapproche davantage d’un BWA ou d’un Renier, visant surtout la stabilité de route, le sentiment de sécurité, l’obtention d’allures de croisière agréables pour la navigation en équipage nombreux. Pour autant, n’allez pas penser qu’il se « traîne » puisqu’il accroche pile 45 nœuds au régime maxi de ses deux Mercury 300 ch de la gamme FourStroke, deux V8 atmosphériques de 4,6 litres, à ne pas confondre avec les Verado 300 à compresseur. Là encore, Rio ne cherche pas la surenchère en termes de performance puis qu’il ne propose pas de puissance supérieure, à l’image de ce que l’on trouve chez d’autres semi-rigides de ce gabarit, avec des motorisations plus impressionnantes (jusqu’à 2 x 450 ch pour certains !). Il est important de préciser que l’Inagua S n’a pas vocation à affoler les chronos et sa V-max de 45 nœuds n’a rien de ridicule même s’il elle concède 10 nœuds voire plus à ses concurrents les plus rapides. A ses commandes, on réalise vite qu’on ne va pas rechercher des sensations sportives. Sa carène au comportement sage n’y incite pas. Son équilibre rassurant dans toutes les figures du pilotage, même si le plan d’eau relativement clément (houle résiduelle d’un mètre avec léger vent et petit clapot) n’avait pas valeur de test radical, met immédiatement le barreur en confiance. Autre avantage dans le franchissement des vagues, son poids important (près de 5 tonnes dans les conditions de notre essai), allié évident du confort.



 



L’Inagua s’avère particulièrement agréable aux allures de croisière entre 20 et 35 nœuds, avec un niveau sonore contenu et des rendements moteurs plutôt économiques (entre 0,40 et 0,33 mille par litre). La réserve de carburant de 620 litres autorise de longues navigations, sans avoir à se soucier des points de ravitaillement. En effet, à 3 500 tr/min soit à 20 nœuds, l’autonomie est de l’ordre de 220 milles et elle est encore de 180 milles à 4 500 tr/min soit 35 nœuds. Tranquille ! Autres points positifs, la facilité de l’Inagua à déjauger (3’’7). Il atteint rapidement les 20 nœuds (5’’1) sous la poussée des deux V8 américains, vitesse à laquelle sa carène navigue bien dans ses lignes puisqu’elle plane à partir de 14 nœuds.



 



Stable à toutes les allures (houle de face, d’arrière ou par le travers) l’imposant Rio passe confortablement dans la houle et le petit clapot ainsi que les sillages rencontrés. En virage, il se montre aussi à l’aise, sans toutefois adopter un comportement sportif. Sa carène gîte modérément, avec un bon grip en entrée de virage et une légère glisse de l’arrière lorsqu’on referme la courbe (pas de risque de coup de raquette), sans pour autant que l’hélice n’entre en ventilation. Bref, à défaut de se montrer captivant, le pilotage de ce nouveau fleuron de l’univers semi-rigides s’avère sécurisant et agréable. Ce qui s’accorde bien avec son identité de grand day-boat méditerranéen.



 



photo RIO INAGUA S


photo RIO INAGUA S


photo RIO INAGUA S


photo RIO INAGUA S


photo RIO INAGUA S


photo RIO INAGUA S


photo RIO INAGUA S


photo RIO INAGUA S





Qualité de réalisation        

Comportement      

Performances      

Equipement        

Adéquation programme      

Rapport qualite/prix      

Le design qui allie talent et personnalité
La finition et l’équipement de qualité
La sécurité en navigation
Le cabinet de toilette avec douche
Le pilotage un peu plan-plan
La position de conduite
L’absence de saisines sur les flotteurs

Face a la concurrence…

Modéle Clubman 35 GranTurismo 10.5 Sport 33 GTO
Marque Joker Boat (Italie) Lomac (Italie) BWA (Italie)
Imporlation https://jokerboat.fr/revendeurs/ Stélie Nautic + revendeurs Réseau de revendeurs
Longueur 10,70 x 3,52 m 10,60 x 3,51 m 10,40 x 3,70 m
Nb de personnes 16 20 24
Matériau flotteur CR/CSM CR/CSM CR/CSM
Prix 234 000 € (sans moteur) 207 500 € (sans moteur) 144 000 € (sans moteur)
PERFORMANCES
Vitesse maxi 45,0 nds à 5 600 tr/min
Vitesse de croisière rapide 35,0 nds à 4 500 tr/min
Vitesse de croisière economique 20,3 nds à 3 500 tr/min
Temps de jaugeage 5,1 secondes
Accélération de 0 a 20 nds 3,7 secondes
Vitesse minimale d’hydroplanage 13,7 nds à 2 500 tr/min
Consommation en usage courant (estimation) 58 l/h
Autonomie en usage courant (estimation) 9 h 40 min
Hélice de l'essai Enertia 19’’ inox 3 pales